Par Tramber

Hamo, un vieux paysan vit chichement avec sa femme dans un village reculé d’Arménie. Mais bien qu’il ait à peine de quoi vivre, il rêve d’acquérir une Moskvitch, la voiture que lui avait promis feu le pouvoir soviétique. Il apprend qu’il y en a une à vendre près de chez lui.

L’actualité cinématographique nous assène des super-héros hystéros à tour de bras et le flot incessant des sorties ne laisse que peu de places – et de chances – aux productions plus intimes.

C’est dans ce contexte ultra difficile que Moskvitch mon amour, du réalisateur Aram Shahbazyan, va tenter de saisir sa chance de séduire le plus de monde possible.

Dès le premier plan, le décor est planté sans aucune ambiguïté, à la fois sur la dureté et la beauté du contexte, une maison quasi en ruine, une route défoncée, mais au loin les sublimes montagnes d’Arménie. C’est dans ce décor qu’Hamo court, il court après le bus qui va l’amener « en ville » pour récupérer le peu d’argent que son fils lui envoie chaque semaine.

Courir après son rêve

Cette vision du personnage principal qui court est une parfaite métaphore du film, « Hamo est un personnage qui se réveille un matin dans un monde totalement différent et qui se rend compte qu’il n’est plus utile, il a les rêves et le mode de vie d’une génération qui manquait de tout », déclare Shahbazyan à propos de son héros.

Et dans les rêves d’Hamo, il y a cette voiture, la Moskvitch, cette voiture du peuple que lui avait promis le pouvoir soviétique, la plus belle voiture du monde pour lui. Acquérir celle qui est à vendre dans le village voisin va vite devenir obsessionnel, elle est rouge, presque un rouge Ferrari et elle coûte… 800 dollars, autant dire une fortune.

La nostalgie soviétique

Aram Shahbazyan a fait ses classes à coup de documentaires et ça se sent. Moskvitch mon amour s’attarde certes sur son personnage principal, mais ne néglige pas le reste, son épouse, leur maison qui tient à peine debout, le village et ses habitants, des habitants qui sont tout aussi capables d’être solidaires comme manipulateurs, il y a de la vie, une vie qui tente de se frayer un chemin dans un contexte difficile, dur, éreintant même, et cette violence sociale rend ses personnages presque nostalgiques de l’URSS. A ce propos le réalisateur prononce les mots suivants : « La génération de Hamo vit une nouvelle ère mais n’est pas encore adaptée à ce nouveau monde ».

Shahbazyan traite tous les protagonistes de son film avec une précision étonnante et un regard presque ethnologique.

Obstination, joie, amour, douleur…

Certes il y a quelques longueurs et quelques répétitions mais on rigole, on s’émeut, on vibre et surtout on observe, on observe avec curiosité et plaisir.

Moskvitch mon amour parle de rêves, d’obstination, de douleur, de joie, d’amour… finalement tous les thèmes propres à l’humanité mais dans une configuration sociale difficile et propose un regard très profond sur la condition humaine.

Il faut aller le voir, ne serait-ce que pour prouver qu’on peut avoir raison de proposer autre chose que le gros de la production actuelle cinématographique, et trouver son public.

Sortie : 23 janvier 2019 – Durée : 1h27 – Réal. : Aram Shahbazyan – Avec : Martun Ghevondyan, Hilda Ohan, Frunkiz Amirkhanyan… – Genre : comédie – Nationalité : française, arménienne, russe

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