Par Colonel Dawa
La France est un pays qui aime rire au cinéma, les plus gros cartons du box-office hexagonal sont des comédies. Oui mais voilà, pour obtenir un prix, pour passer à la postérité, pour devenir un grand acteur, il faut absolument que ce dernier nous fasse chialer.
Pourtant, il semble bien plus compliqué de faire rire que d’émouvoir aux larmes. Pour faire pleurer, les ressorts ne sont pas légions : la mort, l’amour, la séparation, le handicap ou la maladie, chaque exploitation plus ou moins bien réalisée d’un de ces thèmes pourra humidifier nos yeux et nos joues. Pourquoi ? Parce qu’ils sont fédérateurs. Il est plus facile de s’identifier à une histoire d’amour qu’a une chute dans les escaliers se terminant par un seau d’eau sur la tronche.
Dur de faire rire
Faire rire, c’est autre chose, c’est plus complexe, plus dur, ça va chercher d’autres trucs et pourtant, c’est pas sérieux, ou plutôt, c’est pas crédible. Est-ce notre morale judéo-chrétienne qui crée cette culpabilité à être « drôle » ? Toujours est-il que de ce côté de l’Atlantique, être un « comique » résonne comme être un baltringue.
La tristesse semble être un sentiment plus noble, plus vrai.
Excepté de Funès qui nous faisait aussi pleurer, mais de rire, Bourvil, Coluche, Auteuil et j’en passe, ont tous creusé leur sillon dans la détente des zygomatiques de leurs spectateurs avant de leur tirer quelques larmes. Ils sont alors passés de baltringues à acteurs intenses et géniaux.
En 2014, notre complexé se nommait jean Dujardin.
Le film La French de Cédric Jimenez est l’exemple de plus qui confirme la quête de l’acteur. Mais voilà, ça ne marche pas, ça tombe à côté, ses sourcils, sa voix, son regard, autant de choses qui le trahissent. Dans ce film, Dujardin n’arrive pas à être le juge Michel, il est Brice de Nice, OSS 117 ou encore Chouchou d’Un gars, une fille, mais pas le juge Michel. D’ailleurs, il excelle dans les rares moments humoristiques du film.
Essaye encore !
Pourtant, il essaye, il n’en est pas à son coup d’essai, il y a eu Contre-enquête en 2006, Le Bruit des glaçons en 2009, Möbius en 2013… Autant de tentatives d’accéder enfin à la marche ultime, celle du grand acteur, celui que tout le monde vénère parce qu’il émeut les foules. Mais justement, les foules ne sont pas allées voir ces films.
Jean Dujardin possède pourtant un univers comique bien à lui, entièrement lié à sa personnalité. Il pourrait probablement se construire une grande carrière et devenir le premier primé pour… une comédie.
Aux dernières nouvelles, après avoir joué pour Claude lelouch, fait son “Bébel” dans Le retour du héros, il endosserait une troisième fois le costume d’Hubert Bonnisseur de la Bath alias OSS 117. Je me réjouis à l’avance de cette nouvelle aventure d’espionnage exotique et forcément drôle.
Peut-être qu’avec l’âge et l’expérience, Chouchou va se décomplexer et comprendre qu’être un comique, c’est du sérieux.