Par Marc Godin

Une gentille ballerine russe devient une espionne fatale dont l’arme ultime est… le sexe. Violence crade et érotisme désuet : Jennifer Lawrence au pays des Soviets. очень плохой фильм.

Dominika Egorova porte une chapka en fourrure, parle anglais avec un gros accent de téteur de vodka et s’occupe de sa vieille mamouchka malade. C’est sûr, Jennifer Lawrence est Russe, qui plus est danseuse étoile au Bolchoï. Lors d’une représentation de L’Oiseau de feu de Stravinsky, un partenaire indélicat lui pète le tibia. Fracture ouverte, fini le tutu !

Bientôt, le Bolchoï menace de l’expulser de son appart et de ne plus payer les soins de sa pov’ moman. C’est sûr, les merdes volent en escadrille, même à Moscou. Arrive l’oncle Vania (le scénariste a, au choix, des lettres, de l’humour ou du bol) qui ressemble à un clone dépressif de Poutine et turbine au KGB. Avec une idée machiavélique derrière la tête (normal, c’est un espion russe), il la piège et propose de lui laisser la vie sauve si elle devient un « Sparrow » (moineau) : un agent d’élite destiné à éliminer, avec ses charmes, mesdames messieurs, les ennemis de la Patrie.

Dominika, la blanche colombe, intègre alors l’école des sparrows, sous la direction de la Kapo-maquerelle en chef, Charlotte Rampling, qui balance des phrases définitives comme « Tout être houmaiи est une mosaïque de besoins. Vous devez deveиil la pièce mâиquâиte. » L’entraînement est super difficile : il faut se déshabiller devant tous les autres apprentis-tapins ou s’envoyer en l’air sur le bureau la dirlo avec un collègue.

Mais Dominika a une excuse : « Ils m’oиt doииé le choix, moulil, ou devenil un moiиeau. » Très vite, elle devient un moineau discipliné, se déshabille en moins de 5 secondes et porte de sous-vêtements en dentelle. Tremblez vipères lubriques et ennemis de la mère Russie. Pas de bol, dès sa première mission à Budapest, elle tombe amoureuse d’un suppôt du capitalisme, agent US super musclé.

Entre deux séances de striptease, Dominika doit vivre sa romance, affronter un espion méticuleux qui découpe ses victimes avec un économe à légumes (j’te jure), confondre un traitre dans les plus hautes sphères du gouvernement et surtout tenter de survivre à des répliques hallucinantes comme : « Tu nous soulpâsses tous. Le zeul problème est que tu as une âââme. »

Jennifer Lawrence et Matthias Schoenaerts © Twentieth Century Fox

Red Sparrow, c’est du nanar grand cru, l’Everest de la bêtise, n’importe quoi, n’importe comment, et ce pendant… 2H 21. Derrière la caméra, Francis Lawrence, réalisateur venu du clip, déjà auteur plusieurs volets de Hunger Games et de Je suis une légende, version Will Smith. Ici, il adapte paresseusement un roman paresseux d’un ex agent de la CIA et suit les aventures asthmatiques d’une Mata Hari moderne.

En résumé, c’est filmé à la faucille, réalisé sous encéphalite bovine, le scénariste somnole, les acteurs semblent sous tranxene (mention spéciale à Charlotte Rampling et Jeremy « J’ai-des-impôts » Irons). Même les décors jouent mal. Il n’y a pas d’action mais un suspense vintage (lire chiant) et le seul argument marketing du film, c’est que Jennifer Lawrence exhibe son fessier rebondi lors d’une « séquence d’anthologie ».

Pendant tout le film, je n’ai cessé de me demander pourquoi cette talentueuse actrice, découverte dans l’excellent Winter Bones, et maintenant tout en haut de la chaîne alimentaire hollywoodienne, pouvait se compromettre dans un tel navet, alors qu’elle peut initier n’importe quelle production ? C’est clairement un « Jennifer Lawrence movie », mais pourquoi cette militante féministe, qui s’est déchaînée quand ses selfies coquins ont été balancés sur le net, se balade constamment à poil, dans des scènes prétendument sexy mais totalement gratuites ?

Son jeu d’actrice se résume à baisser sa culotte (en soie), remettre sa culotte, tout en écarquillant les yeux… Pathétique ! Pourquoi ces scènes complaisantes de viol et de torture, des séquences où elle se fait ouvrir, mutiler, saccager ? Car en plus de son insignifiance, Red Sparrow est abject dans sa complaisance dans la violence, la torture. Les Russkofs sont des fourbes, des nuisibles, des psychopathes (pléonasme) et se paient du bon temps en tuant leurs ennemis ou en les torturant à petit feu à la Top Chef. J’ai l’impression que pendant la période la plus frigorifique de la Guerre froide, les cinéastes n’osaient pas filmer de telles immondices. C’est con, complaisant, sexiste, belliqueux, voire xénophobe.

Le nanar de l’année ?

Date de sortie : 4 avril 2018 – Durée : 2h21 – Réal. : Francis Lawrence  – Avec :Jennifer Lawrence, Matthias Schoenaerts, Charlotte RamplingGenre : suspense – Nationalité : Am&ricaine

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