Médecin de nuit
Mickaël est médecin de nuit. Enlisé dans une vie compliquée qui l’oblige à composer avec sa femme, sa maîtresse, son cousin trafiquant de médicaments, une nuit, il va vouloir reprendre le contrôle de son existence. Un grand film noir, dense et tendu signé par Elie Wajeman avec un Vincent Macaigne magistral.
Par Tramber
Ce film est un chef-d’œuvre
Le réalisateur français Elie Wajeman, avec ce troisième long-métrage, bascule dans une nouvelle dimension et frappe très fort en proposant non seulement le portrait d’un médecin de nuit, mais également celui d’une ville, Paris, qui de tous les plans, instaure une ambiance de quasi-huis clos, accompagnant l’errance nocturne et existentielle de Vincent Macaigne alias Mickaël.
A ce propos, concernant la préparation de son tournage, le cinéaste déclare : « J’ai suivi un médecin que je connaissais pendant des nuits et des nuits. Nous arpentions Paris dans des quartiers populaires : 19e, 20e, 13e arrondissement. Chaque entrée chez un patient était pleine de suspense. Je me demandais à chaque fois dans quel type d’appartement nous allions tomber ! Et sur qui ».
Scorsese et Winding Refn planent sur le film
C’est dans ce soucis de réalisme que Wajeman a entrepris une œuvre largement teintée de réalisme, et qui le rapproche sans exagération de l’univers de Martin Scorsese dans sa période new-yorkaise des années 1970-80 -on pense à Taxi Driver ou A tombeau ouvert, mais aussi à la comédie After Hours – et également de celui de Nicolas Winding Refn, la narration de Médecin de nuit ponctuée d’accès de violence saisissants rappelant bien entendu celle de Drive.
En dehors de ces références prestigieuses, Wajeman porte également son discours sur l’humain. Ici, l’humain est médecin, pharmacien, patient, trafiquant, toxicomane, inquiet, honnête, menteur, et cette avec toutes ses contradictions, ses pulsions, ses tensions et sa violence, que Mickaël est amené à des questionnements existentiels qui vont déclencher chez lui, la volonté de faire un ménage dans sa vie afin de se recentrer sur ce qu’il considère forcément comme son « essentiel », à savoir sa femme et ses deux filles.
Une écriture tout en profondeur
Wajeman ne s’est pas contenté de soigner l’aspect formel de son film. Il a co-écrit son scénario avec Agnès Feuvre, déjà auteure du très réussi Diamant Noir en 2016. Le duo d’écriture n’a pas opéré en surface mais bien en profondeur, et chaque personnage de la narration, est gratifié d’une densité rare.
La lumière, passage obligé pour réussir l’ambiance d’un long métrage, n’est pas en reste, et a été dirigée par le chef-opérateur David Chizallet, dont le talent s’est déjà appliqué sur Mustang et Le Sens de la Fête. Il impose lui aussi un réalisme et une certaine poésie à cette ambiance nocturne parisienne aux antipodes de sa réputation de « ville lumière ». Ici, chaque ampoule ou réverbère s’apparente à un danger plus qu’à un réconfort.
Un acteur d’exception
Mais Médecin de nuit, c’est surtout la confirmation d’un acteur d’exception. Si les seconds rôles sont admirablement portés par Pio Marmaï – un fidèle du réalisateur – Sarah Giraudeau ou encore Sarah Le Picard, c’est bien au travers d’un Vincent Macaigne tout simplement magistral que le film existe pleinement.
Le comédien apporte à la fois puissance et sensibilité à son personnage, et explore avec son immense talent les tréfonds de l’être humain qui obligera le spectateur à ne pas apporter un jugement radical sur un Mickaël se débattant comme il le peut, dans ses problèmes. Finalement, une métaphore de la vie de beaucoup de gens.
Médecin de nuit est clairement une réussite, un film à ne vraiment pas rater, et après sa vision, vous ne regarderez plus votre carte Vitale de la même manière.
Ce film est un chef-d’œuvre.
Sortie : 16 juin 2021 – Durée : 1h22 – Réal. : Elie Wajeman – Avec : Vincent Macaigne, Pio Marmaï, Sarah Giraudeau… – Genre : Drame – Nationalité : Française – Distribution : Diaphana
Scorsese et Winding Refn planent sur le film C’est dans ce soucis de réalisme que Wajeman a entrepris une œuvre largement teintée de réalisme, et qui le rapproche sans exagération de l’univers de Martin Scorsese dans sa période new-yorkaise des années 1970-80 -on pense à Taxi Driver ou A tombeau ouvert, mais aussi à la […]