Dans Une Année difficile d’Eric Toledano et Olivier Nakache (sortie le 18 octobre), Noémie Merlant incarne Cactus, une jeune activiste. Après Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, L’Innocent de Louis Garrel, l’actrice s’impose dans le rôle féminin principal de la nouvelle comédie, réussie, du duo du Sens de la fête. Noémie Merlant a même réservé à See Mag quelques confessions sur Emmanuelle, nouvelle adaptation du roman d’Emmanuelle Arsan, par Audrey Diwan (L’Évènement). Rencontre avec celle qu’on imagine déjà en future star du cinéma français.
Par Grégory Marouzé
Une Année difficile est un film très particulier. Quand on le regarde, à un moment, on ne sait pas si on regarde une comédie, à un autre, si on regarde un drame. On a l’impression de voir une comédie italienne. Comment avez-vous reçu le projet ?
J’ai déjà beaucoup ri à la lecture du scénario. Je trouve ça tellement juste de parler de choses graves, importantes, délicates, tendues, par le biais de de la comédie ! Parfois, on n’arrive plus à parler tant les sujets sont graves. On est tous très crispés. Utiliser la comédie, ce ton-là, avec ces personnages-là, qui sont en plus diamétralement opposés… c’est de là que naît la comédie.
Je trouve que c’est hyper intelligent parce que ça permet de prendre un peu de distance, de se détendre. Ça permet la réflexion, le dialogue, de recréer du lien, par le biais de cette légèreté ! Donc, moi, je trouve ça très pertinent. Cela offre la possibilité de résumer tellement de choses. On n’arrive plus à résumer, aborder, tout ce qu’il se passe, toute la complexité de notre monde, de l’être humain.
Vous avez un parcours éclectique. Vous jouez dans des films différents. Vous sentez-vous à l’aise dans la comédie ?
Je ne me sentais pas très à l’aise au départ parce que je n’ai pas l’habitude d’en faire. Plus on a l’habitude de faire quelque chose, plus on est à l’aise. Après, il y a des personnalités qui, dans la vie, ont déjà le rythme de la comédie, ont déjà ce ton-là. Je pense d’ailleurs à Jonathan Cohen et Pio Marmaï qui, dans la vie, ont déjà un rythme de comédie. J’adore ces personnages. J’adore ! Pas que dans les films, dans la vie aussi ! Je m’en nourris énormément.
Ma meilleure amie est comme ça, elle a cette comédie dans la vie, cette légèreté. Cette capacité, non pas à rendre les choses légères… Au contraire ! Mais à être dans le rebond en permanence. Je n’ai jamais eu l’occasion vraiment de jouer des rôles comme ça. Malgré tout, je m’inspire de ces personnes qui me touchent, me bouleversent et je trouve ça vachement précieux pour avancer dans la vie. Dans le Jacques Audiard, Les Olympiades, il y avait déjà un tout petit peu de comédie. Il y a eu Le Retour du Héros, de Laurent Tirard.
Mais c’est vrai qu’avec L’Innocent de Louis Garrel, c’est la première fois que j’avais la liberté d’aller très loin dans la comédie et de, juste, me laisser aller. Ce n’est pas un exercice facile parce que je ne suis pas spécialement dans ce registre-là dans la vie, et je n’ai pas vraiment travaillé ça non plus. En école de théâtre ou ailleurs. Mais j’adore ça ! J’adore !
« Je me dis que c’est une arme magique et très puissante, mais, je me trompe peut-être. En tout cas, j’aime me dire ça. »
Une Année difficile traite de l’hyperconsommation, de l’éco-anxiété. Si le film est drôle, il nous met aussi le nez dans nos contradictions, nous confronte à des choses terrifiantes. Pensez-vous que le cinéma puisse changer les choses ?
Je pense que oui, mais je suis peut-être utopique. J’ai l’impression que l’image… puisque c’est l’important, maintenant, l’image ! Ça passe même avant le son. On mange des films ! Quand ça marche, l’image a une influence. Ça peut lancer des modes, ça peut lancer des idées, ça peut même lancer des discussions, des débats. Ça propage des idées. Je me dis que c’est une arme magique et très puissante, mais, je me trompe peut-être. En tout cas, j’aime me dire ça.
Comment se passe un tournage avec Eric Toledano et Olivier Nakache ? Avez-vous le droit de mettre votre petit grain de sel ? Ou avez-vous eu affaire à de gentils dictateurs ?
Ah non, pas du tout ! Non, c’est hyper agréable. Ils sont vraiment à l’image de leurs films, ce qui n’est pas toujours le cas, hein ! Parce qu’il y a plein de réalisateurs qui sont à l’opposé de ce qu’ils tournent. Alors, le film n’est pas moralisateur. C’est un film qui amène vraiment à se poser des questions, qui pose des questions qui amènent à la réflexion.
Mais ce que je voulais dire, c’est qu’il y a plein de réalisateurs qui sont vraiment à l’opposé de leurs films dans leurs comportements. Toledano et Nakache, pas du tout ! Ils sont vraiment à l’image de leurs films. Ils ont le sens de la fête ! Ils ont le sens du contact humain, ils célèbrent chaque jour, chaque moment, chaque rencontre. Ils ont une curiosité extrême pour les gens. Ils connaissent tout le monde sur le plateau, des figurants aux techniciens.
« Ils ne trichent pas avec les spectateurs. Leurs films, c’est eux ! »
Ils connaissent une anecdote sur chacun. Ils prennent le temps de parler avec chacun. Ils ont toujours une espèce de légèreté, de distance avec les choses, tout en s’intéressant aux choses graves et importantes. Et, en même temps, en ayant la bonne distance, le bon regard. Ils ne trichent pas avec les spectateurs. Leurs films, c’est eux ! Leur manière de diriger est comme leurs films. Ils sont toujours de bonne humeur, toujours à essayer d’être dans le dialogue, de laisser la part d’improvisation, de proposition. C’est hyper agréable, ouais, de travailler avec eux !
Que pouvez-vous dire sur Emmanuelle d’Audrey Diwan ?
Je ne sais pas ce que j’ai le droit de dire. On part à Hong Kong. On va tourner jusqu’en décembre. On va tourner aussi une partie aussi à Paris. Je pense qu’on ne s’attend pas à ce que ça va être (rires). J’ai vraiment hâte de commencer ! C’est un film qui ressemble beaucoup à Audrey. Je pense qu’il va faire du bien à beaucoup de gens.
Il y a une attente …
Ouais, ouais ! C’est vraiment un film qui questionne le désir, le désir féminin, surtout ! Et donc, du coup, il y a une attente puisqu’il n’y a pas beaucoup de films qui questionnent ça ! (rires)
Synopsis : Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…