Un acteur raté tente d’organiser une marche des fiertés noires. Antiracisme, subversion et grosse déconne : la meilleure comédie de l’été.

Par Marc Godin

Quel plaisir que de retourner au cinéma, dans une belle et grande salle, une salle bondée, avec un spectateur un siège sur deux. Une salle qui bouge, qui vibre et qui se gondole, car en ce mercredi 8 juillet, le public a décidé de plébisciter Tout simplement noir, de Jean-Pascal Zadi. Et il a bien fait car c’est – tout simplement – une des meilleures propositions de film comique que le cinéma français nous a offert depuis (très) longtemps…

« Je suis en colère »

Acteur (noir) raté, intello niveau bac moins 5, loser en fusion, JP se rêve d’être le Martin Luther King français mais n’est qu’un guignol de YouTube au QI d’huître. Pas de boulot et un avenir en forme de cul de sac. Mais JP a du culot et une idée. Organiser la marche des fiertés noires pour faire le buzz et, peut-être, décrocher enfin un rôle dans un film. Une marche à laquelle seuls les Noirs, dont il donne une définition physique très précise, peuvent participer.

Quand le film commence, JP est en train de se faire filmer chez lui (ce sera la forme du film, un mockumenteur, où le héros est suivi par une équipe télé pour un faux doc) afin de lancer un appel déchirant sur les réseaux sociaux. « Je suis en colère… Les Noirs ne sont nulle part… » Le tout pendant que sa femme (blanche) galère dans la cuisine et doit tout laisser en plan pour aller récupérer leur rejeton à l’école.

S’ensuit une série de rencontres, improbables, décalées, tordantes (Fabrice Eboué, Eric & Ramzy, Fary, JoeyStarr, Claudia Tagbo…) où JP politise sa nullité, expose son machisme de beauf, déclenche des catastrophes en série, sur fond de racisme ordinaire, de violences policières, de ségrégation, de discours humanitaire, avec l’antisémitisme qui pourrait mettre tout ce beau monde d’accord… Et si le film le plus drôle de l’année était aussi le plus engagé politiquement ?

Une bombe

Si Tout simplement noir coréalisé par John Wax, s’apparente à une suite de sketchs, avec des guests prestigieux, l’écriture est tellement fine et le propos tellement osé qu’ils permettent de passer sur certains passages plus faibles. En cette période de cancel culture et de politiquement correct, Zadi ose tout et c’est à ça qu’on le reconnaît.

Les noirs se traitent de Bounty, devisent sur l’esclavage, se complaisent dans la victimisation, le communautarisme… Une bombe ! C’est juste énorme et des secousses d’un rire salutaire vous saisissent de façon quasi-ininterrompue. C’est bien sûr un plaisir de voir tous ces comédiens (mention spéciale à Kassovitz, Eboué ou Lucien Jean-Baptiste), s’épanouir dans un film aussi drôle qu’important qui évoque le génie subversif et sans concession des Britanniques Sacha Baron Cohen ou Ricky Gervais.

Mais Tout simplement noir est aussi et surtout la révélation du talent pur et magique de Jean-Pascal Zadi. 1, 93 m de mollesse, un corps élastique, des dents plein la bouche, JPZ bouscule et dépoussière la vieille comédie française avec ce film casse-gueule et énorme.

Avec sa bonne tête et son sourire ravageur, son corps qui lévite, même quand trois flics le plaquent au sol, un genou sur le cou, comme George Floyd, JPZ s’impose, avec une vis comica atomique, entre Bourvil et Pierre Richard.

Le monde de demain lui appartient…

Sortie : 8 juillet 2020 – Durée : 1h30 – Réal. : Jean-Pascal Zadi et John Wax – Avec : Jean-Pascal Zadi, Fary, Caroline Anglade… – Genre : comédie – Nationalité : Française

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