The Gentlemen
Par Jean-Pascal Grosso
Douze ans après Rock’n Rolla, Guy Ritchie revient à ce qui lui sied le mieux : un conte gangstériste et londonien où le haut du pavé des mauvais garçons fricote avec ceux des bas-fonds dans une atmosphère aussi insidieuse qu’endiablée.
Par Jean-Pascal Grosso
Après avoir passé ses études à vendre de la drogue à ses amis friqués, l’Américain Mickey Pearson (Matthew McConaughey) a fait fortune comme pape de la drogue au Royaume-Uni. En s’alliant à des lords désœuvrés, il a pu ainsi multiplier les plantations illicites de cannabis à travers toute l’Angleterre, protégé par son fidèle et spirituel garde-du-corps Raymond (Charlie Hunnam).
Mais alors qu’il se détend dans un pub, Mickey semble être victime d’une froide exécution. Un journaliste fouineur, Fletcher (Hugh Grant), se déclare prêt à déballer toute l’affaire. A moins que son silence soit acheté à prix d’or…
Retour aux sources
Après le sympathique Rock’n Rolla (2008), Guy Ritchie s’éloignait de son terrain de prédilection, celui du film de gangster anglais, pour aller chasser sur les contrées du film en costumes (les deux très fructueuses aventures de Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr, le navrant Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur et du cinéma d’espionnage (Agents très spéciaux : Code UNCLE, petite merveille sixties malheureusement boudée par le public).
Suite à deux méchants revers au box-office, à l’exception du « hors cadre » Aladdin, Ritchie, autant par goût que par un sens compréhensible de la sécurité, revient à ses premières amours : celles d’Arnaques, Crimes et Botanique (1998) et de Snatch : Tu braques ou tu raques (2000). Vous êtes toujours bien à Londres où les fortunes diverses et les petites frappes des rues se toisent de loin. De nos jours, les disparités semblent plus profondes encore et les appétits plus féroces que jamais.
Triades et sauvageons
Avec The Gentlemen, Guy Ritchie reprend donc là où il en était. Ses gangsters sont toujours aussi élégamment sapés (impérial Matthew McConaughey), son humour même routinier reste très incisif, ses coups de sang vous en collent encore plein l’écran.
Quelques petits changements ici et là tout de même : la mafia chinoise est venue mettre son grain de sel dans le porridge des british voyous habituels et les bandes bigarrées de « racailles » du Londres des mal lotis s’invitent à semer la zizanie à coups de Mixed Martial Arts. Ajoutez-y, pour relier tous les (excellents) acteurs de cet opéra à flingues en ut, un Hugh Grant en journaliste et maître chanteur bedonnant (les groupies nostalgiques de Coup de foudre à Notting Hill vont risquer le collapsus) prêt à tout pour obtenir le maximum, financièrement parlant, de cette ténébreuse affaire.
L’occasion pour le metteur en scène de tirer à boulets rouges sur la presse tabloïd qui resserra brièvement sur lui ses griffes du temps de son très médiatique mariage avec Madonna.
Aussi revigorant qu’une stout
L’imbroglio est là. Les saillies sont là. Tout comme l’action et la bande-son au cordeau. Du cinéma pop-corn au parfum de Fish & Chips. Bien sûr, le spectateur pourra regretter comme un systématisme chez Guy Ritchie, ce sentiment de déjà-vu, d’une formule ressassée : arnaques + humour + (ultra) violence ; son E=MC2 à lui. Mais le réalisateur/conteur est bien dans ses baskets d’orchestrateur d’une histoire foutraque et prise de pouls roublarde d’une voyoucratie anglaise moderne protéiforme (y compris les sinistres et jeunots knife gangs montrés lors d’une séquence expéditive).
Tout le monde s’y amuse y compris Colin Farrell en sorte d’assistant social bonhomme mais d’une dangerosité vite révélée. Sans oublier une passionnelle histoire d’amour pour les cœurs plus tendres. Le résultat, même vite passé, reste aussi épais et revigorant qu’une stout !
Sortie : 5 février 2020 – Durée : 1h53 – Réal. : Guy Ritchie – Avec : Matthew McConaughey, Hugh Grant, Charlie Hunnam… – Genre : comédie – Nationalité : Américaine
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