Par Marc Godin

Le premier fait d’armes de Han Solo. Du n’importe quoi, raconté n’importe comment : ou comment flinguer en 2h 15 un héros mythologique d’une des plus belles sagas du 7e art.

Dans l’espace, personne ne vous entend ronfler…

Vache à lait de chez Disney, Star Wars est devenu une machine à cash, une franchise qu’il faut rentabiliser au maximum avec un long-métrage tous les ans. Un Star Wars tous les deux ans qui alterne avec un spin off, mais aussi une série télé, des jeux, et milliards de jouets… Pour l’instant, le bilan est plus que mitigé avec un Réveil de la force, signé J. J. Abrams, ultra-déceptif, Les Derniers Jedi, bien plus satisfaisant et le très malin Rogue one. Aujourd’hui, Disney décline une série de films sur les héros iconiques de la saga et commence avec la star cool et sexy, Han Solo. Et c’est un naufrage, le vide sidéral, un trou noir.

Pour ne pas trop se casser, les deux scénaristes ont torché une origin story, qui se situe juste avant Episode IV (comme Rogue). Une très mauvaise idée car pour les fans, Han Solo, c’est Harrison Ford.

On se contrefout de connaître sa jeunesse, surtout si c’est seulement pour découvrir que Solo aime les blousons taille XS, les grosses créatures poilues et aime piloter des bolides de l’espace. Harrison Ford, avec sa fougue, son charisme, son look de pistolero, ses vannes, avait construit un héros mythique, avec une belle histoire qui court sur quatre films, bref, tout ce qu’il y avait à dire a déjà été dit…

Paresse et bêtise

Ici, le jeune Solo rêve de devenir le meilleur pilote de la galaxie. Il s’acoquine avec quelques flibustiers de l’espace et se retrouve impliqué dans le vol d’un supercarburant pour une organisation mafieuse, l’Aube écarlate, soutenue par l’Empire. De fait, le script allie paresse et bêtise, et le scénariste ne semble intéressé que par quelques points saillants de la vie de son héros : la rencontre avec Chewbacca, l’embrouille avec Lando, comment Solo chope le Faucon Millenium… Bref, le service minimum, sans enjeu narratif, ni personnages forts ou coups de théâtre.

Pourtant, le scénariste n’est autre que l’excellent Lawrence Kasdan, scénariste des Aventuriers de l’arche perdue et du meilleur épisode de Star Wars, L’Empire contre-attaque. En toute petite forme depuis une vingtaine d’années, Kasdan, qui avait déjà bousillé l’Episode 7, est ici associé à son fiston, et les deux hommes moulinent du grand n’importe quoi. On apprend que Chewie a 190 ans, qu’il a rencontré Solo lors d’une baston dans la boue, pris avec lui une douche embarrassante… Une succession de scènes d’une ahurissante banalité, du rien décliné à l’infini et ce pendant 2h 15. Pour faire genre, il y a quelques apparitions de persos iconiques, ou des répliques comme celle-ci plutôt marrante, entre un des héros et un robot revendicateur, L3 (lire Free, humour) :
– What do you want ?
– Equal rights !

Une série télé cheap à 150 millions de dollars

Derrière la caméra, monsieur Disney a placé un yes man, Ron Howard, après avoir viré les talentueux Phil Lord et Chris Miller pour « différences créatives » (c’te blague). Ron Howard est capable du meilleur (enfin pas trop mauvais) comme Apollo 13, mais surtout du pire : Da Vinci Code, Inferno, Au cœur de l’océan, Anges et démons, Rush… Même son doc sur les Beatles était une purge. Ici, il invente la série télé cheap à 150 millions, se contente de mettre les personnages au milieu du cadre et… c’est tout. Le directeur de la photo, Bradford Young (Premier contact, A most violent Year) tente de limiter la casse, mais visuellement, c’est aussi excitant qu’un téléfilm roumain tourné par un presbyte. Il y a 20 producteurs, plus de 30 assistants réalisateurs, une armée d’infographistes et pas une idée de cinéma, pas un plan intéressant.

Bon, pour terminer, je pourrais vous dire que les acteurs – tous insipides – semblent autant s’ennuyer que le spectateur et qu’Alden Ehrenreich, au charisme de bulot, ne ressemble absolument pas à Harrison Ford, ce qui est quand même un poil problématique.

Du cinéma balek, oublié dès la sortie de la salle.

Sortie : 23 mai 2018 – Durée : 2 h 15 – Réal. : Ron Howard – Avec : Alden Ehrenreich, Woody Harrelson, Emilia Clarke… – Genre : science fiction – Nationalité : Américain

Et SEE tu partageais cet article ?

On se contrefout de connaître sa jeunesse, surtout si c’est seulement pour découvrir que Solo aime les blousons taille XS, les grosses créatures poilues et aime piloter des bolides de l’espace. Harrison Ford, avec sa fougue, son charisme, son look de pistolero, ses vannes, avait construit un héros mythique, avec une belle histoire qui court […]