Sa réputation tient en une seule onomatopée : « boum ! ». Jamais un réalisateur n’aura symbolisé autant le clivage entre le grand public et les cinéphiles qui s’auto proclament « puristes », puristes de quoi d’ailleurs ? Il est temps de redonner quelques lettres de noblesse à Michael Bay et d’accepter enfin de lui reconnaitre son talent.
Par Colonel Dawa
Mauvaise réputation
A peine ai-je prononcé son nom que des sourires, et même des rires sarcastiques se propagent autour de moi. Et cela ne concerne que la prononciation, alors si je m’aventure à dire que j’ai aimé un de ces films, oups, gros malaise autour de moi. C’est simple, entre « cinéma de bourrin », « coquille vide » ou encore, « que du marketing », le réalisateur ne bénéficie chez certains, d’aucun talent, même infime.
En France, Michael Bay souffre de la même réputation que Cyril Hanouna, ce qui est très valorisant pour Hanouna. Il faut dire qu’avec ses quatre Transformers, Bay n’a pas contribué à atténuer cette réputation de réalisateur qui ne fait qu’enchainer les explosions et les plans à moins de deux secondes.
L’héritage du grand Hollywood
Mais tout de même, Hollywood ne s’est pas construit que sur des films d’auteurs, le grand Hollywood a bati sa réputation sur des films qu’on n’appelait pas encore à l’époque des « blocbusters », mais qui en avaient quand même la couleur et le goût.
Si l’on prend Ben Hur de William Wyler, ce film de 1959 illustre parfaitement ce que l’industrie du cinéma américain pouvait proposer de plus grandiose et spectaculaire. Certes, il n’y a pas d’explosions mais quand même une bonne dose d’action, de batailles, de virilité jusqu’à la légendaire course de chars. Mais là, bizarrement, on parle de grand spectacle, alors que les ingrédients et la finalité d’un Ben Hur sont exactement les mêmes qu’un Pearl Harbor ou encore d’un Armageddon. Idem pour Cléopatre ou encore Autant en emporte le vent, et que dire du King Kong originel de Ernest B. Schoedsack ou des westerns de John Ford ? Un cinéma populaire de qualité, mais faire du « populaire » aujourd’hui, ça craint !
Tous les ingrédients des films que Michael Bay a réalisé jusqu’ici, sont les mêmes que ceux de l’âge d’or d’Hollywood, seule l’époque a changé.
D’emblée, un divorce avec la critique
Dès le départ, l’histoire d’amour avait mal commencée entre Michael Bay et la critique. D’abord en 1995 avec Bad Boys. Ce film avec Will Smith où l’action se mêlait au social, a malgré son plébiscite du public été dézingué par la critique avec des phrases de haute voltige dans le journal Télérama telles que « ça court, ça saute, et ça explose à la fin ». Non mais LOL quoi, on n’a pas vu le même film mon pote ! Si tu n’as retenu que ça, c’est que tu lorgnais trop sur l’attachée de presse pendant la projection.
Et puis Rock, merde ! mais quel film ! Oui il y a de l’action, oui il y a des explosions, mais il y a surtout de la réalisation, de la tension, et puis il y a Sean Connery, Nicolas Cage, Ed Harris… Idem pour Armageddon en 1998, Bruce Willis au top de sa forme, y sauve le monde dans un délire étourdissant avec une durée moyenne de 1,5 secondes par plan, étourdissant mais prenant et tellement immergeant.
Et puis The Island, son premier film non produit par Jerry Bruckheimer, l’autre mal aimé, mais par… Steven Spielberg. Si la trame n’est pas d’une originalité folle, cette histoire de clonage humain avec Ewan McGregor et Scarlett Johannson fait mouche de la première à la dernière seconde.
Et puis No pain no gain qui en a déboussolé plus d’un. Ce « petit » film avec son « petit » budget est un festival d’humour et de second degré, mais même là on a pu lire dans Positif : « Le monde du bodybuilding convient parfaitement au style de Bay qui peut joyeusement barbouiller l’écran, saturer les amplis et monter deux heures de cinéma comme une bande-annonce. », ah OK, ben la prochaine fois, paye ta place et peut-être que ta lecture sera différente !
Présumé coupable
Avant même l’annonce d’un de ces films, Michael Bay est présumé coupable. Mais coupable de quoi, qu’a-t-il fait ? Il a une affaire d’harcèlement sexuel au cul ? Je ne crois pas. Il a buté quelqu’un ? Je ne crois pas. Il a massacré un classique ? ça se saurait… Alors oui, j’attends avec impatience Robopocalypse. Cette adaptation du roman de sf de Daniel H. Wilson qui raconte l’histoire d’un robot doué d’une intelligence artificielle, devrait peut-être enfin réconcilier Bay avec la critique, après des années d’Autobots.
J’adore le cinéma d’auteur, j’adore le cinéma d’action, j’adore le cinéma tout simplement, mais blasphème, j’adore Michael Bay et je vous emmerde !