Trois ans après la fin de la série, Michael C.Hall n’a toujours pas enfilé un nouveau costume de personnage majeur dans une série. Nous l’avions rencontré à l’aube de la dernière saison de Dexter. Entretien saignant avec le sérial killer le plus utile de toute l’histoire de la police scientifique.
Propos recueillis par Christelle Laffin à Los Angeles
Cette saison devait être la dernière, et tu rempiles pour une 8ème. Comment veux-tu le voir finir ? Dexter mérite-il un médaille ou la peine de mort ?
J’ai mon idée sur la façon dont j’aimerais voir la série se terminer. A mon avis, pas la même que Dexter. Et je pense que l’on devrait lui donner une médaille, et le battre avec jusqu’à ce que mort s’en suive ! Plus sérieusement, j’essaie de ne pas le juger. Mais la prison ou la peine de mort ne sont pas les seules punitions qui le guettent. Dans la saison 7, il prend conscience que ses agissements n’ont pas eu un impact négatif que sur ses victimes ou sur lui, mais également sur ses proches. Il s’en veut.
Au début de la saison 7, c’est Deb, sa sœur chérie (Jennifer Carpenter), qui découvre que Dexter est un tueur. Est-ce que tu t’attendais à ce premier dénouement, qui marque le début de sa fin ?
Les scénaristes n’ont pas eu peur d’y aller cash. C’est le challenge de la saison. On ne voit pas Dexter se défendre dans un tribunal, mais il doit se justifier auprès de Deb. Il ne s’excuse jamais d’avoir tué, pour autant. Mais on va le voir gérer cette situation « à la Dexter ». Il nous est devenu de plus en plus sympathique au fil des saisons, parce qu’il s’est humanisé, il a appris à ressentir comme « nous. » Là, il manipule quelqu’un qu’il aime. C’était intéressant de jouer une nouvelle facette de son caractère, déjà bien complexe.
Depuis le succès de la série, on te regarde toujours bizarrement dans la rue ?
L’avantage, c’est surtout à la caisse du supermarché. On me laisse passer devant et très vite ! Les flippés par le personnage ne m’approchent pas. Mais les vrais enthousiastes me font marrer. Ils m’abordent en tremblant presque en me disant que je leur fais peur. Ou ils m’encouragent à être encore plus meurtrier dans la série. Le pire, c’est quand ils me disent « tu me regardes comme lui, là, non ? » et que non, c’est juste …moi.
Je n’avais pas de doutes sur le concept de la série. Ces zones de gris morales subversives m’excitaient.
Cela ne te gêne pas de jouer un serial killer qui tue pour des raisons « morales » ?
Je n’avais pas de doutes sur le concept de la série. Ces zones de gris morales subversives m’excitaient. Mais je ne crois que l’on fasse l’apologie des tueurs en série. Je ne vois pas comment, en regardant Dexter, on peut se dire «c’est le genre de stress que j’adorerais vivre au quotidien.» Nous allons plus loin que l’idée d’éliminer des méchants, c’est bien.
Le psychologue anglais Kevin Dutton a récemment publié La sagesse de psychopathes, dans lequel il explique qu’ils sont partout dans notre société. Est-ce que Dexter t’as permis de mieux les comprendre ?
J’ai participé à une conférence qu’il donnait au musée Rubin, à New York. Il a «profilé» leurs qualités : la concentration, le détachement émotionnel, qui sont aussi pratiques quand on est neuro-chirurgien. Il a rafraîchi ma vision de Dexter pour aborder cette saison. Le personnage m’influence plus que ce que je crois. Au début, quand on travaille dessus, on cherche les points communs et les différences, on approfondit nos connaissances sur tel ou tel domaine. Mais au bout de sept ans, on influence le personnage autant que l’inverse. Au moins, Dexter m’a appris que je n’avais pas envie de tuer des gens…la plupart du temps !
Depuis 2016, Michael joue le rôle de J.F.K. dans la série The Crown
Tu n’as pas peur qu’il te colle trop à la peau, pour le reste de ta carrière ?
Je languis de savoir ! Quand j’ai fini six saisons de Six Feet Under (dans laquelle il incarnait un agent de pompes funèbres, ndlr), je me suis demandé si les directeurs de casting pouvaient m’imaginer autrement qu’entouré de cadavres. Et la dernière chose que j’avais envie de faire, c’était de m’engager dans une nouvelle série télé. Résultat…! Du coup, je pense que « serial killer » sera inscrit sur ma pierre tombal. Mais j’aimerais bien incarner des rôles plus courts. Quelques mois, plutôt que des années.
Michael C. Hall en 7 dates
1999 Michael C. Hall se produit à Broadway dans une version de Cabaret entièrement revisitée et modernisée par Sam Mendes (Skyfall, 2012). Ses talents l’amènent ensuite à partir en en tournée avec la comédie musicale Chicago.
2002 Sam Mendes toujours, suggère à Alan Ball avec qui il avait travaillé sur American beauty d’intégrer Michael au casting de Six Feet Under, pour le rôle de David Fisher. Il est ensuite nominé pour sa prestation dans cette série aux Emmy Awards dans la catégorie Meilleur Acteur dans une Série Dramatique.
2003 Il interprête l’agent Klein dans le film Paycheck de John Woo, aux côtés de Ben Affleck et Uma Thurman.
2006 Un an après l’arrêt de Six Feet Under en 2005, il devient Dexter
2010 Il remporte le Golden Globe du meilleur acteur dans une série dramatique pour son role dans Dexter.
2015 Il interprette le rôle principal de la comédie musicale Lazarus écrite par David Bowie. Il jouera à Broadway puis à Londres en 2016.
2016 Il interprette J.F.K. dans la série The Crown.