Christa Théret « Je me verrais bien sur une créature bleue, un sabre à la main, aller combattre dans un autre monde »

En décembre 2012, l’adolescente de LOL avait déjà fait place à une jeune actrice aussi talentueuse que resplendissante. Qu’elle interprète une aveugle dans L’homme qui rit, ou un modèle face à son peintre dans Renoir Christa Theret s’imposait délicatement. Rare.

Propos recueillis par Mathias Lebœuf

Christa, c’est toi qui ouvre l’interview : hors promo, de quoi as-tu envie de parler ?
Dernièrement, la violence qui a pu être déployée contre le mariage homosexuel ou contre les Femen m’a particulièrement frappée. J’ai trouvé assez choquant de voir ces types qui frappaient ces femmes à coté de curés ou tout ces gens qui brandissaient des panneaux « non à l’homofolie ». On n’aurait jamais toléré ça s’il avait été écrit « non aux Chinois » ! Que les gens manifestent contre le mariage homo c’est un droit que je respecte, mais pas comme ça ! Et le rapprochement avec le destin de l’humanité ou de la famille qui serait mis en péril, je trouve ça sidérant.

Dans la vie tu es plutôt grande gueule ou timide ?
Plutôt grande gueule ! Je m’intéresse assez à l’actualité même si je ne m’informe pas comme on devrait le faire tous. Quand je connais un minimum un sujet, je peux vraiment défendre ma position. En général si j’ai une idée sur quelque chose j’ai plutôt tendance à la faire connaître.

Si tu n’avais pas été actrice, qu’aurais-tu fait ?
Je pense que j’aurais dessiné. Mon père était artiste peintre, il m’a transmis ce goût. Et ma mère était modèle. Ils se sont rencontrés comme ça !

Ce background familial t’a aidée à nourrir le personnage d’Andrée dans Renoir ?
Oui forcément ! Connaître la relation entre le peintre et son modèle m’a permis d’être immédiatement à l’aise avec la nudité qu’imposait le rôle. Sinon j’aurais pu me poser de mauvaises questions. Mon père était un peintre figuratif et ses modèles, hommes ou femmes, étaient comme ses muses. Avoir un modèle qui l’émeuve, était très important pour lui. Quand ils quittaient son atelier, il restait seul, totalement absorbé par cette émotion. C’est une relation de l’ordre du sublime et de la grâce. En fait, un peu comme un acteur pour un réalisateur.

Ta maman a vu le film ?
Non pas encore. Ça va être un moment très fort.

En 2009 tu es une ado en crise dans LOL, trois ans plus tard une bombe sensuelle dans Renoir… Qu’est-ce qui s’est passé ?
Entre temps il y a eu plusieurs films dont Le Bruit des glaçons ou La Brindille. Après LOL, j’ai refusé beaucoup de rôles dans d’autres comédies parce qu’en France on étiquette vite les comédiens, surtout les jeunes. J’avais envie d’aller vers des rôles plus matures et plus dramatiques.

Je n’ai pas de plan de carrière.  J’y vais au feeling.

Un Renoir, une adaptation d’un roman de Victor Hugo, tu vas être cataloguée actrice intello-culturelle !
(Rire) Non !  C’est vrai que ce sont deux films denses et culturels. Mais je n’ai pas de plan de carrière.  J’y vais au feeling. J’aimerais aller maintenant vers des rôles plus trash, incarner une fille un peu barrée ! Ou j’adorerais aussi jouer dans une grosse production d’heroic fantasy ! Je me verrais assez bien sur une créature bleue, un sabre à la main, aller combattre dans un autre monde !

Les femmes peintes par Renoir sont plutôt rondes, on est loin de la « brindille »…
Quand j’ai lu le scénario, j’ai d’abord trouvé beaucoup de résonnances avec le personnage d’Andrée : elle avait cette rage de s’en sortir. Elle était touchante par son ambition dévorante, mais absolument pas sournoise. C’est un personnage complexe, très nuancé. Puis je me suis effectivement dit : « T’es blonde, tu pèses 50 kilos, ça va pas le faire ! » Quand Gilles Bourdos m’a choisie, après des essais,  j’étais ravie, même s’il a effectivement fallu que je prenne du poids pour coller au rôle.

Dans Renoir tu es nue, dans L’homme qui rit, tu es aveugle. Tu es maso ou quoi ?
Faut croire que j’aime la difficulté ! C’est avant tout deux très beaux rôles. La nudité ne m’a pas posé de problèmes. Tout s’est passé naturellement.  Pour jouer une aveugle, j’ai pas mal travaillé. Ce n’est pas évident d’arriver à maîtriser son regard pour mimer la cécité de façon juste, sans parasiter les autres émotions.

Gaspard va à la plage, 2018, de Antony Cordier avec Christa Theret, Marina FoïsFélix Moati et Guillaume Gouix

Entre Depardieu et Bouquet, avec qui pars-tu en vacances ?
En vacances je ne sais pas, mais je dîne volontiers avec les deux. Ce sont deux monstres sacrés. Et curieusement, tout deux sont d’une grande simplicité et générosité, tant humainement que dans leur jeu. Ce qui est frappant également c’est leur manière de dire le texte de telle sorte qu’on a l’impression de le découvrir au moment où ils le prononcent. Ils ont un phrasé, une langue qui leur appartient.

Tu as commandé quoi au Père Noël ? Un César pour février ?
Bah non, je ne suis pas nominée cette année ! J’ai été nominée deux fois auparavant, mais cette année rien ! Je m’en fous un peu, mais faut pas le dire sinon ça risque de faire prétentieux ! J’irai au ski ! (Rire).

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