Le Top Ten 2018 de Sylvain Monier

Le Mexique des années 70, une patineuse jalouse, un amour impossible ou encore une violente plongée dans la guerre des cartels, 2018 aura été une année cinéma diversifiée et exaltante.

Par Sylvain Monier

01 – Le Poirier sauvage 

De Nuri Bilge Ceylan

Images superbes, dialogues très littéraires, le portrait d’un jeune adulte arrogant qui vient de terminer la fac et qui se rêve écrivain. Entre peinture sociale et fresque familiale, un film sur les illusions perdues. Quand on réalise qu’on ressemble fatalement à son papa pathétique que l’on méprisait doucement. Très, très fort.

02 – Roma

De Alfonso Cuarón

Evocation de l’enfance du cinéaste à travers le quotidien sa nounou. Mexico 1971, retranscrit au détail près dans ce film à la mise en scène et à la photographie somptueuse. Cuarón part à la recherche de ses souvenirs et rend hommage à la femme qui l’a élevé en se levant longtemps de bonne heure pour lui et sa famille. Scotchant.

A lire : notre critique de Roma ici

03 – Les Chatouilles 

De Andréa Bescond et Eric Métayer

Sur un sujet pas évident à traiter (la pédocriminalité), Les Chatouilles s’en sort haut la main grâce à une réalisation inventive qui alterne danse, réalité fantasmée, enfance, vie d’adulte et confession brute tout en évitant les maladresses. A l’arrivée, une œuvre lumineuse sur le courage et la reconstruction.

04 – Nos batailles

De Guillaume Senez

Un contremaître d’un entrepôt de vente en ligne se retrouve abandonné par sa femme et seul avec les enfants. Derrière la chronique familiale façon Kramer contre Kramer vu mille fois, Senez ausculte les affres de la France périphérique et annonce, deux mois avant, le mouvement des gilets jaunes. Actuel et visionnaire.

05 – Sicilian Ghost Story

De Fabio Grassadonia et Antonio Piazza

Ça part d’un fait divers sordide qui défraya la chronique en Sicile au début des années 90 : le kidnapping d’enfant de mafieux. Puis ça vire en histoire d’amour adolescent d’une pureté absolue. Comme le refus d’une réalité hautement abjecte. Beau et triste à la fois.

06 – Moi, Tonya 

De Craig Gillespie

Margot Robbie dans la peau de Tony Harding « la méchante » face à « la petite fiancée de l’Amérique » Nancy Kerrigan. Une drôle de plongée dans les milieux white trash de l’Oregon autour d’un personnage attachant véritable réceptacle des divisions entre classes sociales. Les scènes de patinage sont époustouflantes.

07 – Under The Silver Lake

De David Robert Mitchell

Une enquête à L.A. prétexte à de gros délires autour de la théorie du complot, de l’importance suspecte que prend la pop culture, sur une génération désœuvrée condamnée à louer son corps sa vie (?) à de vieux ou vieilles riches – en tout cas propriétaires. Pynchon et Lynch ne sont jamais loin.

08 – Cold War

De Pawel Pawilowski

L’histoire d’un amour fou rendu impossible par le rideau de fer et le poids du régime stalinien. Dans un noir et blanc classieux façon Hartcourt (Cold War n’usurpe pas son prix de la mise en scène à Cannes), le film est littéralement porté par la comédienne Joanna Kulig, en diva polonaise qui s’enivre avec élégance.

09 – Sicario, la guerre des cartels

De Stefano Sollima

Moins verbeux et « atmosphérique » que le premier volet, ce Sicario entre d’entrée de jeu dans le vif du sujet pour ne plus vous lâcher. Bourrin mais réjouissant.

A lire : notre critique de Sicario, la guerre des cartels ici

10 – Silvio et les autres

De Paolo Sorrentino

Sorrentino explore à nouveau une thématique qui l’obsède : la vieillesse et s’offre un Satrycon (sorte de) en s’attardant sur le personnage de Silvio Berlusconi. Avec un Servillo qui illumine l’écran dès sa première apparition.

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