La révélation de La Prière de Cédric Kahn revient dans Au Nom de la terre, un drame paysan touchant. Il a pour partenaire, dans le rôle de son père, Guillaume Canet.
Propos recueillis par Jean-Pascal Grosso
Tourner avec Guillaume Canet, votre « parrain de cinéma » aux César, est-ce la concrétisation d’un rêve ou plutôt la source d’une angoisse particulière ?
Un peu des deux. C’est un de mes acteurs référence donc c’était hyper gratifiant qu’il accepte de m’accompagner dans l’aventure César. C’est aussi à l’image du tournage. En effet, il a été dans la bienveillance et la transmission avec moi. Et ce fut aussi une source d’angoisse parce que lorsque vous tournez avec des gens importants, il est vital d’être à la hauteur de l’événement. Je n’avais pas envie qu’il se demande par quel miracle je suis arrivé sur ce film !
Passer d’Hasfia Herzi à Edouard Bergeon : comment se glisse-t-on dans un drame paysan après une romance urbaine ? Quelle a été votre préparation pour Au Nom de la terre ?
Ma préparation pour un film est toujours la même : m’entraîner physiquement pour tenir le rythme du tournage. Ensuite il faut dire que changer de plateau de tournage et d’équipe technique et artistique suffit à passer à un autre projet. J’ai passé beaucoup de temps entre la ville et la campagne alors les deux mondes ont été assez simple à appréhender de mon point de vue.
« Je veux toujours aller vers des personnages qui ont des enjeux forts et une évolution dans l’histoire. »
Qu’est-ce qui provoque le déclic dans le choix de vos projets ? Est-ce quelque chose que vous décidez seul ?
Je ne décide pas seul car j’ai mon agent artistique qui m’aide à tracer ma carrière. On essaye de garder une ligne de conduite par rapport à nos ambitions communes pour moi. On essaye d’être cohérent autant que possible sur mes choix de film. Je veux toujours aller vers des personnages qui ont des enjeux forts et une évolution dans l’histoire.
D’où vous est venue votre désir de jouer ?
Depuis tout gamin, en regardant des films. Des Disney, des choses comme ça, rien que du très basique. Je les regardais à travers des yeux d’enfant. Intérieurement, je me disais : « Moi aussi, j’aimerais bien communiquer mes émotions, incarner différents personnages, raconter des histoires… » Cela m’est venu très précocement et mes parents m’ont toujours soutenu dans cette voie.
Une formation artistique particulière ?
Je ne suis pas un acteur de théâtre à proprement parlé. J’en ai fait brièvement, mais concrètement je n’ai que des notions sommaires en ce qui concerne les techniques d’art dramatique. Je n’ai jamais intégré une grande troupe de théâtre à faire le tour du monde avec ses pièces. Je me suis surtout forgé aux courts-métrages.
« La Prière m’a fait devenir un homme. »
Qu’avez-vous gardé de La Prière ?
La Prière m’a fait devenir un homme. Avant le tournage, je n’étais encore qu’un enfant. Après, je crois que j’étais désormais assez mûr pour affronter mes responsabilités. J’avais de nombreuses responsabilités durant tout le tournage. Cela m’a éclairé sur de nombreuses choses dans ma vie. Pour ce qui est du tournage en lui-même, ce qui me reste encore le plus à l’esprit, c’est la difficulté des scènes physiques. Celles où je m’effondrais, où je pleurais, où je me battais. Et celles, à la fin, dans la montagne. Les répétitions étaient très éprouvantes, autant physiquement qu’émotionnellement. En fin de journée, j’étais épuisé. Si au bout de quatre prises, cela fonctionnait, j’étais satisfait. Mais au bout de la vingtième, ça devenait compliqué pour moi.
Le prix d’interprétation à Berlin, l’année dernière, a dû bouleverser votre existence…
A l’époque, je n’y croyais pas mes yeux. Je me répétais : « C’est impossible, je dois rêver ! » Le lendemain, j’étais dans un état semblable. Il m’arrive parfois d’avoir encore du mal à réaliser. Et tous ces messages de félicitation que j’avais reçus à ce moment-là. Mais l’important, c’est que cela avait beaucoup fait parler du film.
A 25 ans, comment appréhendez-vous les années à venir ?
Je reçois beaucoup de scénarios via mon agent. Lorsque je tourne un film et que j’en fais la promotion, je lève le pied sur les lectures. Je ne veux pas faire 50 000 choses à la fois. Je ne veux pas donner des interviews et, une fois rentré chez moi, me plonger dans la lecture d’autres scénarios. Je veux rester concentré sur les films que je tourne et que je défends ensuite. A chaque fois, j’ai besoin de boucler la boucle.
« Je me couche tôt, je ne vais pas en soirée et je ne me trouve vivant que dans le travail. »
Cinq films en 2019. Comment éviter l’épuisement ou… la lassitude ?
J’ai découvert en travaillant beaucoup que mon corps appartenait maintenant au cinéma. Donc, mon hygiène de vie est meilleure depuis La Prière. Je n’ai jamais bu et fumé mais, par contre, manger plus sainement est quelque chose de relativement nouveau. Le sport m’a en revanche toujours accompagné. Je me couche tôt, je ne vais pas en soirée et je ne me trouve vivant que dans le travail. Alors on est loin de la lassitude.
Et que faites-vous lorsque vous ne tournez pas ?
Je fais donc beaucoup de sport. Je ne peux pas vivre sans musique. J’adore voyager. Et j’ai envie d’écrire. J’aimerais vraiment écrire et réaliser un film un jour ou l’autre.
A lire : notre avis sur Au nom de la terre
Aidez SEE à rester gratuit, sans pub et indépendant.
TOUS NOS T-SHIRTS OLD SCHOOL à partir de 13 euros
Découvrez les t-shirts BY SEE