Rebecca
Côte d’Azur, une jeune femme tombe amoureuse de Maxim de Winter, un riche aristocrate. Ils se marient et retournent vivre dans le manoir familial en Angleterre, mais la gouvernante, Mme Danvers, est déterminée à garder vivant l’esprit de l’ex-Mme de Winter, Rebecca.
Par Thomas Leduc
Double défi
Netflix continue de tracer le sillon du long-métrage en plus des innombrables séries que la plateforme produit. Et cette fois, le géant du streaming a relevé un double défi : d’abord celui difficile d’adapter le roman Rebecca de l’auteure britannique Daphné du Maurier, publié en 1938, mais également celui de ne pas décalquer l’adaptation qu’Alfred Hitchcock en a fait au cinéma en 1940 avec le couple mythique Joan Fontaine et Laurence Oliver en tête d’affiche.
Le casting de cette nouvelle mouture n’est sur le papier, pas inintéressant, puisque composé de Lily James, déjà vue dans Baby Driver d’Edgar Wright, et Armie Hammer, star entre autres de Call Me by Your Name, les deux comédiens étant accompagnés par l’impeccable actrice britannique Kristin Scott Thomas, qui incarne ici l’infâme gouvernante Mme Danvers.
Quant à la réalisation de cette version revisitée, elle a été confiée à Ben Weathley, déjà auteur du film de science-fiction High Rise.
Adapter le livre, plus que faire un remake
De prime abord, le spectateur se dira que justement, la réalisation de Weathley, plutôt habitué au registre du cinéma indépendant, pêche par son manque d’originalité, tant le cinéaste refuse les effets de style, ce dernier ayant d’ailleurs déclaré qu’il « adaptait le roman mais qu’il ne refaisait pas le film d’Hitchcock ».
Et il est évident que la mise en scène ne varie pas du récit du roman, et là où Hitchcock mettait l’accent sur les « relations toxiques » à une époque où le terme n’était pas encore à la mode, Weathley lui, se contente de filmer ses personnages, certes dans des situations pour le moins inconfortables, mais en oubliant d’y ajouter cette petite pincée de soufre qu’on aurait voulu sentir.
Cette sensation un peu « lisse » est également accentué par la lumière du chef-opérateur Laurie Rose, qui pourtant avait su créer une ambiance des plus inquiétantes dans le Simetierre de 2019.
Un casting plutôt séduisant
Reste un casting plutôt séduisant, même si Armie Hammer semble un peu jeunot pour incarner le mondain Maxim de Winter, mais son jeu subtil et l’alchimie qui semble se dégager de son couple avec Lily James, donnent à cette romance contrariée, l’épaisseur nécessaire.
Pour finir avec cette distribution malgré tout assez soignée, Kristin Scott Thomas incarne à la perfection une Mme Danvers vicieuse à souhait, et qui s’amuse clairement à jouer la méchanceté et à balancer quelques tirades savoureuses à tout ceux qui tentent d’entraver son parcours nostalgique et sa tentative de réhabilitation du fantôme de Rebecca.
Comme beaucoup de films produits par Netflix, il manque ici un producteur capable d’imposer une ligne claire et un part-pris, et même si Ben Weathley indique ne pas avoir voulu adapter Hitchcock, l’ombre de ce dernier, plane tout au long du film et elle pèse de tout son poids.
Un spectacle sympathique pour le petit écran mais qui n’aurait pas fonctionné au cinéma.
Sortie : depuis le 21 octobre 2020 sur Netflix – Durée : 2h 02 – Réal. : Ben Weathley – Avec : Lily James, Armie Hammer, Kristin Scott Thomas… – Genre : drame – Nationalité : Américaine
Quant à la réalisation de cette version revisitée, elle a été confiée à Ben Weathley, déjà auteur du film de science-fiction High Rise. Adapter le livre, plus que faire un remake De prime abord, le spectateur se dira que justement, la réalisation de Weathley, plutôt habitué au registre du cinéma indépendant, pêche par son manque d’originalité, […]