Avengers : Endgame
Par Marc Godin
Le dernier combat des Avengers, ou comment vaincre le titan Thanos et ramener à la vie trois milliards d’être humains. La suite attendue d’Infinity War : un gros spectacle bourrin, peu inspiré et (inter)minable.
Quasiment un an après la sortie triomphale d’Infinity War, voici donc Endgame, 22e film Marvel, magnum opus de Disney, attendu comme le messie par les fans et les geeks rondouillards du monde entier.
Endgame reprend juste après le snap de Thanos et l’éradication de 50% de l’humanité, dont une bonne partie des super-héros. Les deux tâcherons Christopher Markus et Stephen McFeely, « scénaristes » de No Pain no Gain, Le Monde de Narnia ou Thor : le monde des ténèbres, tentent de générer un tant soit peu de suspense, mais tout est ultra-prévisible dans cet épisode interminable de 3h 02 (182 minutes).
Pour preuve, la première séquence. On découvre Clint Barton/Hawkeye en train d’apprendre le tir à l’arc à ses enfants lors d’un pique-nique bucolique. La musique au kilomètre d’Alan Silvestri se fait plus sombre et on se doute très vite que la petite famille d’Hawkeye va partir en fumée…
Et c’est ce qui se passe, sous vous applaudissements, mesdames, messieurs. On devrait verser une larme, mais on a déjà envie de bailler. C’est le premier problème d’Endgame : chaque spectateur normalement constitué a au moins 15 minutes d’avance sur le film.
Beaux rôles pour les absents d’Infinity War
On sait très bien que les vaches à lait de Marvel-Disney ne peuvent pas VRAIMENT être mortes et que certains acteurs ont décidé d’arrêter les marvelleries après Endgame. Les gratte-papier se contentent donc de mettre en avant les absents d’Infinity War, à savoir des persos comme Ant-Man ou Hawkeye, donnent des rôles plus conséquents à la Veuve noire, Nébula, Hulk ou le Faucon. Ils jonglent plus ou moins mal avec la temporalité (mais je ne vais pas vous spoiler les quelques surprises du film) et jouent la carte de l’humour (retrouver Thor en alcolo lebovskien, transformé en outre à bière, en fera peut-être rire certains).
L’idée, c’est de mettre la pâtée à Thanos, faire revivre les trois milliards de morts, ciseler une bataille épique entre les héros et les hordes de méchants et préparer l’après-Avengers, avec la mort forcément touchante de certains personnages et leur remplacement par d’autres moins connus. Ce n’est plus un scénario, c’est un cahier de charges, avec en plus des considérations foireuses sur la vieillesse, la famille, la mort, toussa ! Et une réplique, forcément anthologique, « Je t’achèterai plein de cheeseburgers » à un môme qui vient de perdre son papounet. Mais bon, pourquoi utiliser les centaines de scénarios passionnants-épatants-épiques-déchirants des comics de chez Marvel quand on peut faire bosser deux tocards incapables d’avoir une idée inédite ? Oui, pourquoi ? C’est une bonne question.
Pas de réalisateur derrière la caméra
L’autre (gros) problème d’Endgame s’appelle les frères Russo. Tu as 11 producteurs, 14 assistants réalisateurs, probablement 1000 artistes digitaux des meilleures boîtes de SFX du monde entier (ILM, Weta…) et personne derrière la caméra.
Alors oui, il y a une grosse baston épique à la fin, tournée probablement avec une dizaine de caméras par des stagiaires, mais une nouvelle fois chez les Russo, l’action est absolument illisible. Pas de montée en puissance, pas une image iconique, pas une séquence excitante. C’est moche et pathétique comme du Michael Bay, alors qu’il faudrait la force tellurique d’un Peter Jackson ou la poésie 2.0 des Wachowski.
Avec la conviction d’un notaire constipé
Même le premier Avengers (2012), signé Joss Whedon, avait autrement plus de gueule. Ici, tu as l’impression que tu assistes au dernier épisode d’une série télé. Il y a des bons sentiments, des persos qui meurent avec des torrents de violon, plus de dialogues insipides que dans une telenovela, mais pas un plan de cinéma ! Que des acteurs filmés plein cadre qui déclament des fadaises avec la conviction d’un notaire constipé.
A la fin de la projection, les fans et les geeks rondouillards avaient l’air contents, voire extatiques pour certains. Ils ont eu ce qu’ils étaient venus chercher. Des explosions, des situations convenues, des vannes sur la bière ou Retour vers le futur, des conseils sur la façon de se comporter avec son popa ou sa moman, un clin d’œil à Stan « The Man » Lee et cette réplique tordante sur les cheeseburgers.
J’ai l’impression que cela leur suffit…
Sortie : 24 avril 2019 – Durée : 3h01 – Réal. : Joe Russo et Anthony Russo – Avec : Robert Downey Jr, Chris Evans, Mark Ruffalo… – Genre : science-fiction – Nationalité : américaine
Et c’est ce qui se passe, sous vous applaudissements, mesdames, messieurs. On devrait verser une larme, mais on a déjà envie de bailler. C’est le premier problème d’Endgame : chaque spectateur normalement constitué a au moins 15 minutes d’avance sur le film. Beaux rôles pour les absents d’Infinity War On sait très bien que les vaches […]