Mission Paradis
Se situant à la croisée des genres (comédie, film social, road movie), Mission Paradis s’inspire de la vie d’Asta Philpot, qui décida des personnes handicapées comme lui de fréquenter des bordels pour, enfin, connaître le plaisir physique, et rompre leur solitude. Se tenant loin des clichés, porté par des comédiens détonnants, une œuvre attachante.
Par Grégory Marouzé
Une histoire vraie qui inspire les réalisateurs
Asta Philpot souffre d’arthrogrypose, maladie congénitale très handicapante, qui limite les mouvements. Depuis plusieurs années, il milite pour que les handicapés aient accès à une vie sexuelle. Même si, pour cela, ils doivent avoir recours aux rapports physiques tarifés.
C’est en Espagne, en 2006, qu’Asta Philpot entend parler d’un bordel accueillant les handicapés. Il y perdra sa virginité. Il organise alors un voyage pour que d’autres personnes en situation de handicap puissent se rendre dans une maison close. Deux jeunes adultes l’accompagneront (un non-voyant et un jeune, paralysé à la suite d’un accident de moto). BBC1 les suivra pour le documentaire, For one night only (2007).
En 2011, le réalisateur Geoffrey Enthoven transpose cette histoire au cinéma, dans une œuvre de fiction. Il signe le beau film belge Hasta la Vista (2011). Le scénariste et producteur du film original, Mariano Van Hoof, coproduit aujourd’hui la version américaine.
Une comédie qui évite le mauvais goût
En bon professionnel, le chef opérateur et réalisateur Richard Wong (Colma : The Musical – 2006) sait qu’une comédie, pour être réussie, se doit d’être rythmée. Mission Paradis démarre sur les chapeaux de roues, pour ne connaître aucun temps mort. Le sujet étant casse-gueule, on pouvait craindre que Mission Paradis ne s’abime dans le mauvais goût.
Grâce à un script taillé aux petits oignons, le réalisateur évite cet écueil. Richard Wong insuffle de la personnalité à son film, ne craint pas de frayer avec un humour parfois limite, sur le fil du rasoir, sans jamais céder à la vulgarité. Un beau numéro d’équilibriste. L’arrivée du trio dans le bordel, est un vrai moment d’émotion (sans pathos), porté par des chansons françaises délicates (La Mélancolie de The Limiñanas …).
De bons comédiens
Soutenue par des comédiens énergiques, Grant Rosenmeyer (coproducteur également du film, vu dans La Famille Tanenbaum de Wes Anderson), Ravi Patel (Rencontrez les Patel, dans lequel il filmait sa famille, Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins), Hayden Szeto (Action ou Vérité), Gabourey Sidibe (Precious, de Lee Daniels), la comédie fait rire, autant qu’elle émeut.
Un divertissement qui fait réfléchir
On sort du film avec des interrogations plein la tête (la question de l’émancipation des handicapés, face à certains parents qui les infantilisent, est évoquée), et beaucoup moins de certitudes. Décidément, la comédie est un bon « véhicule » pour aborder des sujets de société importants, et délicats.
Mission Paradis, voilà du cinéma populaire intelligent, divertissant. De qualité !
Sortie : 2 juin 2021 – Durée : 1h46 – Réal. : Richard Wrong – Avec : Grant Rosenmeyer, Hayden Szeto, Ravi Patel… – Genre : Comédie – Nationalité : Américaine – Visuels : STAR INVEST FILMS FRANCE
En 2011, le réalisateur Geoffrey Enthoven transpose cette histoire au cinéma, dans une œuvre de fiction. Il signe le beau film belge Hasta la Vista (2011). Le scénariste et producteur du film original, Mariano Van Hoof, coproduit aujourd’hui la version américaine. Une comédie qui évite le mauvais goût En bon professionnel, le chef opérateur et […]