French Touch : Hollywood au tempo d’Alexandre Desplat

En s’attelant à la fin des années 1980, à la bande originale de la série animée Pif et Hercule, le compositeur français était loin de s’imaginer que 15 ans plus tard, il serait courtisé par le gratin international du cinéma. Un Oscar et deux Golden Globes plus tard, portrait d’un français à Hollywood.

Par Alexandre Poncet

Alexandre Desplat vient de fêter son deuxième Golden Globe avec la musique de La Forme de l’Eau de Guillermo del Toro.

Dès ses débuts en France, Desplat refuse de s’enfermer pas dans un genre et tente de transcender par une écriture déjà très mature des projets aussi divers que Le Tronc de Karl Zero ou Passage à l’acte de Francis Girod. Au rythme d’accords de pianos éthérés et de doucereuses nappes de cordes, 

c’est surtout chez Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber) qu’il révèle sa personnalité et son style, avant de démontrer auprès de Florent Emilio Siri (Nids de Guêpes) ses capacités dans le registre du thriller et de l’action.

Remarqué par l’anglais Peter Webber, il signe en 2003 la partition de La Jeune Fille à la perle, un joyau symphonique aussi riche en leitmotivs qu’en expérimentations orchestrales, qui va lui ouvrir les portes du cinéma anglosaxon. L’année suivante, Birth de Jonathan Glazer l’impose comme l’héritier direct de Philip Glass. Si Desplat continue de répondre aux appels de ses anciens compagnons de route (Audiard et Siri avec De battre mon cœur s’est arrêté et Otage), il devient dès lors impossible pour lui de tourner le dos aux sirènes hollywoodiennes.

Si l’on excepte quelques fautes de goût excusables (Firewall : on ne refuse pas de travailler pour Harrison Ford), le compositeur sélectionne ses projets avec soin, voguant de Syriana à The Queen, 
de Fantastic Mr Fox au Discours d’un Roi, du Dernier Harry Potter (sans doute le meilleur score de la série après 
les trois signés John Williams) à Argo de Ben Affleck.

Lauréat 
de deux Césars, de deux Golden Globes et d’un BAFTA Award entre autres récompenses, Desplat a peiné avant de franchir la scène des Oscars, et ce malgré 
trois nominations. 
Deux compositions auraient sans doute légitimé la fameuse statuette : L’Etrange Histoire de Benjamin Button pour David Fincher d’une part et The Tree of Life pour Terrence Malick d’autre part, ce dernier constituant 
de son propre aveu l’expérience la plus complexe et exigeante de toute sa carrière.

En 2015, il remporta enfin l’Oscar de la meilleure bande originale pour The Grand Budapest Hôtel de Wes Anderson.

CE N’EST QU’UN DEBUT

Suivant l’exemple de Maurice Jarre, précédent grand compositeur francophone du cinéma américain, Alexandre Desplat ne semble pas encore prêt à lever le pied

En 2012, il signe la bande originale des Cinq Légendes, film d’animation ambitieux produit par Guillermo Del Toro. Il a ensuite enregistré la partition de Zero Dark Thirty, le long-métrage de Kathryn Bigelow (Aux frontières de l’aube, Démineurs) consacré à la traque et l’exécution d’Oussama Ben Laden par la Navy SEAL Team 6. En 2013, Desplat a joué de sa double nationalité professionnelle en illustrant l’hybride Zoulou (superproduction française tournée en anglais et destinée notamment au marché américain), remake d’un chef-d’œuvre de Cy Endfield ayant marqué à vie des cinéastes comme John Carpenter et John McTiernan. Pour l’occasion, le musicien a retrouvé le réalisateur Jérôme Salle, avec lequel il avait déjà collaboré sur les deux Largo Winch. Preuve que l’on peut avoir un succès international et rester fidèle en affaires.

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