Stéphane, restaurateur au cœur du Pays Basque, échange quotidiennement sur Instagram avec Soo, une jeune sud-coréenne. Il décide de tout quitter pour la rejoindre. Un vide cinématographique absolu, à peine sauvé par Alain Chabat.

Par Tramber

Les plus jeunes d’entre vous doivent savoir qu’Alain Chabat est probablement l’homme le plus drôle et le plus subtil de France. Il restera à tout jamais dans mon cœur comme étant à l’origine d’immenses barres de rires à l’époque bénie des Nuls, le réalisateur de l’impeccable et imparable Astérix et Obélix : Mission Cléopatre, et le créateur du miracle télévisuel Burger Quiz.

Donc, je vois tous les films de/avec Alain Chabat.

Un réalisateur laborieux

Mais voilà, Eric Lartigau lui, ne boxe pas tout à fait dans la même catégorie.

Si le cinéaste français peut s’enorgueillir d’avoir réalisé quelques épisodes hilarants de la série H, et le burlesque Mais qui a tué Pamela Rose en 2002 avec Kad & O, il semble que ce dernier, à l’instar de Patrice Leconte en son temps, ait voulu quitter le registre de la comédie pure pour prétendre à un cinéma plus complexe. Résultat, le laborieux Prête-moi ta main en 2006 – avec déjà Alain Chabat – et, sommet du vide scénaristique et filmique, La Famille Bélier en 2014, film sauvé par la fraîcheur et la candeur de la chanteuse Louane, qui rassemblera toutefois plus de sept millions de spectateurs.

Une histoire téléphonée

Cette fois, Lartigau surfe sur les réseaux sociaux pour appâter le spectateur, et livre dès le titre du film, un hashtag qui à titre personnel, aurait déjà dû me faire un peu peur. Le début de #jesuislà affiche plein pot sur l’écran, la conversation d’Alain Chabat alias Stéphane, avec Soo, une jeune sud-coréenne qui peint des… arbres, un peu d’écologie en plus de la technologie, ça ne fait pas de mal. Stéphane est confronté à ses fils devenus grands et qui lui échappent. En 5 minutes chrono, on a déjà compris le film, mais non, ne me dîtes pas que Stéphane va tout quitter pour rejoindre Soo, que là-bas, en Corée du sud, il va prendre conscience de plein de choses, qu’il a un peu loupé sa vie de famille, que ses fils vont le rejoindre, et que tout ça va se recoller comme ça, par magie ? Non ? Et bien… si.

Eric Lartigau et le pourtant très talentueux Thomas Bidegain ont dû passer à peine une semaine à écrire une histoire si peu profonde et si superficielle que les bras, les yeux et les oreilles m’en sont tombés.

Le show Alain Chabat

En plus de la « fausse » modernité que Lartigau a voulu donner à son film, par le biais de cette conversation Instagram en surimpression permanente de l’écran, il a intégré à son casting Blanche Gardin, comédienne et humoriste au top de sa carrière, à qui, allez savoir pourquoi, il a offert un second rôle tout à fait anecdotique, là où un vrai duo avec Chabat aurait pu être savoureux et aurait autrement mieux porté le film.

Car le film est uniquement porté par Alain Chabat, et heureusement qu’il est là, avec tout son background chargé de Saturday Night Live et des Monty Python, il survole le film et fait le show avec son humour et son œil malicieux et cultive sa complicité avec le spectateur, un œil qui semble nous dire : « Bon OK, le film n’est pas top, mais comme on est là, essayons au moins de rigoler ». Et le fait est que l’on rigole un peu.

Mais à l’arrivée, quand le générique de fin se déroule « enfin », le constat d’un vide cinématographique absolu est édifiant, pas ou peu d’histoire, pas un embryon d’idée de cinéma ni de plan un peu travaillé, quant à l’émotion, elle avait sûrement quitté la salle avant moi.

Vite vu et encore plus vite oublié.

Sortie : 5 février 2020 – Durée : 1h38 – Réal. : Eric Lartigau – Avec : Alain Chabat, Doona Bae, Blanche Gardin… – Genre : comédie – Nationalité : Française – Belge

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