Le comédien Daniel Brühl (Good Bye, Lenin!, Rush, Inglourious Basterds) passe derrière la caméra pour un premier film au ton original, Next Door, qui sort aujourd’hui en salle. Le jeune réalisateur alterne les genres, tout en livrant une mise en abîme savoureuse du métier d’acteur. Une première œuvre prometteuse.

Par Grégory Marouzé

Daniel Brühl

Avec son physique de jeune premier, Daniel Brühl s’est imposé au début des années 2000 comme l’un des comédiens européens les plus demandés à travers la planète. Né à Barcelone, il se fait remarquer avec le sympathique, mais quelque peu surestimé film allemand Good Bye, Lenin! (2003). S’ensuivent Joyeux Noël (2005) de Christian Carion, Inglourious Basterds (2009) de Quentin Tarantino, 2 days in Paris (2007) et 2 days in New York (2012) de Julie Delpy, puis de nombreux autres.

C’est dans le formidable Rush (2013), l’un des meilleurs films de Ron Howard, que Brühl fait sa mue de comédien. Jusque-là un peu falot, il incarne dans ce film un époustouflant Niki Lauda. Depuis, Brühl n’a pas déçu. Il lui fallait sans doute de la maturation et de l’expérience pour gagner en épaisseur, échapper à sa personnalité d’éternel gendre idéal.

Première réalisation

Avec Next Door, Daniel Brūhl s’aventure dans une mise en abîme du métier de comédien (son personnage s’appelle Daniel). On le découvre dans un appartement luxueux, préparant minutieusement, tel un véritable rituel, son petit déjeuner, discuter avec la gouvernante espagnole qui s’occupe de ses enfants, puis prendre un café au bistrot du coin, avant de décoller pour le tournage d’un film de superhéros.

Il va faire la connaissance de Bruno, personnage d’abord désagréable, qui s’avère tout autant attachant, que singulier et inquiétant. Brühl ne fait pas de cadeau aux acteurs, et encore moins à lui-même : il raille la prétention de certains comédiens (si deux personnes s’approchent de Daniel, il croit d’emblée qu’elles veulent un selfie avec son “auguste personne”), leur souci maladif de séduction, de contrôle de leur image, leur personnalité autocentrée.

Daniel Brühl s’amuse, et nous amuse, en donnant vie à ce petit bonhomme qu’il rend, savoureusement, plutôt antipathique.

La première partie de Next Door s’apparente à une comédie caustique, avant que le film ne prenne le virage du thriller psychologique, quand Bruno, voisin de Daniel, dévoile nombre de détails sur sa vie privée.

Huis clos

La quasi-totalité de Next Door prend la forme d’un huis clos. La mise en scène est carrée, les effets faciles de réalisation aux angles tarabiscotés sont écartés, la gestion de l’espace est maîtrisée, la direction d’acteurs à la hauteur (étonnant Peter Kurth, vu dans Good Bye, Lenin!, lui aussi). Pour un premier long-métrage, Next Door remplit largement le contrat. On est d’autant plus déçu que Brühl, ne tienne pas le pari du huis clos durant toute la durée du métrage.

A plusieurs reprises, il cède aux scènes d’extérieurs. D’un point de vue scénaristique, cela ne se justifie que pour aérer artificiellement le récit. Mais Next Door demeure un divertissement ludique et intelligent (le passé de l’Allemagne est évoqué, à travers la STASI) pour qu’on encourage à le découvrir en salles. Si ce premier film n’est pas un coup de maître, il dévoile une personnalité de cinéaste attachante et à suivre.

Sortie : Le 29 décembre 2021 – Durée : 1h328 – Réal. : Daniel Brühl – Avec : Daniel Brühl, Peter Kurth, Rike Eckermann, Aenne Schwarz… – Genre : Comédie – Nationalité : Allemande – Visuels : © Eurozoom

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