Lorsqu’Edna, la matriarche de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans la maison familiale pour la retrouver. Peu après son retour, alors que le comportement d’Edna devient instable, les deux femmes sentent une présence insidieuse dans la maison… Relic, portrait de trois femmes d’âges différents, traité sous la forme d’un film de terreur, est un vrai choc !

Par Grégory Marouzé

Produit par Jake Gyllenhaal

Natalie Erika James, réalisatrice nippo-australienne de 30 ans, signe avec Relic son premier long-métrage. Dès son ouverture, avec générique chiadé, et photographie gothique de Charlie Sarroff, on sent qu’on va assister à la naissance d’une cinéaste.

Coproduction entre l’Australie et les Etats-Unis (les frères Russo, réalisateurs de Avengers : Endgame, et l’acteur Jake Gyllenhaal, sont de la partie), Relic dresse le portrait de trois générations de femmes : la grand-mère, la mère, et la fille – incarnées par les impeccables Robyn Nevin, Emily Mortimer et Bella Heathcote -. Se joue dans le film l’avenir d’une mère qui s’avance de façon inexorable vers la folie et la mort. Des questions cruciales se posent alors pour Kay, et sa fille, Sam.

Sous l’influence d’Ingmar Bergman ?

Relic renvoie aux plus noirs des films d’Ingmar Bergman. On envisage que le maître suédois fut une influence pour Natalie Erika James. On pense à Cris et Chuchotements (1972), autre portrait de femmes, où la solitude, le désespoir, les secrets, la maladie, révèlent les névroses, mènent à la démence, aux violences, à la finitude.

Ainsi, Relic commence tel un drame, pour s’achever en une tragédie dont ne serait pas exclu, paradoxalement, une forme d’espoir (contrairement à bien des œuvres de Bergman).

Peu à peu, Natalie Erika James fait surgir l’horreur du quotidien. Des phénomènes paranormaux semblent faire leur apparition, la maison prend vie (à moins qu’elle ne meure). Relic se mute en un film de terreur. L’angoisse, la peur, montent crescendo, et nous laissent exsangue.

A l’image d’Ari Aster (Hérédité, Midsommar) et, dans une moindre mesure, Jonathan Glazer (Birth, Under the skin), Natalie Erika James laisse des éléments scénaristiques et de violence, hors champ. Avant qu’elle ne fasse exploser une violence graphique, que ne renierait pas le Dario Argento (Suspiria – 1977) des grands jours.

Un premier film d’une maturité impressionnante

Inspiré à la cinéaste par une histoire personnelle (sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer ne la reconnut pas, quand elle lui rendit visite), Relic impressionne tant par sa maturité d’écriture, que de mise en scène. Le fond contamine la forme. La forme contamine le fond. In fine, Relic est un grand film sur l’abandon, le poids de la culpabilité, la solitude des femmes, leur courage.

Renaissance du fantastique australien ?

Alors que le fantastique australien, l’un des meilleurs au monde, dans les années 70-80, avec le mouvement de la Ozploitation (Mad Max, Next of Kin, Harlequin, Long week-end …) n’est plus, Relic lui offre une belle résurrection.

En 2014, Jennifer Kent avait impressionné avec Mister Babadook (on attend toujours qu’un distributeur français sorte son second opus : The Nightingale). Aujourd’hui, Natalie Erika James fait un baptême du feu impressionnant. Il est cocasse qu’un genre, qui fut l’apanage des hommes, renaisse peu à peu de ses cendres grâce aux femmes.

Sortie : 7 octobre 2020 – Durée : 1h 29 – Réal. : Natalie Erika James – Avec : Robyn Nevin, Emily Mortimer, Bella Heathcote…  – Genre : Horreur – Nationalité : Américaine – Australienne – Distribution : Star Invest Films France

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