Fleuve noir
Par Tramber
François Visconti est un flic usé et imbibé d’alcool presque H 24. Il doit mener une enquête sur Dany, le fils ainé et disparu de la famille Arnault. Il va croiser sur son chemin, Yan Bellaile, l’étrange voisin de la famille et ancien prof perso de Dany. Un come-back dérangeant et semi-réussi d’Eric Zonca.
Eric Zonca se fait rare, Césarisé en 1999 pour La Vie Rêvée des Anges, depuis le réalisateur a pondu la même année l’excellent Le Petit Voleur, Julia avec Tilda Swinton en 2008 et Le Soldat Blanc en 2013 pour la télé. C’est donc avec la promesse de voir un bon polar noir que je me suis enfoncé dans mon fauteuil dès l’extinction des feux.
Mais dès qu’ils se sont rallumés en fin de séance, une drôle d’impression m’a submergé, entre malaise, admiration et déception. Oui, ça fait beaucoup !
D’abord Cassel dans la posture du vieux lion amoché, aux premiers instants il livre une prestation qui nous promet un beau numéro de gueule déglinguée.
Mais très vite, ça se barre en vrille, l’acteur semble avoir puisé dans tous les registres, un coup à la Robert De Niro, un autre à la Nick Nolte, ou encore à la Jeff Bridges, mais rarement à la Vincent Cassel. Le comédien en fait des caisses, et dans la dégaine et dans le phrasé, et trop de caisses tuent les… bon OK !
C’est clairement Romain Duris qui tire son épingle du jeu dans ce film, oui du jeu. Car justement, l’écriture de son personnage, et ce qu’il en fait, est tout simplement du bonheur, on est à des années lumières de son registre récent du très moyen, Dans la Brume. Finesse, humour, inquiétude, Duris trimballe son spectateur et Cassel par la même occasion, sur des pistes complètement délirantes et… glaçantes, pour reprendre un terme à la mode.
Là où les choses se gâtent, et vraiment, c’est du côté de l’histoire. Il est impossible par respect de vous spoiler le fin du fin du pitch de ce film, mais il s’en dégage tout de même une drôle d’odeur, un truc qui sent pas bon, un truc vraiment malsain.
Ce truc-là, pas joli-joli de mon point de vue est probablement à l’origine de l’attitude et des mots que Sandrine Kiberlain tenait il y a quelques mois. L’actrice avait alors déclaré : « C’est une expérience que je n’ai pas aimée, donc je ne peux pas trop parler de ce film. Mais je le dis ouvertement, je n’ai pas de problème avec ça. Oui, ce sera ma seule fois avec Eric Zonca ». Et à relire cette phrase, je ne peux m’empêcher d’imaginer que cette gêne rejoint la mienne.
D’ailleurs l’actrice semble peu à l’aise, peu impliquée et du coup, forcément peu efficace, ce qui est assez étrange quand on sait ce qu’elle est capable de faire dans 9 mois ferme d’Albert Dupontel ou encore, le délicieux Les Femmes du 6e étage de Philippe Le Guay.
Pour conclure, ce Fleuve noir, glauque et moite n’est pas dénué d’intérêt et comporte même quelques fulgurances et de belles idées de cinéma, mais le résultat est bien trop en demi teinte et un poil dérangeant pour qu’il soit le « polar de l’été », comme indiqué sur l’affiche, surtout quand quelques jours avant, on a vu The Guilty.
Date de sortie : 18 juillet 2018 – Durée : 1h54 – Réal. : Eric Zonca – Avec : Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain… – Genre : drame – Nationalité : française
Mais très vite, ça se barre en vrille, l’acteur semble avoir puisé dans tous les registres, un coup à la Robert De Niro, un autre à la Nick Nolte, ou encore à la Jeff Bridges, mais rarement à la Vincent Cassel. Le comédien en fait des caisses, et dans la dégaine et dans le […]