Par Marc Godin

Machine de guerre, Keanu Reeves affronte une armée de mercenaires sur deux continents. Bastons barbares et poursuites démentes : une éjaculation ininterrompue de fun et d’adrénaline.

John Wick est une des meilleures choses qui soit arrivé au cinéma d’action. Une série B revendiquée, sublimement chorégraphiée, avec un Keanu Reeves badass, hiératique, sanglé dans un costard Armani, qui explose ses innombrables ennemis à coups de double salto dans la gueule, à l’arme lourde ou avec un… crayon.

Du métal hurlant, du cinéma fun et décomplexé, une succession de séquences d’action hénaurmes, de poursuites, de cascades démentes, du comic book live gonflé aux stéroïdes, le tout mis en scène par un fan de John Woo, Akira Kurosawa, Sergio Leone, Bruce Lee ou Sam Peckinpah, et interprété par des acteurs sévèrement burnés (Ian McShane, Willem Dafoe, Common ou Laurence Fishburne).

Cinq ans après le début de la saga, voici déjà le troisième volet, Parabellum (« Si vis pacem, para bellum », et en VF « Si tu veux la paix, prépare la guerre »). Et contrairement à la plupart des suites, Parabellum parvient à ne pas décevoir, même si on pourra pinailler, notamment sur la longueur du film.

« Lots of guns »

Prétexte à une succession de tueries, le scénario raccorde directement avec la fin du deuxième volet. John Wick a enfreint les règles de l’Hôtel Continental et se retrouve excommunié, avec sa tête mise à prix (14 millions de dollars) et donc une armée de tueurs aux trousses.

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Bref, ça ressemble franchement au numéro 2, on frise l’auto-parodie et le script est bardé des références à la mythologie John Wick que l’on connaît déjà par cœur … Après un petit détour exotique au Maroc et une série de combats hallucinants avec deux chiens, Wick va simplement faire se qu’il fait le mieux : serrer les mâchoires, balancer des répliques de Matrix (« Guns. Lots of guns »), casser des bras à la chaîne, faire du cheval, de la moto, défoncer, ventiler, éparpiller façon Hiroshima mon amour. C’est sûr, c’est pas du Bergman…

Mettre en scène l’apocalypse

Derrière la caméra, Chad Stahelski, vétéran de la cascade qui avait doublé Keanu Reeves sur les séquences les plus intenses des trois Matrix et accessoirement réalisateur virtuose des deux premiers John Wick. Avec son monteur habituel, le chef décorateur Kevin Kavanaugh (The dark Knight rises) et surtout l’excellent directeur de la photographie Dan Lausten  (La Forme de l’eau, Le Pacte des loups ou Crimson Peak), il parvient à construire un univers fantasmatique et cohérent, des dunes du Sahara aux tours de verre et d’acier de New York, dernier niveau où l’on affronte les Boss, dans une furie qui rappelle le cinéma de Hong Kong des années 80 ou les deux The Raid de Gareth Evans.

La mise en scène des séquences d’action est novatrice, jouissive, d’une élégance folle et TOUJOURS lisible, grâce à des plans très longs où Keanu enchaîne parfois des dizaines de coups pendant au moins 30 secondes. Voici donc un film de 46 millions de dollars, réalisé par un cinéaste qui n’a que trois films au compteur, qui met à l’amende 99% de la production actuelle et donne un sacré coup de vieux aux Mission : impossible ou à tous les films Marvel, avec ses « cinéastes » incapables de ciseler correctement une séquence d’action.

Frénétique et généreux

Avec le succès des deux premiers volets, Chad Stahelski a pu engager des têtes d’affiche comme Anjelica Huston ou Halle Berry. Il se plante avec le fadouille Saïd Taghmaoui, miscasting absolu, mais fait revenir pour un petit tour de rollercoaster Ian McShane, Lance Reddick et le toujours épatant Larry Fishburne.

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Pour les combats, Stahelski a embauché des pointures, le revenant Mark Dacascos, qui arbore une forme olympique et une très belle boule à zed, et surtout Cecep Arif Rahman et Yayan Ruhian (mon chouchou), deux maîtres du Pencak Silat déjà vus dans The Raid. Leur combat à deux contre un avec Keanu Reeves est déjà anthologique. D’ailleurs, un mot, un seul, sur Keanu : impérial. Il a deux expressions, vénère et énervé, de moins en moins de répliques. C’est une machine à tuer, un Terminator qui avance encore et toujours, un héros de comics ou de manga, un fantasme mythologique de cinéma. Une icone, quoi.

Après, on pourra regretter une mise en scène un poil moins opératique et élégante que le 2, le petit ventre mou après la séquence du Maroc et une longueur au-delà du raisonnable (2h 10 contre les 1h 40 du premier et les 2h du second). Mais ce Parabellum est tellement frénétique et généreux que ces quelques broutilles s’envolent comme une nuée de plomb dans le crâne d’un nuisible.

Hautement recommandé.

Sortie : 22 mai 2019 – Durée : 2h11 – Réal. : Chad Stahelski – Avec : Keanu Reeves, Asia Kate Dillon, Ian McClane… – Genre : action – Nationalité : américaine

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