Ashkal, l’enquête de Tunis
See Mag a un gros coup de cœur pour Ashkal, l’enquête de Tunis (sortie le 25 janvier), le premier long-métrage de Youssef Chebbi. Dans ce film coproduit par la France et la Tunisie, le réalisateur alterne les genres, passant du thriller politique au cinéma fantastique. Une réussite !
Par Grégory Marouzé
Né en 1984, Youssef Chebbi n’en est pas vraiment à son galop d’essai. Il a déjà signé deux courts-métrages, Vers le Nord et Les Profondeurs, ainsi qu’un documentaire, Babylon (aucun rapport avec le film de Damien Chazelle), en coréalisation avec Ismael Chebbi et Alaeddine Slim.
Ces expériences expliquent sans doute la maîtrise dont le jeune cinéaste fait preuve dès l’ouverture d’Ashkal, l’enquête de Tunis. Youssef Chebbi installe d’emblée une ambiance sombre, avec quelques plans larges paradoxalement étouffants. Le spectateur pénètre alors dans un film anxiogène, qui ne lui laissera aucun répit.
Codes du cinéma policier
Ashkal, l’enquête de Tunis, se construit sur les codes classiques du cinéma policier. Dans les Jardins de Carthage, quartier de Tunis créé par le gouvernement Ben Ali, et dont la construction a été brutalement stoppée au début du Printemps arabe, deux flics, Fatma et Batal, découvrent un corps calciné. Les deux enquêteurs vont se confronter à une affaire tordue et complexe.
A l’opposé des clichés sur le Maghreb
Si Youssef Chebbi semble marqué par le travail de cinéastes comme Michael Mann, il n’a pas la prétention de rivaliser avec une production américaine (son film ne se situe pas dans la même économie).
Pour autant, Ashkal, l’enquête de Tunis révèle un vrai talent pour mettre en scène l’espace et la géographie de décors assez peu utilisés dans les cinémas du Maghreb. Chebbi s’oppose aux clichés en filmant un environnement principalement urbain, en déshérence (immeubles en construction à l’abandon, rues vides…).
Film de terreur
Porté par les interprétations fiévreuses de l’acteur Mohamed Houcine Grayaa et de la danseuse Fatma Oussaifi, Ashkal, l’enquête de Tunis est un film ouvertement politique et engagé. Youssef Chebbi attaque frontalement la corruption, les flics, un État qu’il considère comme policier.
Passant volontairement, et avec la même réussite, d’un genre à un autre, Ashkal, l’enquête de Tunis bascule dans sa conclusion dans le pur film de terreur, de fantômes, et de morts-vivants. Les cinémas des subversifs John Carpenter et George A. Romero ne sont pas loin. Coup d’essai, coup de maître !
Sortie : le 25 janvier 2023 – Durée : 1h31 – Réal. : Youssef Chebbi – Avec : Fatma Oussaifi, Mohamed Houcine Grayaa, Rami Harrabi… – Genre : Suspense – Nationalité : Franco-tunisienne
Codes du cinéma policier Ashkal, l’enquête de Tunis, se construit sur les codes classiques du cinéma policier. Dans les Jardins de Carthage, quartier de Tunis créé par le gouvernement Ben Ali, et dont la construction a été brutalement stoppée au début du Printemps arabe, deux flics, Fatma et Batal, découvrent un corps calciné. Les deux […]