12 films : 12 tournages maudits

Il y a des tournages sur lesquels, le « mauvais » sort s’acharne : des morts, des incendies de décors, des malédictions, des infarctus, des burn-out… les déboires s’enchaînent. Voici douze films qui se seraient bien passés de leurs galères.

Par Tramber

Le monde du cinéma n’est pas toujours idyllique, et il y a certains films dont les tournages ont été plus difficiles à vivre que d’autres pour les équipes, que ce soit du côté des techniciens que celui des comédiens.

Certains sont entrés dans la légende, et d’autres ne sont tout simplement pas sortis en salles, voici douze films dont les tournages, ont parfois pris le dessus sur les scénarios, et qui ont parfois également, pris un peu trop le scénario « catastrophe » au pied de la lettre.

1956 – Le Conquérant

De Dick Powell avec John Wayne et Susan Hayward

Ce film d’aventure produit par Howard « The Aviator » Hugues, dans lequel John Wayne, roi du western, tenait là le rôle de Gengis Khan, fut à l’arrivée, un désastre artistique et commercial.

Mais le véritable drame autour du tournage du long-métrage, se fera sentir des années plus tard avec la mort des suites de cancers de 46 personnes de la production, dont John Wayne, du fait que toutes les scènes en extérieur, ont été tournées près de Yucca Fiat, terrain des essais nucléaires en plein air de l’armée américaine.

1963 – Cléopâtre

De Joseph Mankiewicz avec Elizabeth Taylor et Richard Burton

Grosse production de la 20th Century Fox, les problèmes commencent par le producteur Walter Wangler, qui va exiger Elizabeth Taylor pour le rôle de Cléopâtre, la reine d’Egypte. Cette dernière va tellement prendre la grosse tête, qu’elle va demander un cachet d’un million de dollars, une somme colossale pour l’époque.

Puis, les J.O. de Rome vont rendre le tournage impossible en Italie et l’équipe décidera de partir en Angleterre, c’est-à-dire à des années lumières de l’ambiance « péplum ».

En Angleterre, le climat est si peu clément que les acteurs font de la buée quand ils parlent, et Elizabeth Taylor va enchaîner une méningite puis une pneumonie. Le tournage étant à l’arrêt et le réalisateur Rouben Mamoulian va claquer la porte.

Joseph Mankiewick va le remplacer et embaucher Richard Burton. Taylor et ce dernier vont, tomber fous amoureux, et Mankiewck va se trouver obligé de tourner le jour et d’écrire la nuit.

Le tournage durera deux années et entrainera la démission de Charles Skouras, le président de la Fox, après avoir perdu 40 millions de dollars.

1964 – L’enfer

De Henri-George Clouzot avec Romy Schneider et Serge Reggiani

Le tournage de L’Enfer fut tellement difficile que le film est resté inachevé.

Dans son délire total, et de mégalomanie, et de perfectionnisme, Henri-George Clouzot va embaucher une équipe technique de 150 personnes, et faire travailler en parallèle, deux groupes au rythme de seize heures par jour.

Le cinéaste est tellement impliqué qu’il va en perdre le sommeil, et il va réécrire le scénario sans cesse toutes les nuits. Là-dessus, se rajoute un joli burn-out de Serge Reggiani. Le tournage prendra fin après que Clouzot, tellement stressé, fasse un infarctus.

Le scénario sera repris et adapté par Claude Chabrol en 1994, et en 2009, un sublime documentaire de Serge Bromberg, baptisé tout simplement L’Enfer, retranscrira le tournage de ce film qui à l’arrivée, portera bien son titre.

1973 – L’exorciste

De William Friedkin avec Linda Blair et Jason Miller

L’exorciste a terrifié plusieurs générations de spectateurs, et à l’instar de la trilogie Poltergeist, le tournage fut quelque peu morbide car il ne verra pas moins de neuf personnes mourir, dont notamment le comédien Jack MacGowran, vu dans Le Bal des Vampires et du fils de Jason Miller, percuté par une moto.

Le tournage, qui débuta en août 1972, fut retardé une première fois suite à cette hécatombe, pour reprendre et être à nouveau suspendu à cause d’un incendie sur le plateau, pour finalement se terminer quasiment un an plus tard

1977 – La Malédiction

De Richard Donner avec Gregory Peck et Lee Remick

Jamais un tournage n’aura mieux respecté le titre de son film.

Pour commencer, les avions respectifs de Gregory Peck et de Mace Neufeld le producteur, furent tous les deux frappés par la foudre, alors qu’ils se rendaient à Londres pour le tournage.

Alors qu’à l’époque l’IRA enchaînait les attentats, une bombe explosa le 12 novembre 1975 dans le restaurant où se trouvait l’équipe du film.

Ensuite, c’est l’avion qui devait transporter une équipe pour filmer Londres vu du ciel, qui a finalement été affecté à un autre client, et… s’est écrasé après avoir percuté un vol d’oiseaux.

Pour une scène non retenue au montage, et qui devait se dérouler dans une réserve africaine, l’équipe tourna dans un des enclos à félins du Windsor Safari Park. Après le départ du tournage de tournage, un tigre a attaqué et tué l’un des gardiens du parc.

Et pour finir, cerise sur le gâteau, peu après la sortie du film, John Richardson, qui avait supervisé la scène de la décapitation de Jennings dans le film, a été victime d’un accident de la route aux Pays-Bas. Il en réchappa, mais Liz Moore, son assistante et compagne qui se trouvait à ses côtés, fut… décapitée.

1979 – Apocalypse Now

De Francis Ford Coppola avec Martin Sheen et Frederic Forrest

Chef-d’œuvre absolu de Coppola, et œuvre bien plus personnelle que la trilogie du Parrain, Apocalypse Now a subi un tournage pour le moins épique.

D’abord, le réalisateur essuya le refus de Steve McQueen, puis ce fut Harvey Keitel qui déclinera, pour que finalement Martin Sheen tienne le rôle du jeune capitaine Willard. Mais ce dernier va être victime d’une attaque cardiaque en plein tournage.

De son côté, Marlon Brando, alors en pleine crise existentielle, refuse de débuter le tournage, n’étant pas persuadé par son personnage du Colonel Kurtz, et réécrit sans cesse les scènes qu’il doit jouer.

Coppola, au bord de la crise de nerfs, perd énormément de poids et menace carrément de se suicider.

C’est lors d’un essai d’éclairage auquel se prête Marlon Brando avec le directeur photo Vittorio Storaro, qu’un spot éclate, le comédien va se retrouver dans un clair-obscur imprévu, l’image va lui plaire, tout le film il sera éclairé de cette manière. La légende s’inscrira dans le temps.

1982 – 1986 – 1988 – La trilogie Poltergeist

De Tobe Hopper avec JoBeth Williams et Heather O’Rourke

Steven Spielberg, qui devait initialement être attaché à la réalisation, sera finalement producteur de la trilogie, et pour rappeler à ceux qui l’ignorent encore, la narration de cette dernière fait référence à des esprits pas super sympathiques.

Poltergeist est une trilogie qui est marquée par une malédiction, car chaque tournage a vécu son lot de catastrophes.

Tout d’abord, le 27 septembre 1982, l’actrice Dominique Dunne, qui incarne Dana, l’aînée de la famille Freeling, est sauvagement assassinée par son petit-ami. Elle n’a alors que 22 ans. Ok.

Après cet épisode tragique, Poltergeist 2 est tout de même mis en chantier. Suite à des évènements troublants sur le lieu de tournage, la production fait pratiquer un exorcisme pour purifier les décors. Mais Will Sampson, qui incarne le personnage de Taylor, décède brutalement après le tournage. Et ce sera au tour d’un autre acteur Julian Beck, d’y passer.

Et c’est pas fini !

En février 1988, la jeune comédienne Heather O’Rourke, qui incarne la petite Carol Anne Freeling, tombe gravement malade après le tournage de Poltergeist 2. Elle est atteinte de la maladie de Crohn et décèdera durant le tournage de Poltergeist 3 des suites d’un choc septique. Elle avait tout juste 12 ans. Cette tragédie signera la fin des séries du film.

1994 – The Crow, d’Alex Proyas (1994)

D’Alex Proyas avec Brandon Lee

Au cœur des années 90, le réalisateur australo-égyptien Alex Proyas, qui plus tard, réalisera I-Robot avec Will Smith, se lance dans l’adaptation au cinéma du Comic de James O’barr The Crown, publié en 1989.

Mais l’histoire du livre va rattraper celle du film de manière dramatique.

La narration suit Eric Draven un jeune amoureux assassiné qui revient d’entre les morts pour venger sa petite amie violée et tuée.

Draven, dont le rôle avait d’abord été proposé à River Phoenix, puis à Christian Slater, est finalement incarné par Brandon Lee, le fils de Bruce.

Dans la nuit du 31 mars 1993, Brandon Lee doit jouer une scène dans laquelle il meurt. L’acteur Michael Massee lui tire dessus avec des balles à blanc, Lee s’écroule, Proyas crie « coupez », Lee ne se relèvera jamais. L’enquête révèlera qu’une vraie balle était restée dans le barillet, suite à une utilisation antérieure.

Evidemment, les complotistes de tous bords, et surtout de la famille Lee, s’acharneront sur l’histoire.

1995 – Waterworld

De Kevin Reynolds avec Kevin Costner et Jeanne Tripplehorn

En 1995, après des hits comme Sens Unique, Danse avec les Loups, Robin des Bois et Bodyguard, Kevin Costner est probablement une des stars les plus bankables du moment.

C’est donc sur son nom que Kevin Reynolds, auteur de Robin des Bois, va tourner, pour un budget de 175 millions de dollars, son Mad Max aquatique, qui se déroulera dans un futur lointain, dans lequel, suite à la fonte des glaces à cause du réchauffement climatique, la Terre est entièrement sous l’eau.

Seulement voilà, malgré un budget confortable, qui va même monter à 200 millions, ce qui est dingue pour l’époque, le tournage cumulera les ennuis, avec un décor plusieurs fois dévasté par des tempêtes, des divergences artistiques entre les deux Kevin, le tout cumulé par un Kevin Costner souffrant du mal de… mer.

A sa sortie en salles, le film sera moyennement accueilli, et par la critique, et par le public, mais rentrera toutefois dans ses frais.

2000 – L’homme qui tua Don Quichotte

De Terry Gillian Jonathan Pryce et Adam Driver

Le projet d’adapter Don Quichotte de Cervantès est dans la tête de Terry Gillian, l’ex-Monty Python devenu réalisateur virtuose d’entre autres Brazil et L’Armée des 12 singes, depuis 1990.

Il va mettre un certain temps à écrire une première mouture avec Charles McKeon, son complice des Monty et co-scénariste de Brazil, et à la fin des années 90, Gillian va débuter son tournage avec 40 millions de dollars, avec Jean Rochefort et Johnny Depp dans les rôles principaux.

C’est malheureusement à cet instant, en 1999, que le début des ennuis commence. D’abord Rochefort est perturbé par une infection de la prostate, puis c’est le bruit des avions de la base militaire du nord de Madrid qui empêche la prise de son directe, le tout suivi de pluies torrentielles qui emportent une partie des décors et du matériel, et deux jours plus tard, Rochefort, terrassé par un mal de dos, consulte un médecin, qui lui annonce une hernie discale qui l’empêchera de monter à cheval jusqu’à la fin de ses jours.

Terry Gillian essayera en 2008 de monter son film avec Robert Duvall et Ewan McGregor, puis en 2011 avec Duvall et Owen Wilson, puis en 2014 avec John Hurt et Jack O’Connell, en 2016 avec Michael Palin et Adam Driver, pour finalement sortir son long-métrage en 2018 avec Jonathan Pryce et Driver, après une âpre bataille juridique avec le producteur Paulo Branco.

Le résultat est tout juste regardable.

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