Par Tramber

Naïla Salah, une jeune étudiante d’Assas qui a grandi à Créteil, rêve de devenir avocate. Quand Pierre Mazard, un professeur connu et reconnu la rencontre, il ne se gêne pas pour déraper quant aux origines de la jeune fille. A défaut de passer un conseil, Mazard accepte de préparer Neïa au fameux concours d’éloquence. Une performance d’acteurs rare servie par une mise en scène et un scénario d’orfèvre.

Le pire n’est jamais décevant

Alors, autant commencer par ce qui peut fâcher. Quand on me demande d’aller voir un film dont l’histoire, est la rencontre entre un pseudo bourgeois de l’éducation et une fille de banlieue, le tout est mis en scène par Yvan Attal dont j’estime le talent de réalisateur à zéro, je me dis « merde, c’est bien ma veine ! ». Et je reste poli.

C’est donc dans cet état d’esprit là « du pire n’est jamais décevant » que la projection commence et que je me résous à subir l’heure et demie à venir.

Mais la surprise, la bonne, ne tarde pas. Dès le départ du film, il y a quelque chose qui ne ressemble pas aux films précédents d’Attal. Les premières scènes du métro, filmées caméra à l’épaule, installent une authenticité urbaine et une vivacité qui démontrent que le réalisateur a peut-être enfin muri et décidé de faire un film juste, à milles lieux de l’univers aseptisé de Ma femme est une actrice ou du grand-guignolesque Ils sont partout.

De la lumière aux mouvements de caméras, jamais excessifs, cette impression de proximité avec le spectateur restera présente tout au long du film. Et pour être tout à fait honnête, j’ai même douté qu’Attal soit vraiment le réalisateur de ce que je voyais. On est proche des acteurs, on fait presque partie du film.

Sur le plan formel, c’est donc une totale réussite pour Yvan Attal et son équipe technique dont notamment son directeur photo, Rémy Chauvin.

L’éloquence pour sujet

Sur le plan scénaristique, c’est du « quatre étoiles » également. Victor Saint-Macary, qui co-signe l’écriture avec Yvan Attal et Virgil Leclaire, est inspiré au delà des attentes de ce type de comédies. D’abord parce que la confrontation des classes sociales ou culturelles des personnages principaux, n’est finalement qu’une fausse piste et un prétexte pour offrir à Daniel Auteuil un de ses plus beaux rôles, et placer d’emblée, Camélia Jordana au rang des grandes actrices françaises. Cette confrontation ne sert que le vrai sujet du film : l’éloquence.

Car c’est toute l’intelligence de ce scénario qui aurait bien pu opposer toutes sortes de personnages autres que ceux ci, tous auraient fait l’affaire. L’éloquence n’est pas forcément innée et le milieu d’où l’on vient ne décide pas si on la possède ou pas.

Yvan Attal évite donc savamment l’écueil et surtout le piège, de construire un film caricatural ou la « beurette » et « l’intello bourru » vont se chamailler puis s’aimer façon « tout le monde est beau, tout le monde est gentil, vive le vivre ensemble ! ».

il y a beaucoup de subtilité et d’intelligence dans la progression de la narration. Progressivement, on en oublie l’opposition sociale de l’étudiante farouche et du professeur misanthrope, finalement, le propos n’est pas là : »Comment vivre ensemble », mais plutôt : « Comment on avance ensemble ?».

Si Daniel Auteuil n’a plus rien à prouver quant à sa palette, il l’offre ici dans toutes ses couleurs et Camélia Jordana, si personnellement, je cherchais sa voix en tant que chanteuse, elle semble ici, avoir trouvé sa voie d’actrice.

Le Brio est un état de grâce permanent, comme si le talent de tous ceux qui en sont à l’origine, avait été touché par une fée bienfaitrice.

Le Brio est un film sur la progression, sur l’association, Le Brio est un film brillant.

Date de sortie : 22 novembre 2017 – Durée : 1h35 – Réal. : Yvan AttalAvec : Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha… Genre : comédie – Nationalité : Française

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Mais la surprise, la bonne, ne tarde pas. Dès le départ du film, il y a quelque chose qui ne ressemble pas aux films précédents d’Attal. Les premières scènes du métro, filmées caméra à l’épaule, installent une authenticité urbaine et une vivacité qui démontrent que le réalisateur a peut-être enfin muri et décidé de faire […]