Après avoir été une web-série à succès, portée par des centaines de milliers de fans, Le Visiteur du futur débarque au cinéma (sortie le 7 septembre). See Mag a rencontré les comédiens Arnaud Ducret, Vincent Tirel et Florent Dorin, enthousiasmés par cette aventure unique dans le cinéma français. Ils racontent le courage et la détermination du réalisateur François Descraques pour réaliser un film de science-fiction dont la production n’excède pas 5 millions d’euros. Si Le Visiteur du futur souffre quelque peu de son budget modeste, l’entreprise mérite d’être soutenue.
Par Grégory Marouzé
Arnaud Ducret, connaissez-vous Le Visiteur du futur ?
Arnaud Ducret : J’ai regardé les quelques premiers épisodes, mais je ne connaissais pas. C’est mon agent qui m’a dit que ces mecs ont du talent. Ils ont démarré sur le net, c’est vachement bien. Après, c’est devenu ça sur France 4 et ils vont faire un film. “Lis ! C’est de François Descraques, c’est un mec intéressant. On doit compter sur des mecs comme ça !” Je rencontre François et j’adore le mec tout de suite. J’adore ce qui ce qui dégage. J’adore comment il m’approche. Je ne pense pas que ce soit calculé. Il me parle de tout ce qu’il aime : de films, de mangas. Parce qu’il est aussi dans le manga. Et puis on parle de comédies musicales, ça s’est vraiment passé comme ça. Il me parle de Spamalot des Monty Python, que j’ai fait. Il me dit, Je t’ai vu dans Spamalot, je t’ai adoré. J’aimerais que tu fasses Le Visiteur du futur. Je me dis que le mec a un spectre artistique assez large. Et je lis le film et je me dis “C’est bien quoi !” Et je dis à mon agent : “C’est bien écrit, hein ! C’est bien le film, il est bien équilibré !” Voilà, ça démarre comme ça.
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Et vous, Vincent Tirel, faisiez-vous partie de l’aventure depuis le début de la série sur le web ?
Vincent Tirel : J’ai commencé à travailler avec Raphaël Descraques qui est dans le film, et qui est le frère de François. Via notre travail, on travaille ensemble sur des sketchs. Sur un site créé par M6, Golden moustache, en 2000, En 2013, je travaille avec des gens qui ont fait le son de la série, sur l’image, avec des comédiens, des comédiennes, des accessoiristes. Tout le monde bosse sur Le Visiteur du futur, tout ce monde gravite autour de Raphaël Descraques. Donc je me suis renseigné, j’ai regardé. J’ai trouvé ça super. Et on m’a dit faut se lancer, hein ? Parce que les premiers épisodes sont faits par des amateurs semi-pro. On devine qu’ils vont devenir des pros, mais c’est filmé avec une DV. Il n’y a pas de micro. Et puis, très vite, ça évolue. Je vois bien le talent de tout le monde quoi.
« C’est quand même valorisant et super motivant de se dire que d’un coup, ce qu’on fait est vu, très rapidement. »
Florent Dorin, vous êtes le visiteur du futur !
Florent Dorin : Oui, c’est moi ! (rires) Je connais François depuis un petit peu avant le projet puisqu’on est amis depuis le CP (rires). Au lycée, en faisant nos premiers courts métrages, un peu ambitieux, qu’on tournait le week-end, j’ai découvert grâce à François, que je voulais être comédien et en faire mon métier parce qu’on rêve de ciné depuis qu’on est gamin, on partage beaucoup de films qu’on a vu petit, on dévalisait les vidéos-clubs, on allait au ciné tous les vendredis soir. Bref, tout ça pour dire qu’en arrivant sur Le visiteur du futur, ce n’était pas notre première fois ensemble. Mais c’est grâce à ce projet là que nos vies ont pris une petite dimension supérieure parce que, c’était la première fois que d’un coup, notre travail existait au-delà de notre cercle d’amis respectifs. C’est quand même valorisant et super motivant de se dire que d’un coup, ce qu’on fait est vu, très rapidement. Après, des gens nous ont aidés à mettre du budget pour que François en écriture, en réalisation, puisse encore augmenter ces ces souhaits de trucs spectaculaires. Et on a continué jusqu’au film au cinéma. Donc, c’est une aventure incroyable.
Vous réussissez à imposer la science-fiction, qui est un genre dévasté en France.
Florent Dorin : C’est vrai que la science-fiction n’est pas présente dans le cinéma français. Après, des auteurs et des créateurs qui font de la science-fiction, quand on cherche bien, il y en a. Mais c’est vrai que des films grand public, familiaux aussi il y en a très peu.
Arnaud Ducret : Je te coupe, pardon, mais peut-être qu’en fait, on est à la croisée du truc quoi ! Ça y est, peut-être que tout le travail effectué par ces mecs sur le net, est en train de payer. Ces types que le cinéma français regardait de travers… Peut-être que le cinéma se dit aujourd’hui “Mais vous faites quoi, vous ?”
Florent Dorin : On est dans une double problématique. Pour pouvoir faire le film Le Visiteur du futur, c’est-à-dire convaincre les gens qui ont de l’argent, qu’en venant du web, on a fait nos preuves, acquis de l’expérience, et qu’on est capable de le faire. L’autre problématique, c’est de savoir, s’il ya un public en France pour ça ? Donc nous, sur Internet, on constate qu’il y a des gens qui sont en demande. Qu’on a créé la fan base. Mais quand on voit les films du genre qui débarquent par vague et se vident de leur substance, les Marvel et tout ça… Nous étions les premiers à accueillir ces films-là. Les films de Bryan Singer, les X-Men, les Spiderman de Sam Raimi. On était friand de ça et c’est remplacé par des franchises qui, à mon sens, sont sans goût. J’espère qu’effectivement avec Le Visiteur du futur, on va pouvoir montrer, prouver, qu’il y a un public pour ça en France, que des jeunes venant d’internet sont légitimes pour proposer des films au cinéma et que tout le monde sera content.
« Nous, on avait déjà repéré dans les vidéos clubs, les films de Peter Jackson. Quand on voit Bad Taste, Braindead, Les feebles et qu’on s’aperçoit qu’en faisant ce genre de films, on peut accéder aux films les plus ambitieux d’Hollywood… »
Florent Dorin : Alors je ne veux pas, ne peux pas me prononcer au nom de François. Je pense que sa cinéphilie est encore bien plus large que la mienne. En revanche, je peux vous donner l’exemple très précis d’une personnalité que tout le monde connaît, c’est Peter Jackson. Parce qu’au début des années 2000, il y a la trilogie du Seigneur des anneaux qui est produite, c’était révolutionnaire à l’époque, d’avoir un film de cette ampleur. Ils ont créé énormément de technologies. Ils sont partis tourner le film sur des années, en Nouvelle-Zélande. Le pays a été transformé grâce à ce film. Aujourd’hui, quand on va là-bas, il n’y a pas un néo-zélandais, que ce soient eux, leurs frères, ou leurs cousins qui n’a pas travaillé sur les films. Nous, on avait déjà repéré dans les vidéos clubs, les films de Peter Jackson.
Quand on voit Bad Taste, Braindead, Les feebles et qu’on s’aperçoit qu’en faisant ce genre de films, on peut accéder aux films les plus ambitieux d’Hollywood, et qui sont à mon sens, de vrais bons films d’aventures, on se dit que c’est une carrière extraordinaire de passer de film de potes avec 0 budget, ultra trash, avec quand même, un point de vue critique sur le monde et la société, dans un format vraiment complètement délirant, à un film qui rafle je sais combien de dizaines d’Oscars. C’est plus ce genre de personnalité qui m’inspire véritablement. Après, encore une fois, c’est très prétentieux de le dire, mais je ne demande qu’à ce qu’on puisse inspirer. En tout cas donner la possibilité aux créateurs qui sont là, qui existent, mais qui n’ont pas forcément accès aux salles, de leur ouvrir les portes s’ouvrent plus facilement. Parce que le public, visiblement, en réclame.
Néanmoins, entre l’arrêt de la série et aujourd’hui se passe quelques années. Comment s’est déroulée la production ? Le film fut assez simple ou compliqué à monter ?
Florent Dorin : Ça a été compliqué. François a écrit la première version de scénario en 2014 après la diffusion de la saison 4, il écrit les premières versions de scénario qui commencent à nous faire lire un peu comme ça, mais à ce moment-là, il y avait encore l’effet d’entraînement de la diffusion de la série. Donc, il y avait plein de gens qui voulaient le voir en rendez-vous pour lui dire “Qu’est-ce que tu as à nous proposer ? Montre-nous tout ça !” Puis, les rendez-vous ne sont pas concluants et François sent que sa version du scénario n’est pas la bonne pour permettre à un nouveau public qui ne connaît pas la série, de plonger aussi dans cet univers donc. Et puis dans la vie, on ne peut pas s’accrocher à un seul projet parce qu’on sait que des fois ça prend des années.
« Qu’est-ce que tu as à nous proposer ? Montre-nous tout ça ! »
Donc finalement, de fil en aiguille, le projet semble ralentir, le désir de le de le faire. Pas forcément le désir de François, mais le désir global des contacts qu’il a. Ça s’essouffle un petit peu. Et puis arrive Robin Boespflug (ndr :décédé depuis, et auquel le film est dédié) de chez Pyramide Productions. Il sait que François fait Le Visiteur du Futur et il dit “Je veux produire ce film ! “ Pyramide produit du long-métrage depuis des dizaines d’années, mais pas ce type de films. Plutôt des films d’auteurs mais il est convaincu qu’il faut amener François au cinéma et à partir de là, ça ouvre plein de portes. Alors, ça n’a pas été du tout été facile. Il a fallu encore travailler. Je dirais 3-4 ans encore pour faire en sorte que ça se concrétise véritablement, mais ils se mettent d’accord sur une bonne version du scénario. Ils contactent Arnaud Ducret et, après, les choses commencent à se mettre en place. J’ai été témoin du parcours de combattant de François pour faire en sorte que ce film aboutisse. Oui, de mon point de vue, effectivement, ça a été, ça a été compliqué. Ça a été très long et compliqué. Il a juste fallu ne pas baisser les bras. Il n’a pas fallu abandonner.
« On bouscule un peu les choses quand même »
Le fait qu’Arnaud Ducret dise oui, rend le film possible ?
Florent Dorin : Tout à fait, bien sûr, évidemment. Arnaud c’est une évidence absolue puisque monter des films sur les noms de Florent Dorin, François Descraques, Slimane-Baptiste Berhoun, Raphaël Descraques, ça ne fonctionnait pas. Il faut rassurer les chaînes et Arnaud était le l’homme de la situation qu’il y a un public qui te suit. Tu incarnes quand même…
Arnaud Ducret : Le père de famille ! (rires)
Florent Dorin : Non, mais ce que je veux dire c’est que tu as la taille, tu as une personnalité publique et tu as un public. Donc ça, les professionnels, les diffuseurs, les distributeurs, le savent….
Arnaud Ducret : On bouscule un peu les choses quand même, quoi ? C’est là que tout d’un coup, certains disent : “Quoi ? Il y a Arnaud Ducret qui est dedans ?” Ça peut, peut-être, effectivement, donner la pulsion à certains. Ça peut être une passerelle. On pousse un peu les barrières, quoi. Ils ont réussi les mecs, hein ! Ce serait bien aussi pour le cinéma que ça marche. Mais on y croit, on y croit…
Synopsis: 2555. Dans un futur dévasté, l’apocalypse menace la Terre. Le dernier espoir repose sur un homme capable de voyager dans le temps. Sa mission : retourner dans le passé et changer le cours des événements. Mais la Brigade Temporelle, une police du temps, le traque à chaque époque. Débute alors une course contre la montre pour le Visiteur du Futur…
Le Visiteur du Futur écrit et réalisé par François Descraques, d’après la série « Le Visiteur du Futur » produite par Ankama Animation et les mangas « La Brigade Temporelle » édités par Ankama Editions