Par Denis Brusseaux
Tout le monde pensait que Water Hill, l’un des meilleurs cinéastes issus de la contre-culture des années 70, coulait une retraite paisible. Mais voici qu’en 2013, il avait voulu revenir avec… Du Plomb dans la tête ! Etait-ce bien sérieux ?
Un spécialiste du polar
Dans les années 70, Walter Hill débuta comme scénariste virtuose, avant de passer à la réalisation. A l’époque, ils se spécialisa dans l’adaptation de polars sur papier, en conservant à l’écran la sécheresse, la densité, des écrivains de romans de gare de l’époque.
Ainsi avec Le Guet-Apens (The Getaway, 1972) Walter Hill conserve les deux-tiers du roman de Jim Thompson. Ce film-culte de Peckinpah fera d’ailleurs de fréquents retour dans les propres films de Hill, qui recyclera aussi bien la scène de la gare (The Driver), l’ambiance mexicaine de la fin (Extrême préjudice) et le style des scènes d’action (Les Guerriers de la nuit, 48 heures).
Autres adaptations, de moindre importance : Le voleur qui vient dîner (Bud Yorkin, 1973, d’après Terrence Lore Smith), Le Piège (John Huston, 1973, d’après Desmond Bagley) ou encore La Toile d’araignée (Stuart Rosenberg, 1975, d’après Tracy Keenan Wynn)
« Quand j’entends le nom de Walter Hill, je sors mon revolver ! » Telle pourrait être la profession de foi de tous les cinéphiles des années 70-80 qui ont vibré au rythme des chevauchées, fusillades et bagarres orchestrées par le dernier vrai cowboy d’Hollywood. Barbu, portant jean et stetson, Walter Hill n’a réalisé que peu d’authentiques westerns (Le gang des frères James, Géronimo, Wild Bill), mais a mis à toutes les sauces les codes de ce genre américain par excellence.
Ainsi, le héros solitaire et mutique est une des figures imposées de son cinéma (Le Bagarreur, Driver, Les Rues de Feu), de même que celle du justicier inflexible, souvent incarné par Nick Nolte (48 heures, Extrême préjudice), ou encore l’affrontement de groupes rivaux (Les guerriers de la nuit, Sans Retour, Les pilleurs, Dernier Recours).
Papy fait de la résistance
Bref, du bonheur en barre jusqu’au milieu des années 90, où le père Hill commence à avoir du mou dans la gâchette et s’oriente tranquillement vers la télévision, pour quelques productions luxueuses (la mini-série Broken Trail, en 2006).
La semi-retraite de l’ex-scénariste de Sam Peckinpah, pour qui il signa Le Guet-apens en 1972, est d’autant plus logique que les valeurs viriles, voire réactionnaires, de son cinéma feraient tâches dans le paysage hollywoodien actuel, trop ripoliné pour lui.
Difficile d’imaginer un come-back de Walter Hill et pourtant, Du plomb dans la tête signait non seulement son retour, mais aussi un farouche refus de changer. C’est bien simple, entre son scénario (un buddy movie comme on n’en fait plus, qui réunit un tueur à gages et un flic) et Stallone en tête d’affiche, tatoué de partout, le projet aurait fait fureur en 1985.
Qu’en sera-t-il pour l’avenir ? On peut faire confiance à Walter Hill pour refuser les clins d’œil parodiques d’un Expendables pour rester sérieux comme un pape. Mais y a-t-il encore de la place pour des séries B pur jus, taillées à la serpe, sans afféterie ni prétention ?
Sincèrement on l’espère, même si la présence de Walter Hill au calendrier des sorties de la rubrique « Mind » de SEE résonne comme le chant du cygne d’une époque.