American Nightmare 4 : les Origines
Par Marc Godin
Non seulement ce quatrième volet d’« American Nightmare » est une série Z, mais en plus, il dispense une idéologie nauséabonde. Le pire film de l’année ?
La « saga » American Nightmare raconte comment, une nuit par an, le gouvernement US autorise la population à commettre n’importe quel crime, surtout les plus complaisants, afin de garantir la paix sociale le restant de l’année. A part le pitch de départ, c’est du nanar de compétition, du n’importe quoi, filmé n’importe comment, avec « en même temps » (©LREM) un pseudo message politique, entre deux scènes d’équarrissage à la scie égoïne.
Du concentré de nullité crade made in Jason Blum. Ici, le scénariste James DeMonaco (auteur du Négociateur et du remake d’Assaut, ce n’est plus une filmo, c’est un naufrage !) invente un prequel et donne à voir la première purge, une idée du gouvernement d’extrême droite, « les Nouveaux pères fondateurs », pour laisser éclater la rage des habitants pendant une nuit et réguler la violence tout le reste de l’année.
Cette première purge est présentée comme une expérience scientifique et se déroule dans l’espace confiné de Staten Island, parmi une population défavorisée.
Mais comme la sauce ne prend pas, le gouvernement envoie secrètement une armée de mercenaires faire un carton sur les habitants. Caïd sans merci, D va défendre son territoire pied à pied, avec quelques potes dealers et voisins.
Tout était déjà dit dans le premier
Si le scénario de ce quatrième volet est aussi mauvais, c’est que tout déjà était dit dans le premier, en mieux et de façon plus subversive. American Nightmare ne parlait pas d’un futur hypothétique, mais de l’Amérique des années 00, d’une Amérique repliée sur elle-même, qui ne jure que par le droit au port d’arme, une Amérique parano, hystérique.
Les tueurs masqués du film n’étaient ni des racailles, ni des junkies, mais des étudiants anonymes, des yuppies blondinets hilares, purs produits d’une époque ravagée par le culte de l’autodéfense et la fascination des armes qui butaient des pauvres et des SDF. Des monstres ordinaires, qui faisaient vraiment froid dans le dos.
Le problème ici, c’est que James DeMonaco joue la surenchère putassière avec une espèce de message politique faisandée. Et là, ça ne passe plus ! Nous sommes dans un futur proche, et clairement, « les Nouveaux pères fondateurs » sont des clones de Donald Trump. Attention, ça dénonce sévère ! Et DeMonaco balance son message : l’Amérique est gouvernée par des fascistes, des tueurs de noirs et de pauvres, et brode autour de Black lives matter.
Donc, TOUS les blancs sont des nazis (parfois même dans de beaux costumes en cuir), des assassins, des psychopathes. Et dans le plus pur style blaxploitation, les noirs, même le chef des dealers qui bute ses rivaux d’une balle dans la tête, sont des super-héros ultra cool. D’ailleurs, pour faire du buzz et vendre son machin, le producteur très roué Jason Blum balance des punchlines comme : « Donald Trump ne cesse de dire : ‘Armons les professeurs’. Je le verrais bien dire : ‘Laissons les gens tirer sur qui ils veulent pendant douze heures’ ».
Ah ouais, ce n’est donc pas un film d’horreur cheap et mal branlé, mais une œuvre politique qui questionne le présent et balance sur l’Amérique raciste de Trump ? Et pour dire quoi, les blancs sont méchants, les noirs sont résilients ? Le tout avec sous la forme d’un long clip pour la NRA, avec une fascination atroce pour les gros calibres, bref, tout ce que le film est prétendument censé combattre. Le racisme, la montée du fascisme, la violence, ça mérite un peu mieux que ce truc crapoteux au QI négatif, non ?
Une réalisation invisible
A la pauvreté du script, s’ajoute une réalisation catastrophique. Le débutant Gerard McMurray est incapable de filmer convenablement une scène d’action ou de parlotte. Lors de la première apparition de l’héroïne, Nya, une activiste qui harangue les foules (4 figurants) perché sur le capot d’une voiture, McMurray multiplie les angles et mouvements de caméra. Il y en a au moins dix différents et aucun ne fait sens.
J’ai l’impression que ce tocard a regardé Assaut de John Carpenter en boucle, mais tout ce qu’il fait est frappé du sceau de la nullité crasse. Il n’y a pas une idée de mise en scène, pas un plan de cinéma, ce qui l’intéresse, c’est quand son dealer de héros tombe la chemise, montre ses gros muscles et égorge ses ennemis à la machette, dans un flot de sang numérique. Il n’est pas aidé par ses acteurs, des débutants qui écarquillent les yeux comme au temps du cinéma muet, sans la moindre lueur d’intelligence dans le regard, et Marisa Tomei, qui devait avoir des arriérés d’impôt, semble s’ennuyer ferme.
Bref, du rien étalé sur 1H 39, zébré de scènes bien sadiques. American Nightmare 4, c’est du nanar bas de plafond, très con, dangereux. Con, c’est un défaut. James DeMonaco en a fait un métier. A fuir !
Sortie : 4 juillet 2018 – Durée : 1h42- Réal. : Gerard McMurray – Avec : Y’lan Noel, Lex Scott, Marisa Tomei… – Genre : horreur – Nationalité : américaine
Mais comme la sauce ne prend pas, le gouvernement envoie secrètement une armée de mercenaires faire un carton sur les habitants. Caïd sans merci, D va défendre son territoire pied à pied, avec quelques potes dealers et voisins. Tout était déjà dit dans le premier Si le scénario de ce quatrième volet est aussi mauvais, […]