First Love, le dernier yakuza
Par Jean-Pascal Grosso
Une histoire d’amour naissante entre deux âmes perdues sur fond de banditisme tokyoïte. Mi-comédie romantique, mi-polar martial, le dernier Takashi Miike est une petite merveille de cinéma pop maîtrisé au plus haut point.
Particulièrement prolifique et incroyablement versatile, Takashi Miike utilise sa caméra avec la même fureur que les héros de sa saga Dead or Alive leurs armes automatiques. Son cinéma – près d’une centaine de longs-métrages – va puiser dans tous les genres, tous les sens, tous les rythmes ; du film de super-héros au chambara en passant par des œuvres trash de jubilante mémoire (Visitor Q, Ichii the Killer…).
Cet insaisissable touche-à-tout (théâtre, séries télévisées, publicités…) signe avec First Love, le dernier yakuza une nouvelle et belle surprise. Une comédie des erreurs à la sauce nippone mâtinée de règlements de compte sanglants et de scènes de combat mémorables.
Une aventure insensée
Jeune boxeur prometteur, Leo (Masataka Kubota) apprend qu’il est condamné par une tumeur au cerveau. Le soir même, il tombe sur Monica (Sakurako Konishi), fille perdue poursuivie par le policier ripoux Otomo (Nao Ohmori). C’est le début d’une aventure insensée sur laquelle viennent se greffer yakuzas manipulateurs, triades assoiffées de vengeance, une vénéneuse tueuse chinoise et des représentants de l’ordre franchement débordés…
Un exercice cinématographique virtuose
Mise en scène léchée, scénario à tiroir, personnages hauts en couleurs, passage animé… Ce qui étonne, dès les premiers plans de First Love, le dernier yakuza, c’est l’application avec laquelle Takashi Miike, 59 ans, son réalisateur, démiurge même, transforme ce qui ne pourrait être qu’une banale série B policière en un exercice cinématographique virtuose (au même titre que l’excellente copie rendue en 1989 par Takeshi Kitano avec Violent Cop).
Il y a un fond comique perpétuel dans ce jeu du chat et de la souris – un yakuza tente de doubler ses patrons et provoque une guerre des clans avec la mafia chinoise – sous l’ombre apocryphe de la Loi de Murphy. Tout ce que la poignée de personnages centraux entreprennent dès lors tourne à la catastrophe pour le grand régal des spectateurs.
Sous la carapace de Miike, un cinéaste punk
De l’humour débridé donc ajouté à un rythme endiablé et à des scènes martiales parfaitement réglées (dont l’orgie de combats finale au cœur d’un supermarché fermé la nuit). Cette bombinette sur grand écran prend des allures de feu d’artifice qui, après une ultime course-poursuite, se clôt sur un plan d’une limpidité et d’une beauté apaisantes.
De quoi faire comprendre, même aux plus néophytes, que sous la carapace de Miike, cinéaste le plus « punk » du Japon, brille un de ses faiseurs les plus habiles et emballants.
Sortie : 1er janvier 2020 – Durée : 1h48 – Réal. : Takashi Miike – Avec : Masataka Kubota, Nao Ohmory, Shota Somentani… – Genre : policier – Nationalité : Japonaise
Une aventure insensée Jeune boxeur prometteur, Leo (Masataka Kubota) apprend qu’il est condamné par une tumeur au cerveau. Le soir même, il tombe sur Monica (Sakurako Konishi), fille perdue poursuivie par le policier ripoux Otomo (Nao Ohmori). C’est le début d’une aventure insensée sur laquelle viennent se greffer yakuzas manipulateurs, triades assoiffées de vengeance, une […]