© Photo de couverture : Jay L. Clendemin
Acteur musculeux mais mystérieux, Tom Hardy fut avant cela un jeunot toxico qui a bien failli y laisser sa peau. Retour sur le parcours d’un british sauvé par le cinoche.
Par Sylvain Monier
Tom Hardy (43 ans) est un comédien du genre peu commun. En 2018, alors que le Britannique est en pleine promo de Venom, il se met à descendre en flammes les choix de la production concernant le montage du film. A la question lambda d’un journaliste : « Quelle est votre scène préférée dans Venom ? », Tom répond en toute tranquillité : « Des scènes qui ne sont pas dans le film. Il y a genre entre 30 et 40 minutes de scènes qui ne sont pas dans ce film. Des scènes de marionnettes folles, des scènes de comédie noire… Tu vois ce que je veux dire ? Elles n’ont juste pas été gardées. »
A ses côtés, Riz Hamed, son partenaire de jeu sur cette production Marvel se liquéfie sur place. Il tente alors de recadrer « ce gros dingo » qui est en train de faire foirer la promo : « Tu dis ça parce que tu as aimé tourner ces scènes. Si elles n’ont pas été gardées dans le film, c’est qu’elles n’étaient sans doute pas si bonnes. Désolé de te le dire, mec ! »
Marvel et Hardy ? On dirait que la mayonnaise n’a pas pris !
Marvel et Hardy ? On dirait que la mayonnaise n’a pas pris ! Sauf que si les critiques de Venom ne furent à l’époque effectivement pas très bonnes – et ce n’est rien de le dire ! Cela n’a pas empêché le film de cartonner aux US et en Europe. A tel point qu’un deuxième volet devrait d’ailleurs occuper les écrans en juin 2021. On l’a bien compris : si Tom Hardy se lâche de la sorte en interview, c’est surtout parce qu’il peut se le permettre. Depuis Mad Max : Fury Road (de George Miller 2015), l’acteur possède la carte. Son côté doux-viril un peu étrange retient l’attention du public. Et sa capacité à changer d’apparence à coup de régimes et de séances de musculation (ou d’injection de stéroïdes ?) l’a rangé au rayon « acteur caméléon ». Soit un performeur de la trempe d’un Robert De Niro naguère, ou d’un Christian Bale plus récemment. Le genre de star à Oscars si, un jour, Tom déniche le rôle en or. Car c’est bien connu, Hollywood adore les performances.
Résultat, Hardy, mi bourrin, mi malin, a vraiment la confiance en ce moment, d’autant que le Londonien tient la corde pour incarner le prochain James Bond. Fin septembre, on apprenait que Tom Hardy avait passé une audition pour remplacer Daniel Craig dans la peau de l’agent 007, et que les résultats se seraient révélés ultra-positifs. Selon The Vulcan Reporter, Tom aurait tapé dans l’œil de Barbara Broccoli (la coproductrice de la franchise) et il serait d’ores et déjà choisi pour reprendre le flambeau. De quoi faire oublier la déconvenue de son dernier film Capone de Josh Trank dont les qualités étaient si peu convaincantes que ce biopic sur la fin de vie du légendaire truand s’est retrouvé illico presto en streaming. Pas de quoi perturber outre mesure ce gaillard qui en a vu d’autres dans la vie.
Adolescent turbulent, Tom est renvoyé de son pensionnat du Surrey pour vol et sa vie va alors soudainement basculer.
Car Tom n’a pas toujours connu une telle assurance. Et au regard de son parcours, on peut même dire qu’il revient de loin. Né à Hammersmith, à l’ouest de Londres, le gamin est issu d’un milieu culturellement et économiquement confortable puisque maman est artiste peintre, et papa, un publicitaire qui possède des velléités d’écrivain.
Adolescent turbulent, Tom est renvoyé de son pensionnat du Surrey pour vol et sa vie va alors soudainement basculer. A 14 ans, il plonge à fond dans l’alcool et le crack, deux addictions avec lesquelles il va vivre pendant dix ans. Comme c’est un dur à cuire, Tom encaisse, malgré de gros dérapages de temps à autres et parvient à vivre une vie sociale « à peu près » normale.
Beau gosse, il gagne un casting télévisé de mannequinat (The Big Breakfast) sur Channel 4 et ne se doutant pas une seconde que ce gamin de 20 ans puisse être un toxico, Steven Spielberg engage Tom dans sa série Band of Brothers en 2001. Ridley Scott en fait de même dans La Chute du faucon noir la même année.
La carrière du petit Hardy est lancée mais reste un (gros) problème : la drogue et l’alcool sont bel et bien là et achèvent de le rattraper en 2003. Cette année-là, sera celle de la grande décision : Tom Hardy décide de se rendre en cure de désintoxication après un réveil douloureux dans une mare de vomi et de sang à Soho (quartier festif de Londres) : « La rehab ? J’y suis allé en me disant, je reste un peu jusqu’à ce que je puisse revenir boire des verres avec mes proches qui m’auront pardonné. Mais j’ai fait mes 28 jours, et après avoir écouté tous ceux qui sont passés par là, j’ai réalisé que j’avais vraiment un problème. »
Aujourd’hui encore Tom reste stupéfait d’avoir pu gérer entre ses addictions et son travail : « Je voulais que personne ne sache, mais je n’arrivais pas à le cacher. A un moment, le corps abandonne. J’étais complètement HS. J’ai eu de la chance de ne pas attraper l’hépatite ou le sida. » Admet-il au Daily Mirror en 2014.
Il est vrai que dans le genre acteur britannique, Hardy ne se positionne pas vraiment dans le giron d’un Hugh Grant ou d’un Jude Law.
Délesté enfin de ses « petits problèmes », Tom peut enfin se consacrer à son métier de comédien et à une nouvelle addiction : la culture physique ! Comme une volonté de se débarrasser des mauvaises toxines, il passe du fluet toxico à Mr biscotos (1m75, 82 kg), le corps couvert de tatouages. Avec un tel look, les réalisateurs le convoquent pour surtout jouer les truands ou les brutes épaisses. Il est vrai que dans le genre acteur britannique, Hardy ne se positionne pas vraiment dans le giron d’un Hugh Grant ou d’un Jude Law.
Logiquement, c’est avec le très brutal Bronson, un biopic sur un taulard multirécidiviste signé Nicolas Winding Refn en 2008 que la notoriété finit pointer le bout de son nez. Depuis, les grands noms s’intéressent à lui : Alejandro Gonzalez Inarritu (The Revenant 2015), Christopher Nolan (Inception 2010, The Dark Knight Rises 2012, Dunkerque 2017), George Miller qui ont fait de lui un acteur qui compte dans l’industrie.
De quoi développer en parallèle des activités de producteur sur la série Taboo ou de marquer les esprits, toujours sur le petit écran, dans Peaky Blinders. En bon intelligence, Hardy a parfaitement compris l’utilité ou le bénéfice que pouvait lui procurer les séries télé : asseoir une popularité. Ultime détail qui a son importance : il possède ses entrées à Buckingham. Crâne rasé et lunettes noires, Tom Hardy s’est montré bien plus discret que David Beckham ou George Clooney au mariage de Meghan et Harry en mai 2018.
Pourtant, il était bel et bien invité car il entretient une grande amitié avec le prince de Sussex depuis 10 ans. Il connaît également son père, Charles, puisqu’il est ambassadeur de sa fondation qui vient en aide aux jeunes défavorisés (The Prince’s trust créée en 1979). A l’heure des choix, cette proximité avec les Windsor sera-t-elle décisive pour devenir l’agent secret au service de Sa Majesté ? C’est bien possible car en 2018, Tom Hardy faisait preuve d’une grande confiance en lui quand on abordait le sujet. Allant même jusqu’à poser ses conditions pour interpréter James Bond : « Seulement si le propos est différent » prévenait-il dans les colonnes de Paris Match. Sinon quoi ? Tom foire la promo ?