Eloise quitte les Cornouailles pour étudier à la London School of Fashion. À son arrivée, elle commence à avoir des visions nocturnes de Sandy, une starlette des années 1960 dont les rêves de star et sa relation difficile avec son manager la conduisent sur un chemin sombre et violent. Edgar Wright signe là une fable noire et fascinante servie par deux actrices éblouissantes.

Par Thomas Leduc

Après un controversé Baby Driver et avant son remake de The Running Man, c’est le retour d’Edgar Wright au cinéma horrifique, genre qu’il avait exploré avec une belle réussite pour son Shaun of the Dead en 2005 qui mettait en scène Simon Pegg aux prises à des zombies peu sympathiques en plein cœur de Londres.

Et c’est à nouveau Londres qui est le décor de Last Night in Soho, mais en partie en mode ville fantôme.

En effet, avec un scénario écrit par la plume de Kristy Wilson-Cairns, déjà scénariste du 1917 de Sam Mendes, Wright divise en deux la capitale britannique, une contemporaine que vit Eloise sublimement incarnée par Thomasin McKenzie, et une autre moitié, qui nous plonge dans les années 1960 au travers de la non moins éblouissante Anya Taylor-Joy alias Sandy, la chanteuse débutante qui rêve de célébrité.

Fan des sixties

La jeune designer Eloise est une vraie fan des années 1960 ; elle idolâtre Twiggy, Audrey Hepburn et tous les artistes dont la voix intemporelle est pressée sur ses disques. Son amour de la mode vintage, associé à son talent naissant, l’a amenée à Londres, où elle se retrouve en décalage total face à des étudiants aux allures plus « branchées ». Le mépris de ces derniers fait s’éloigner d’eux Eloise, qui va finir par atterrir dans un studio d’enregistrement au nord du quartier de Soho dirigé par Miss Collins, jouée par Diana Rigg dans sa dernière apparition au cinéma. Une relation très forte et spirituelle va s’installer entre les deux femmes.

Un casting parfait

Au-delà d’une réalisation sans « presque » de failles, Wright met ici en scène un casting en or massif avec ses deux rôles principaux. D’abord Taylor-Joy, qui après ses performances dans Split, Glass et surtout la série Le Jeu de la Dame pour Netflix, continue ici de fasciner avec son regard hypnotique.

Mais également de McKenzie, déjà magnifique dans le très réussi Leave no Trace, dont la culpabilité et le chagrin pour sa mère qui s’est suicidée lorsque Eloise n’avait que sept ans, vont peu à peu l’amener sur un chemin compliqué et des visions très sombres.

Féministe

Dans ses visions, Eloise est tout autant attirée par l’ascension difficile de Sandy que par ses autres héroïnes de l’époque, mais le film se dirige très rapidement vers un discours féministe et là où Wright et sa scénariste auraient pu livrer une fable glamour et idéaliser le London des années 1960, ils dérivent vers le genre horrifique pour faire passer un message douloureux sur la violence masculine intergénérationnelle.

À travers un spectre macabre de traumatismes allant des menaces encadrées avec désinvolture d’un chauffeur de taxi contemporain aux tourments qui accompagnent la carrière de Sandy dans les boîtes de nuit, les deux femmes vont toutes les deux être amenées à une attitude extrême.

Noir c’est noir

L’ambiance sombre, voire très noire du long-métrage, est renforcée par la lumière sans égale de Chung Chung-hoon, chef-op fétiche du Coréen Park Chan-Wook, ce dernier fait se transporter le spectateur d’une époque à une autre avec une noirceur délicieuse mais également terrifiante.

A l’arrivée Last Night in Soho souffre toutefois de quelques longueurs inutiles et d’un discours légèrement trop radical, toutefois, pour les fans du genre et des sixties, le nouveau long-métrage de Wright les satisfera et on restera longtemps fasciné par la performance des deux comédiennes principales, qui laisse présager d’un très bel avenir, on attend notamment avec impatience le Furiosa de George Miller avec Anya Taylor-Joy.

Allez voir Last Night in Soho et vous ne percevrez plus Londres de la même manière !

#OnIraTousAuCinéma

Sortie : Le 27 octobre 2021 – Durée : 1h57 – Réal. : Edgar Wright – Avec : Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Matt Smith… – Genre : Horreur – Nationalité : Americano-britannique

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