I feel good
Par Tramber
Jacques, un loser persuadé qu’il va réussir un jour, retrouve sa sœur Monique qui dirige une communauté Emmaüs. Leurs mondes vont s’opposer. Le meilleur film à ce jour du duo Delépine/Kervem.
Quand Brice de Nice et l’agent OSS 117 se retrouvent dans l’univers de Groland, cela donne Jacques, le personnage de Jean Dujardin, qui pourrait également être issu de la série Strip Tease. Jacques est un utopiste perché sur sa planète, avec un sens des réalités proche de zéro, qui n’aspire qu’à une seule chose : trouver l’idée simple et géniale qui le transformera en un homme riche.
Jean Dujardin, qui parfois a pu s’égarer avec peu de succès dans des films dits « sérieux », livre ici une prestation magnifique, tragi-comique et jubilatoire mais remplie de tendresse et de poésie. Il est à sa place comme aucun autre acteur n’aurait pu l’être. C’est une évidence que Dujardiin fait partie intégrante de l’univers des deux réalisateurs.
Cette tendresse et cette poésie que l’on retrouve dans tous les films du tandem Benoit Delépine et Gustave Kervem, qui encore mieux que d’autres, laissent leur caméra montrer une France que l’on ne voit quasiment jamais dans les médias, une France à la marge.
Mais ce qui fait la différence entre ce nouvel objet cinématographique difficile à identifier et les précédents opus du duo, réside dans l’écriture et les subtilités scénaristiques qui viennent là, servir admirablement une démarche formelle impeccable. Comme si les précédentes réalisations du duo : Mammuth avec Depardieu, Le Grand Soir avec Poelvoorde et Dupontel ou encore Near Death Experience avec l’écrivain Michel Houellebecq, n’avaient été que des brouillons pour finalement arriver à ce I Feel Good, tellement décalé mais tellement bien construit.
Ce regard bienveillant sur ce que certains appelaient « la France d’en bas », est également magnifiquement traduit par Yolande Moreau, qui nous propose une Monique nostalgique de ses parents disparus et tellement contente de retrouver son frère, qu’elle va aller jusqu’à l’improbable pour l’accompagner dans son délire et dans son utopie.
Des dialogues à la lumière, des faciès à la fois tristes et joyeux des personnages, de la musique aux cadrages, les réalisateurs font passer une émotion, voire plusieurs formes d’émotions, qui font de cette comédie, un manifeste humaniste bien plus efficace que n’importe quel discours.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, aucune niaiserie, aucun misérabilisme ni aucune démagogie ne se dégagent de cette œuvre qui sait, quand il le faut, s’avérer grinçante, cinglante mais toujours efficace et surtout positive et optimiste.
Je ne spoilerai évidemment rien ici, mais si à certains moments, on pense s’égarer légèrement, c’est un twist final exceptionnellement bien trouvé et totalement hilarant, qui termine cette histoire de retrouvailles, de familles et de regard sur les autres plus que sur soi.
A la sortie, on se sent « good » et humain, et en ces temps de xénophobie aigue, ça fait un bien fou !
Sortie : 26 septembre 2018 – Durée : 1h43 – Réal. : Benoit Delépine et Gustave Kervem – Avec : Jean Dujardin Yolande Moreau… – Genre : comédie – Nationalité : française
Cette tendresse et cette poésie que l’on retrouve dans tous les films du tandem Benoit Delépine et Gustave Kervem, qui encore mieux que d’autres, laissent leur caméra montrer une France que l’on ne voit quasiment jamais dans les médias, une France à la marge. Mais ce qui fait la différence entre ce nouvel objet cinématographique […]