Après avoir baladé sa tête d’ado décalé dans des films comme Little Miss Sunshine, There will be Blood ou Prisoners, Paul Dano réalise son premier long métrage, l’émouvant Wildlife, une saison ardente. Retour sur son parcours impeccable.
Par Marc Godin
Né à New-York en 1984, Paul Dano baigne très tôt grâce à ses parents dans une belle culture théâtrale et cinématographique. Tout jeune, il commence à jouer et à chanter dans des cours, mais se montre plus passionné par… le basket. Après des débuts à Broadway à 12 ans, il tourne deux ans plus tard un épisode de la série Smart Guy, puis enchaîne les apparitions au cinéma et téléfilms.
Après deux épisodes des Soprano, il incarne en 2005 le voyou qui vient vivre avec sa mère sur l’ancienne commune du personnage de Day-Lewis dans The Ballad of Jack and Rose.
greg kinnear, toni collette, steve carell et paul dano dans little miss sunshine de jonathan dayton et valérie farys – 2006 © twentieth century fox france
Après deux épisodes des Soprano, il incarne en 2005 le voyou qui vient vivre avec sa mère sur l’ancienne commune du personnage de Day-Lewis dans The Ballad of Jack and Rose. « Avant même de le rencontrer, Daniel était un de mes acteurs favoris. Ce fut donc une inexpérience inoubliable de l’avoir comme partenaire. Pour autant, je ne me suis jamais senti intimidé par lui. Je pense que, de manière inconsciente, votre cerveau vous protège d’une telle réaction sans quoi jouer deviendrait impossible. On finit par oublier la personne en face de soi pour ne voir que le personnage qu’il incarne. »
carey mulligan et jake hyllenhall dans wildlife, une saison ardente de paul dano – 2018 © scott garfield
Engagé à la dernière minute dans There will be Blood
Mais c’est avec Little Miss Sunshine, tourné l’année suivante, que Dano se fait repérer du grand public en ado dépressif, au bord de la crise de nerf. En 2007, Dano donne à nouveau la réplique à Daniel Day-Lewis sur l’immense There will be Blood. A l’origine, Dano ne devait jouer qu’un petit rôle. Mais au bout de trois jours de tournage, l’acteur Kel O’Neill (Domino), choisi pour incarner le pasteur Eli Sunday, déclare forfait, incapable de collaborer avec Day-Lewis.
« Daniel Day-Lewis est un partenaire extraordinaire. Sa façon de travailler, son refus des répètes, il faut l’accepter, c’est un plus, c’est un mystère. On peut toujours s’attendre à l’inattendu, avec lui. » Paul Dano
Dano accepte le rôle immense, a quatre jours pour se préparer et affronte la bête lors d’un tournage homérique. « Je peux seulement vous dire que je ne m’attendais pas à être barbouillé de pétrole, ni de boue. Que pendant la scène dans le bowling, à la fin, j’ai eu la trouille pour de vrai, que je ne m’attendais pas à crier comme une fille, et c’est pourtant comme ça que c’est sorti. Daniel est un partenaire extraordinaire. Sa façon de travailler, son refus des répètes, il faut l’accepter, c’est un plus, c’est un mystère. On peut toujours s’attendre à l’inattendu, avec lui. Pour la scène du baptême, à la première prise, je n’étais pas censé coller une baffe à Daniel. Mais c’est parti quand même, je n’ai pas pu me retenir. Daniel a été surpris, mais il a continué la scène, évidemment : il sait prendre la même médecine que celle qu’il dispense… »
paul dano dans there will be blood de paul thomas anderson – 2008 ©Walt Disney Studios Motion Pictures France
Dano derrière la caméra
Depuis, c’est un sans faute et Paul Dano a pointé sa tête juvénile et son air décalé dans des films épatants signés de pointures comme Ang Lee, Spike Jonze, Steve McQueen, Denis Villeneuve, Paolo Sorrentino ou Bong Joon-ho. En couple depuis 2007 avec Zoe Kazan (petite fille du cinéaste Elia Kazan), Paul Dano cherchait depuis des années à passer derrière la caméra. C’est chose faite avec Wildlife : une saison ardente, qu’il a coécrit avec sa compagne.
« J’ai créé le portrait d’une famille, afin d’accepter et de pouvoir enfin lâcher prise… Je ne prétends pas que Wildlife soit parfait, mais le résultat correspond à ce que je désirais faire. » Paul Dano
Il était tombé amoureux du livre de Richard Ford et rêvait d’adapter depuis six ans cette chronique située dans les années 60 où un ado de 14 ans observe le lent naufrage du mariage de ses parents.
« C’est l’histoire d’un enfant qui voit ses parents changer et leur mariage se détériorer. Mais, tout en étant le témoin de leurs échecs, il doit apprendre à grandir. C’est l’histoire d’un passage à l’âge adulte pour les trois membres de cette famille : la mère, le père, le fils. Bien qu’il parle d’affrontement, de chagrin et de désillusion, le film est porté par l’amour. Maintenant que le moment est venu de partager ce film, je constate que, comme le fait Joe, le héros de mon film, j’ai créé le portrait d’une famille, afin d’accepter et de pouvoir enfin lâcher prise… Je ne prétends pas que Wildlife soit parfait, mais le résultat correspond à ce que je désirais faire. »
Depuis, Paul Dano a tourné dans une mini-série de Ben Stiller, Escape at Dannemora, avec Benicio Del Toro et Patricia Arquette, où il incarne un taulard en fuite, et rêve de nouveaux défis. « Je veux m’améliorer et travailler encore et encore. Je me fous de la célébrité, je veux simplement aider la création des films que j’aimerais voir. »