MOURIR PEUR ATTENDRE
Cascades, doudou et bourre-pifs. Une pub interminable avec 50 placements de produits où Daniel Craig, en état de mort cérébrale – sauve le monde en baillant. Ronfler peut attendre ?
Par Marc Godin
Déprogrammé depuis près de deux ans, Mourir peut attendre, la cinquième et ultime aventure du 007 incarné par Daniel Craig, débarque enfin sur les écrans pour sauver le cinéma et faire revenir le public en salles.
Pour la faire courte, on dira simplement que la déception est à la hauteur de l’attente…
Caïpirinhas, Dolby Atmos et dermato
Mourir peut attendre raccorde parfaitement au médiocre Spectre, ce qui n’est pas forcément une bonne idée. Après avoir jeté aux oubliettes l’insupportable Christoph Waltz, caricature de méchant geignard, atteint de diarrhée verbale, James Bond coule des jours heureux avec Madeleine Swann et prend sa retraite (à 52 ans, c’est moche).
Sur la tombe de Vesper Lynd, à Matera, des nuisibles Gomora Style avec des coupes de cheveux ad hoc se rappellent à son bon souvenir, à grands coups d’explosions en Dolby Atmos.
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Madeleine l’aurait-elle trahi, that is ze question ? Cinq ans plus tard, des mercenaires dérobent une arme bactériologique genre Covid Triple A et enlèvent un savant russe rigolo, tandis que Bond sirote des caïpirinhas en Jamaïque et que son permis de tuer 007 a été attribué – horreur – à une femme. Va-t-il revenir dans le game, exploser les nuisibles, retrouver un doudou et sauver le monde du méchantrèsméchant Lyutsifer Safin, qui devrait faire procès à son dermato ? Le suspense est insoutenable…
Le scénario peut attendre
Le problème numéro 1 de Mourir peut attendre, c’est son scénario. On sait maintenant que Quantum of Solace a été tourné sans script finalisé et il semble évident que ce 25e opus de Bond a dû connaitre des problèmes du même ordre.
Il y a quatre scénaristes au générique, ce qui est rarement bon signe, des grosses cascades en voitures et à moto, des fusillades, des bisous et du brushing, des dialogues originaux (« My name is Bond. James Bond ! »), des Aston Martin, des smokings, des gadgets, des bourre-pifs, sans oublier du placement de produits pour 50 marques dont Adidas, Bollinger, Triumph ou Omega.
Ce n’est plus un film, c’est un best-of, 007 pour Les Nuls, mais sans aucun humour, avec en bonus un ton crépusculaire, des envolées shakespeariennes et quelques touches psychanalytiques, qui évoquent l’ambiance de Dark Knight, la trilogie de Christopher Nolan.
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A l’époque de #MeToo, les producteurs ont également pensé que 007 ne pouvait plus consommer des femmes comme dans les années 60 et ils ont embauché Phoebe Waller-Bridge, qui a écrit Fleabag et Killing Eve.
Désormais, Bond est monogame et romantique et on lui a adjoint deux agents… femmes, Nomi (Lashana Lynch) et Paloma (Ana de Armas). Le résultat est au-delà de la misogynie la plus crasse. Lashana Lynch n’a ni rôle, ni personnalité, elle est simplement une femme noire qui a le permis de tuer, et qui joue les utilités. Quant à la superbe Ana de Armas, cinq minutes de présence à l’écran, que fait-elle ? Du kung-fu avec une robe fendue jusqu’en haut des cuisses, comme dans les pires productions Luc « J’ai pas de culotte » Besson. C’est vraiment une femme qui a écrit ça ?
Daniel Craig aux abonnés absents
Derrière la caméra, Barbara Broccoli a choisi Cary Joji Fukunaga comme Yes Man, après des « désaccords artistiques » avec Danny Boyle. Réalisateur de la série True Detective, Fukunaga est tout bonnement incapable de torcher correctement la moindre scène d’action (pour s’en persuader, il suffit de comparer avec Casino Royale ou même Skyfall).
La photo crépusculaire de Linus Sandgren, chef opérateur de Damien Chazelle, est ahurissante de laideur, la mise en scène illisible. Le blockbuster à 250 millions de dollars se transforme en gros mélo où Daniel Craig, comme absent au film, tire la gueule, planqué derrière ses lunettes de soleil. Est-ce que parce qu’il a lu le scénario ou qu’il a du mal à respirer, boudiné dans son costard slim taille 34 ? A la fin, il y a une énorme surprise, mais cela fait 2H 40 que tout spectateur normalement constitué a décroché…
Sortie : Le 6 octobre 2021 – Durée : 2h43 – Réal. : Cari Joji Fukunaga – Avec : Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek … – Genre : Action – Nationalité : Américaine – Britannique
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Sur la tombe de Vesper Lynd, à Matera, des nuisibles Gomora Style avec des coupes de cheveux ad hoc se rappellent à son bon souvenir, à grands coups d’explosions en Dolby Atmos. A LIRE AUSSI : MOURIR PEUT ATTENDRE EST-IL UN FILM MAUDIT ? Madeleine l’aurait-elle trahi, that is ze question ? Cinq ans plus tard, des mercenaires […]