Et de deux ! Quatre ans après Hippocrate, Vincent Lacoste retrouve le réalisateur Thomas Lilti pour une sinueuse mais drôlatique plongée dans l’univers impitoyable d’une première année en école de médecine. Et cela s’intitule Première année, naturellement.
Propos recueillis par Pierre Blast
Quatre ans après Hippocrate, vous voilà à nouveau réuni avec Thomas Lilti…
Je dois pas mal à Thomas, puisqu’à l’époque d’Hippocrate, il m’a donné un rôle auquel on ne me donnait pas accès. Je passais le cap de l’adolescence. Ca changeait de ce qu’on me proposait. Aujourd’hui, nous sommes amis. Je ne pouvais donc pas refuser Première année.
Acteur, lorsque vous vous retrouvez dans un amphithéâtre bourré à craquer de figurants, que ressent-on ?
C’est assez intimidant ! Autant, sur un tournage, vous êtes toujours un peu stressé, tendu, mais vous finissez toujours par vous y habituer. Là, lorsqu’il y a beaucoup de figurants, c’est vraiment particulier. Dans la scène, telle qu’elle est montée, ils ne vous entendent pas. Sauf que lorsque vous tournez la scène, les étudiants autour de vous font semblant de parler. Les bavardages sont ensuite rajoutés en post-synchro. En fait, vous parlez et tout le monde vous écoute parce que vous êtes dans un silence absolu. Là, ça devient un peu flippant. A force, vous vous habituez…
« Je trouve que les films sur les études ne traitent que de questions de « teufs » ou de sexe, des trucs comme ça. Voilà un film où des gens travaillent, ce qui, je pense, est au plus proche de la réalité »
Vincent Lacoste et Anthony Sonigo dans Les Beaux Gosses de Riad Sattouf – 2009 © Pathé Distribution
Comment serez-vous sorti de cette nouvelle expérience ?
Tout va bien. En plus, j’ai appris pas mal de choses sur le sujet. En fait, je suis très content d’avoir fait ce film. Je trouve que c’est très bien d’avoir raconté une histoire qui, au-delà de la médecine, raconte une première année d’études supérieures. C’est une expérience, finalement, extrêmement violente. Et je trouve que les films sur les études ne traitent que de questions de « teufs » ou de sexe, des trucs comme ça. Voilà un film où des gens travaillent, ce qui, je pense, est au plus proche de la réalité : on demande à des gens qui sortent du bac une dose hallucinante de travail !
Trois nominations aux Césars, un prix Patrick Dewaere, des metteurs-en-scène qui, de plus en plus, vous sollicitent… Vous imaginiez-vous un tel destin à l’époque des Beaux Gosses, votre premier long-métrage ?
Tout est arrivé par hasard, alors non. Au départ, j’étais juste en train de manger à la cantine lorsqu’on m’a refilé un papier pour passer un casting. Et j’ai été pris. Vite, en tournant Les Beaux Gosses, j’ai su que c’était ça que je voulais faire. Mais avant, sincèrement, jamais je ne m’étais dit : « Je veux être acteur. » A vrai dire, à l’époque, j’avais 14 ans, j’étais au collège. Ma préoccupation principale d’alors, c’était d’aller au CDI et de lire des bédés érotiques…
« Si, un jour, je deviens extrêmement ringard, je tomberai dans la dépression. Et je me suiciderai, voilà ! (Rires) »
Pensez-vous déjà à l’avenir ? »
J’essaye de ne pas trop y penser. Bon, je ne claque pas l’intégralité de ce que je gagne… C’est difficile à prévoir, ce métier. Je fais les choses bien, je travaille… Si, un jour, je deviens extrêmement ringard, je tomberai dans la dépression. Et je me suiciderai, voilà ! (Rires)
Vincent Lacoste et William Lebghil dans Première année de Thomas Litti – 2018 © Denis Manin / 31 Juin Films
En attendant… Le plus sympa dans le métier d’acteur ?
Ce que j’aime vraiment, ce sont les tournages. Faire des films avec des gens que j’admire et raconter des histoires. C’est un métier, génial, sincèrement. Et comme j’adore regarder des films, de pouvoir en faire, c’est exceptionnel.
Vous sentez-vous évoluer ?
Je prends de plus en plus de plaisir, oui. J’ai l’impression de me libérer un peu plus avec les années. Je suis toujours assez anxieux avant les tournages. Mais pendant, j’essaye de lâcher prise totalement.
Thomas Lilti, mais aussi Julie Delpy ou Riad Sattouf. Vous sentez-vous plus à l’aise une fois créée une « famille » sur un tournage ?
Je trouve, oui. Quand j’aime quelqu’un, que je colle à son univers, j’ai envie de faire plein de films avec lui. C’est ça qui est génial avec le cinéma : quand un cinéaste a une identité. C’est pour cela que j’aime les films de Truffaut, de Scorsese ; ces réalisateurs qui reprennent toujours la même famille d’acteurs. Je trouve que cela crée une dynamique. Cela se transforme en une histoire forgée en commun
« J’essaye de faire refléter dans mes propres choix mes goûts de cinéma. J’ai commencé très jeune mais, à un moment donné, j’ai cherché les sujets dans lesquels je me sentais le mieux »
Vous auriez pu devenir une figure « comique » du cinéma français quand on repense à un film comme De l’huile sur le feu. Comment, selon vous, s’est faite la rupture ?
Ce n’est pas un coup de chance. Chacun à ses goûts personnels. Moi, je fais les films qui me plaisent. Je les choisis et je les défends. J’essaye de faire refléter dans mes propres choix mes goûts de cinéma. J’ai commencé très jeune mais, à un moment donné, j’ai cherché les sujets dans lesquels je me sentais le mieux. J’ai compris ce que je voulais. Et je me suis lancé.
Vincent Lacoste dans Jacky au Royaume des Filles de Riad Sattouf – 2014 © Les Films des Tournelles
Jacky au royaume des filles reste, pour l’instant, la grande « injustice » de votre carrière. Un film remarquable qui n’a pas trouvé son public…
C’est un film que j’adore, extrêmement original. L’histoire est hilarante et elle raconte plein de choses sur le monde actuel. Maintenant, c’est vrai, ça n’a pas marché… J’espère surtout que Riad refera des films. Au moment de la sortie, j’avoue, c’était un peu décevant d’être si mal accueilli. On peut dire ce qu’on veut, mais le film se démarquait réellement du reste des productions du cinéma français. De taper sur Jacky, je pense qu’il y avait d’autres choses à faire…
Votre plus grande ambition d’acteur ?
Continuer à faire de bons films. Je suis comme tout le monde, je n’aime pas les merdes.