Par Marc Godin

A Rome, Keanu Reeves dessoude une armée de tueurs et de nuisibles, sanglé dans un costume immaculé. Un déluge de feu et de baston, supérieurement mis en scène. Violent et beau.

Le premier John Wick était une vraie bonne surprise. Une grosse série B où Keanu Reeves, hiératique donc parfait, dérouillait des Russes aux manières peu délicates qui avaient tué son chiot et piqué sa Ford Mustang. Fallait pas l’énerver !

En 1H 41, Reeves, Terminator sanglé dans un costard Armani, massacrait une centaine de bad guys à mains nues, à l’arme blanche, avec ses guns rutilants ou des armes diverses et variées. Le rythme était infernal, le scénario malin (l’hôtel Continental avec sa confrérie de tueurs à gages, régis par un code secret et des règles occultes), les comédiens, notamment Ian McShane, Willem Dafoe, Michael Nyqvist ou John Leguizamo, absolument excellents. Derrière la caméra, un réalisateur débutant, Chad Stahelski, un vétéran de la cascade qui avait doublé Keanu Reeves sur les séquences les plus intenses des trois Matrix.

Un réalisateur décomplexé et pas manchot qui enquillait d’incroyables scènes de baston, du « Gun Fu », des poursuites, des cascades pour livrer un comic book live gonflée aux stéroïdes, quelque chose comme une aventure du Punisher, cool et violente, filmé par un admirateur fou de John Woo et Sam Peckinpah.

Après le succès du premier volet, voici donc John Wick Chapter 2 qui réussit l’exploit de ne pas décevoir, à l’opposé de 99% des suites. De fait, cette nouvelle aventure est peut-être encore plus dingue et assaisonnée (avec un body count de 141 morts) que l’original. Le scénario est bien sûr un prétexte et tient sur le string de Miley Cyrus.

John Wick est en Italie pour un contrat et l’enfer se déchaîne. Voilà ! Chad Stahelski fait ce qu’il sait faire, Keanu serre les mâchoires et le spectateur, au nirvana, compte les points (les poings ?). Car le metteur en scène connaît ses classiques et cite Opération Dragon, Sergio Leone, Akira Kurosawa, John Woo, les polars coréens, les films d’action des années 70… Que du bon !

Sa mise en scène est opératique, inventive, jouissive, avec des scènes d’action parmi les plus spectaculaires jamais réalisées. D’ailleurs, je ne vois actuellement que Gareth Evans, le cinéaste des deux The Raid, pour lui faire de l’ombre. De plus, Stahelski filme la plupart des combats dans des musées, devant des tableaux, des sculptures, des installations. C’est surprenant et visuellement époustouflant. Il filme parfois les éjaculations de sang numérique comme du dripping de Jackson Pollock. La violence envisagée comme une œuvre d’art, la mise en scène de John Wick comme un manifeste ?

LAURENCE FISHBURNE © Niko Tavernise – Metropolitan FilmExport

Un scénario fun et référentiel, une mise en scène qui sublime vraiment les cascades, John Wick 2 offre également une belle partition à ses acteurs principaux. Ian McShane reprend son rôle de directeur du Continental et plisse les yeux de bonheur comme un Lucifer de la pègre.

Laurence Fishburne incarne un beau personnage de caïd des égouts et ses retrouvailles avec Keanu Reeves ne peuvent que serrer le cœur du fan de Matrix. La seule déception provient du méchant, Riccardo Scamarcio, bien trop fade, surtout après le cabotinage effréné de Michael Nyqvist dans le premier.

Quant à Keanu, il est impérial de sauvagerie (« Whoever comes, I’ll kill them all ») et de coolitude. Il a deux fois moins de texte que dans le précédent et bute deux fois plus de mecs. Sa façon de tenir son gun, de bouger, de balancer des répliques anthologiques, son élégance de félin, tout cela propulse son personnage dans une autre dimension. Il se métamorphose en héros de comic book, de jeu vidéo (GTA), un personnage quasi mythologique. Il est extraordinaire.

Date de sortie : 22 février 2017 – Durée : 2h03 – Réal. : Chad Stahelski – Avec : Keanu Reeves, Ian McShane, CommonGenre : policier – Nationalité : Américaine

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