Dans un avenir proche, la population féminine a disparu décimée par un virus. Un père et sa fille, unique rescapée du genre, tentent d’évoluer dans cet univers hostile et violent. Casey Affleck signe un conte apocalyptique, poétique, et rempli d’une émotion à fleur de peau sur la transmission.

Par Tramber

Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour comprendre que Casey Affleck est un acteur à part, l’homme, assez peu bavard, ne trempe pas vraiment dans le blockbuster et livre régulièrement des performances ou l’ambiguïté et l’existentialisme priment sur l’allégresse. Ce fut notamment le cas pour L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, ou encore le très puissant Manchester by the Sea.

Mais Casey Affleck ne fait pas que l’acteur et passe parfois derrière la caméra, et après le « faux » documentaire I’m Still Here en 2011, qui mettait en scène un Joaquin Phoenix abandonnant le cinéma pour devenir un rappeur, il revient ici, avec une véritable fiction à la fois pleine de dureté et d’émotions.

Papa

Dans un futur proche où la population féminine a été rayée de la planète, un père tente de protéger Rag, sa jeune fille, unique rescapée. Ils évoluent comme ils peuvent dans un monde ultra hostile et uniquement dominé par les instincts primaires. C’est dans ce cadre pour le moins déstabilisant, que « Papa » essaye de maintenir un quotidien insouciant et une complicité avec sa fille ?

Ecrite, conçue et tournée bien avant la pandémie actuelle, on ne pourra donc reprocher au frère de Ben d’avoir été opportuniste, pour cette fable apocalyptique, que la promotion compare aux Fils de l’Homme et Leave no Trace, liste à laquelle on pourrait rajouter La Route, l’adaptation réussie du magnifique bouquin de Cormac McCarthy.

La survie des êtres

Avec la triple casquette de producteur, réalisateur et acteur, Casey Affleck mène son film avec talent et alterne sensibilité à fleur de peau, comme la première séquence sublime dans laquelle « papa » raconte une histoire à Rag, et des scènes tendues entre angoisse de situation et combats brutaux motivés par la survie des êtres.

C’est beau et inquiétant, notamment grâce à la photographie du chef-opérateur Adam Arkapaw, déjà à l’œuvre sur Le Roi avec Timothée Chalamet et la série de Jane Campion, Top of the Lake, le tout est servi par un duo de comédiens incroyables : Affleck bien sûr, mais aussi la jeune canadienne Anna Pniowsky, qui à seulement 13 ans, livre une performance poignante dans laquelle, à travers son personnage de Rag, on voit poindre un avenir de femme forcément forte, et peut-être bien l’avenir de l’homme.

Prendre son temps à raconter une histoire

La présence presque fantomatique d’Elisabeth Moss n’est pas pour rien dans la réussite de cette œuvre, que certains spectateurs pourront parfois trouver un peu longue, mais en ces temps hystériques, prendre son temps à bien raconter une histoire est bienvenu, et Affleck prend son temps, et le prend bien.

A mille lieues d’un Hollywood qui semble avoir vendu son âme aux dieux des super-héros, Casey Affleck continue de tracer une route parallèle, certes non dénuée de défauts, mais dont las sensibilité touchera le cœur du spectateur en plein centre.

Sous couvert d’une trame apocalyptique, Light of my Life explore avec talent différents univers : la transmission, le féminisme, la nature viscérale de l’homme, sans jamais faire la morale, et sans jamais sombrer dans la sensiblerie.

C’est beau et émouvant, c’est donc une très bonne raison d’aller au cinéma.

Sortie : 12 août 2020 – Durée : 1h59 – Réal. : Casey Affleck – Avec : Casey Affleck, Anna Pniowsky, Elisabeth Moss… – Genre : drame – Nationalité : Américaine

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