Un jour de pluie à New York
Par Marc Godin
A Manhattan, un étudiant flambeur et désinvolte court après sa fiancée délurée. Hasards, tentations et marivaudages : Woody Allen renoue avec la comédie désenchantée.
Le 53e film de Woody Allen a connu un accouchement difficile. Les acteurs Timothée Chalamet, Elle Faning et Selena Gomez ont refusé d’en assurer la promo et le film, produit par Amazon, ne sera pas distribué aux USA.
Terminé depuis un an et demi, Un jour de pluie à New York débarque enfin en France et Woody, 83 ans, retrouve Manhattan, l’horloge-carillon du zoo de Central Park, les taxis jaunes et cette ronde d’intellos new-yorkais névrosés et/ou trompés.
Dans cette comédie romantique qui swingue comme un vieux vinyle de Gershwin, Woody s’invente un nouvel alter-ego, Gatsby, étudiant intello exilé par sa mère dans une fac à plusieurs centaines de kilomètres de New York, un flambeur volubile qui préfère le jazz et le poker à ses études.
Alors que sa fiancée doit interviewer pour le journal de la fac un réalisateur dépressif à New York, Gatsby organise un petit week-end en amoureux, mais, bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Le couple va-t-il survivre à l’épreuve des tentations de la ville ?
La petite musique de Woody
Comme toujours, Woody fait entendre sa petite musique. C’est léger, délicieux, les répliquent claquent (« Ma coloc pense que tu es la meilleure chose avec la pilule du lendemain »), on se trompe, on se quitte, on s’embrasse sous la pluie, on parle à toute vitesse, on fait de drôles rencontres dans un musée ou sur un tournage dans la rue, la chaste héroïne se retrouve nue sous son imper…
On pense à Tchekhov et Marivaux, mais c’est du pur Woody – en mode mineur – où planent les fantômes de Manhattan ou d’Annie Hall. Les acteurs ne jouent pas, ils lévitent, ils dansent et évoquent les fantômes de Cary Grant, Katharine Hepburn, Fred Astaire ou Ginger Rogers. Bref, ça se sirote comme un vieux bourbon, de 30 ans d’âge, notamment grâce à la lumière mordorée de Vittorio Storaro (Apocalypse now).
Et soudain, vers la fin, la confrontation-révélation entre le héros et sa mère, incarnée par Cherry Jones, fait basculer le film, qui se termine en laissant un goût de cendres dans la bouche.
Merci Woody.
Sortie : 18 septembre 2019 – Durée : 1h32 – Réal. : Woody Allen – Avec : Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez… – Genre : drame – Nationalité : Américaine
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