FGKO : « Jérémie Laheurte attire la lumière, la caméra l’adore. »

PHOTO DE COUVERTURE © Bonne Pioche – Logical Pictures – Lip Productions

Après Voyoucratie, tourné sans autorisation pour 100 000 euros, Fabrice et Kevin, alias le duo FGKO, reviennent avec un second long-métrage, Du crépitement sous les néons, un thriller nerveux doublé d’une histoire d’amour sur fond de traite d’humains. Rencontre.

Par Harry Spector

Nous vous avions rencontrés en 2018, pour la sortie de Voyoucratie et vous nous aviez déjà parlé de Du crépitement sous les néons.
Kevin : Après Voyoucratie, on a travaillé sur plusieurs projets, on a écrit quelques scénarios, dont Du crépitement sous les néons. Fab était tombé sur le livre Rémy Lasource, Bienvenue en banlieue. 

Fabrice : J’accroche à fond avec cet histoire de flic qui raconte son quotidien. Et je lis un autre de ses livres, Du crépitement sous les néons, qui parle de banlieue, de prostitution, de traite d’humains… Je trouve qu’il y a une promesse, c’est très réaliste, incroyablement documenté sur les réseaux de traites d’humains…

Kevin : Moi j’aimais bien le fait que ça commence en banlieue, puis après, c’est un road movie, on décolle. Comme nous qui avons démarré en banlieue et qui avançons. On a fait un mood board et on a signé avec la société Bonne pioche et Logical Pictures en mars 2018.

Où avez-vous tourné ?
Kevin : À Aubervilliers, porte de la Villette, dans la Cité 45. Le foyer des Nigérians, c’était à Alfortville, dans un bâtiment désaffecté très graphique, sous l’autoroute. Le truc, c’était de faire croire que le road trip se déroulait sur les routes de France alors que l’on était à 30 minutes de Paris. La boîte espagnole de la fin, très graphique elle aussi, c’est également à 30 minutes de Paris. Et la dernière semaine, nous sommes partis dans le Sud de la France, le Vieux Boucau, au Nord de Biarritz. On a trouvé un no man’s land sur la plage, avec une baraque.

Puis nous sommes allés le dernier jour faire des plans en Espagne avec seulement nos deux comédiens et notre chef opérateur Fabio Caldironi. On a filmé des panneaux, des bouts de route, des plans de coupe qui ont été bien sûr très importants lors du montage.

« Dès le début, on voulait Jérémie Laheurte. On voulait un beau gosse, comme Ryan Gosling dans Drive. Un acteur qui puisse susciter l’empathie du spectateur, car ce n’est pas le héros typique. »

Vous êtes deux metteurs en scène sur le plateau. Comment fonctionnez-vous ?
Kevin : On se connait depuis très longtemps maintenant. On peut s’affronter sur le plateau, mais c’est toujours bienveillant, nos frictions sont positives. On discute, on s’oppose, on cherche ensemble, on essaie de voir si on arrive à convaincre l’autre. Quand on est tous les deux d’accord, c’est parfois un peu plat. Il faut des étincelles ! Je pense que nous sommes vraiment complémentaires et quant à moi, j’adore résoudre les problèmes.

Et vos acteurs ?
Kevin : Dès le début, on voulait Jérémie Laheurte. On voulait un beau gosse, comme Ryan Gosling dans Drive. Un acteur qui puisse susciter l’empathie du spectateur, car ce n’est pas le héros typique. Mais ça n’aurait pas pu marcher avec Pierre Niney, il fallait que l’acteur soit crédible dans une cité. En plus, Jérémie attire la lumière, la caméra l’adore. 

 Fabrice : Pendant le confinement, on a vu la série Validé. Et j’ai trouvé que le rappeur Bosh déchirait tout ! Nous l’avons rencontré, et il s’est engagé aussitôt, il était chaud ! Et autour de lui, on a pris de vrais Nigérians qui parlaient le pidgin (un créole à base lexicale anglaise, parlé au Nigeria, NDR). 

Vous avez retrouvé Jo Prestia, vu dans Voyoucratie et votre moyen-métrage, Second souffle
Kevin : Jo, c’est la famille. Il ne parlait pas espagnol donc on a casté Nacho Fresneda, vu chez Rodrigo Sorogoyen, en chef du gang espagnol, et on a fait de Jo son lieutenant, son responsable sécu. On l’adore et on s’est bien marré avec lui sur le tournage. Et puis, il y a Idir Azougli, qu’on avait adoré dans Shéhérazade, un super mec, authentique.

À l’origine, vous vouliez tourner en pellicule? 
Fabrice :  Oui, mais ça coûtait 250 000 euros de plus ! On voulait tournait en super 16, comme Pusher, un format vivant, rugueux, qui crépite. Mais avec de la pellicule, on aurait eu besoin de 15 jours de tournage en plus… On avait envisagé Manu Dacosse pour la photo, et j’espère que l’on tournera un jour avec lui. On a pensé à Pierre Aïm qui a bossé sur La Haine mais il partait tourner La Conspiration du Caire.

Finalement, on a bossé avec Fabio, qui vient de la pub et qui signe son premier long. Il a une énergie incroyable et il a tout filmé à l’épaule, il n’y a pas de steadycam dans le film, on ne voulait pas une image trop clean, trop posée. On a travaillé avec une Alexa mini, avec des optiques pas trop volumineuses pour avoir une certaine aisance. Et on filmait très vite, avec deux prises maximum ! Quand on en faisait cinq, on savait qu’il y avait un problème. Lors de l’étalonnage, nous avons beaucoup travaillé l’image, pour se rapprocher du rendu de la pellicule. C’est un film qui doit se voir au cinéma !

« Manuel Chiche et les Jokers s’occupent de la distribution. C’est vraiment le distributeur avec qui nous voulions travailler. »

Comment se passe la sortie ?
Kevin : Manuel Chiche et les Jokers s’occupent de la distribution. C’est vraiment le distributeur avec qui nous voulions travailler. Vincent Maraval et Wild Bunch gèrent la vente internationale. Maintenant, on a besoin que les exploitants jouent le jeu. À ce jour, nous avons une cinquantaine de salles et je pense que le film va trouver son public. 

A LIRE EGALEMENT : NOTRE CRITIQUE DE VOYOUCRATIE

Quels sont vos projets ?
Fabrice : Nous aimerions bien tourner aux États-Unis un remake de Scarface, ce serait un kiff intégral. On aimerait aussi reprendre notre moyen-métrage, Second souffle. On bosse avec un coscénariste, Olivier Levallois. On va tout refaire, avec un personnage féminin important et JoeyStarr dans le rôle principal. Il est très attaché au projet, car on s’inspire de sa vie, je crois qu’il peut apporter beaucoup au film. 

Kevin : Il y a aussi un projet de série télé, qui se passe dans les années 80, produite par Program33. La série a été écrite par notre monteur, Jean-Christophe Bouzy, qui a bossé sur Grave et Titane. Cela fait dix ans qu’il travaille là-dessus. C’est un vrai polar, du costaud, sur l’arrivée du crack en France et la première femme commissaire. C’est du James Ellroy à la française.

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Du crépitement sous les néons, sortie en salles le 16 novembre 2022

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