2010-2019 : dix films, un monde !

Dix années de cinéma, quelques plans iconiques qui écorchent la rétine, des répliques qui claquent, des acteurs qui subliment l’émotion : 10 films pour synthétiser une époque.

Par Marc Godin

01 – MAD MAX : FURY ROAD

Science-fiction australo-américaine de George Miller avec Tom Hardy et Charlize Theron – 2015
And the winner is… George Miller.
Plus de 30 ans après l’arrêt de la saga Mad Max, l’Australien de 70 balais fait un monstrueux come-back. Il filme des lignes de fuite vers l’horizon, tourne en live les meilleures séquences d’action de la décennie, livre un scénario mythologique, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, et met la misère à la concurrence. Il retrouve la pureté du cinéma muet (et se savoure également en noir et blanc), nous reconnecte aux sensations primitives des origines du 7e art et annonce le cinéma de demain.
Le trip de la décennie.

02 – THE TREE OF LIFE

Drame fantastique américain de Terence Malick avec Brad Pitt et Jessica Chastain – 2011

UNE VIE CACHEE

Biopic américano-allemand de Terence Malick avec August Dielh et Valerie Pachner – 2019
Beauté tellurique, refus de la narration classique et des dialogues, musique classique, voix off, Terrence Malick compose des symphonies de beauté et d’émotion, de grands films lumineux qui réinventent à chaque fois le cinéma. Avec Tree of Life et Une vie cachée, Terrence Malick te met à genoux avant de te faire toucher le ciel.
Avec dans Tree of Life, une des plus belles répliques de l’histoire du cinéma : « Unless you love, your life will flash by ».

A lire aussi : notre chronique sur Une Vie Cachée

03 – UNDER THE SKIN

Science-fiction américano-suisse de Jonathan Glazer avec Scarlett Johansson et Jeremy– 2014
Tombée du ciel, une E.T. sexy séduit des hommes avant de les faire disparaître. Du fin fond des étoiles à l’origine du monde : une expérience de cinéma radicale du Britannique Jonathan Glazer, avec une sublime Scarlett Johansson, une des actrices de la décennie, également formidable dans Her (où elle n’apparaît pas) ou plus récemment Marriage Story.

04 – CARTEL

Drame hispano-britannique Ridley Scott avec Michael Fassbender et Penélope Cruz – 2013
Entre le Mexique et le Texas, un avocat se lance dans le trafic de drogue. Bientôt, une cargaison est volée et l’enfer se déchaîne. Ridley Scott met en image un scénario original de Cormac McCarthy, l’auteur de No Country for old Men, et calligraphie un thriller vertigineux et obsédant, interprété par une pléiade de stars.
Un diamant noir, à savourer en version longue.

05 – PHANTOM THREAD

Drame américain Paul Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis et Vicky Krieps – 2018
Dans les années 50, une histoire d’amour toxique entre un couturier cruel et sa muse. Paul Thomas Anderson au sommet de son art. Le mot chef-d’œuvre paraît bien réducteur pour qualifier Phantom Thread. D’ailleurs, les mots semblent bien fades pour révéler les beautés, cachées ou pas, de ce film.
Déjà un classique.

A lire aussi : notre chronique sur Phantom Thread

06 – LE FILS DE SAUL

Drame hongrois de Laslo Nemes avec Géza Rohnig et Sandor Zsotér – 2015
Pour son premier film, le jeune réalisateur hongrois Lázló Nemes s’attaque à un tabou cinématographique, la représentation de l’enfer concentrationnaire. Chaque plan est millimétré, la caméra reste au côté du héros qui traverse l’horreur (et qui reste flou) et Nemes parvient à ciseler un véritable thriller concentrationnaire. Etouffant et époustouflant, tout comme le second film de Nemes, Sunset.

07 – UN JOUR DANS LA VIE DE BILLY LYNN

Guerre américain d’Ang Lee avec Joe Alwyn et Kristen Stewart – 2017
Rentré triomphalement d’Irak, un groupe de jeunes soldats est utilisé pour redorer le blason de l’armée US. Signé Ang Lee, un bijou d’émotion, dans une Amérique transformée en un Barnum gangréné par la propagande et la déréalisation du monde.
L’envers de la bannière étoilée, l’enfer du rêve américain.
Sans oublier la sublime réplique de Vin Diesel, balancée avec le sourire doux de Bouddha : « Si une balle doit te tuer, elle est déjà partie. » 

08 – AMERICAN HONEY

Comédie dramatique anglo-américaine deAndrea Arnold avec Sasha Lane et Shia Labeouf – 2017
Un road movie à la beauté sidérante à travers le Midwest américain. La Britannique Andrea Arnold filme des sensations, l’impermanence, et parvient à fixer sur film l’esprit d’une jeunesse en quête d’absolu.
Un miracle.

09 – La GRANDE BELLAZA

Comédie dramatique franco-italienne de Paolo Sorrentino avec Tony Servillo et Carlo Verdone – 2013
« Voilà ma vie, c’est le néant. » A Rome, un mondain désabusé tente de se réconcilier avec son passé et avec lui-même. Grandiose, envoûtante, mélancolique : une déclaration d’amour à la ville et à la vie par Paolo Sorrentino. Un voyage au bout de la nuit et de la beauté, une odyssée proustienne vers le paradis, un film qui vous prend par la main, vous fait pleurer, vous réconforte et qui vous susurre, comme l’éditrice du héros, « Comment est le minestrone, Geppino ? »

A lire aussi : notre entretien avec Toni Servillo

10 – Cogan, Killing them softly

Policier américain d’Andrew Dominik avec Brad Pitt et Scott McNairy – 2011
Alors oui, j’aurais aimé ajouter à cette liste Holy Motors, L’inconnu du lac, J’ai rencontré le diable, Her, un James Gray ou un Lars von Trier. Mais je choisi ce Cogan, avec Brad Pitt, hitman consciencieux qui débarque en ville pour dessouder deux débiles qui ont braqué la mafia. Faux polar mais vrai réquisitoire contre le capitalisme, un film sur le mensonge du mythe américain, avec des galériens obnubilés par le sexe et le pognon. Un immense film politique signé Andrew Dominik.

A lire aussi : notre chronique sur Cogan, Killing Them Softly

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