Simetierre
Par Marc Godin
Confronté à la mort de son enfant, un père de famille va tenter de le faire ressusciter. Un classique de Stephen King réanimé avec mordant et soin.
Simetierre est l’adaptation d’un classique de Stephen King, un remake qui plus est et c’est… une très bonne surprise. Une série B horrifique remarquablement usinée et surtout qui fait peur. Très peur.
Reprenons du début.
A l’origine, Simetierre est un bouquin écrit en 1983 par le King de l’épouvante. Un bouquin terrifiant, sur la plus grande douleur qu’une personne puisse éprouver, la perte de son enfant et l’impossibilité du deuil. Bien sûr, comme on est chez King, il y a un cimetière indien, des chats maléfiques, des zombies pas gentils… Entre deux coups de scalpel, il est question de culpabilité, de douleur, de la difficulté de survivre aux défunts et d’enfants morts qui reviennent à la vie. Pire qu’un roman, un véritable trauma ! En 1989, la clippeuse Mary Lambert (ne cherchez pas, elle n’a rien réalisé d’autre) signe la première adaptation de ce bouquin réputé inadaptable.
L’ambiance est poisseuse à souhait, dépressive, la réalisatrice filme plein cadre un enfant mort qui vient se bouffer du vivant. Bref, l’adaptation est réussie et le film fout vraiment les jetons.
Sous le signe de la culpabilité
Trente ans plus tard, la Paramount se dit qu’elle pourrait peut-être piquer un maximum de pognon aux mômes fans de production de Jason Blum et autres Insidious 28. Au scénario, Matt Greenberg (Chambre 1408, Le Règne du feu) et Jeff Buhler (Midnight Meat Train), pas vraiment des cadors.
Pourtant, la narration est très soignée, il y a une belle montée en puissance de la terreur, un changement de perso très surprenant (malheureusement révélé dans la bande-annonce), des surprises pour les fans qui connaissent déjà le livre et/ou le premier film, des flash-backs insoutenables sur la sœur de l’héroïne transformée en monstre par une maladie, cloîtrée dans sa chambre. Et les deux scénaristes placent le film sous le signe de la culpabilité qui détruit inexorablement les personnages. De la belle ouvrage.
Un aller simple au cimetière
Derrière la caméras, deux cinéastes pour le prix d’un, mesdames messieurs. Kevin Kölsch et Dennis Windmyer, responsables d’une poignée de courts-métrages et d’une ou deux séries Z. Sans génie mais avec beaucoup d’efficacité, ils nous emmènent pour un aller simple au cimetière indien, un paysage quasi lunaire, hanté par la mort et les démons (production design signé Todd Cherniawsky, déjà au boulot dans Avatar ou La Guerre des mondes).
Ils parviennent à générer de très beaux moments de frousse (ah, ce petit scalpel) et s’offrent même une séquence d’anthologie avec la sœur dans le monte-charge-de-la-mort-qui-tue. Ils ont également une idée simple, mais TRES bonne : diriger de bons acteurs. De fait, un film d’horreur comme celui-ci ne marche que sur l’indentification et le spectateur doit se sentir un minimum concerné quand les parents voient leur môme se faire écrabouiller pour un 35 tonnes.
Des acteurs fabuleux
Impossible avec les comédiens-ectoplasmes de la version de 1989. Ici, Ami Seimetz, vue dans un Alien, et l’épatant Jason Clarke (Zero dark Thirty, First Man ou La Planète des singes : l’affrontement) sont absolument fabuleux en parents terrassés par le chagrin. Si le film fonctionne et t’emmène vers un twist final aussi zinzin que rigolo, c’est aussi et surtout grâce à eux.
A une époque où le cinéma d’horreur se souille dans sa médiocrité (Annabelle, Paranormal Activity, Insidious…), ou se touche avec du film de genre à message (les très surestimé Get out et Us), voici donc une œuvre modeste et old school qui génère pendant 100 minutes un sentiment d’inquiétante étrangeté, réserve quelques jump scares et scènes d’effroi tétanisantes.
Pas mal pour un remake dont on n’attendait rien…
Sortie : 10 avril 2019 – Durée : 1h41 – Réal. : Kevin Kölsch et Dennis Widmeyer – Avec : Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lightgow… – Genre : horreur – Nationalité : américaine
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