Les sept de Chicago
1968, une manifestation pacifique en marge de la Convention démocrate se transforme en un affrontement mortel entre des policiers et la Garde nationale. Les organisateurs sont accusés de complot et d’incitation aux émeutes, leur procès sera l’un des plus célèbres de l’histoire des Etats-Unis.
Par Tramber
Depuis déjà quelques années, la rengaine « le cinéma c’était mieux avant » semble se répandre comme une traînée de poudre dans les mots des critiques et cinéphiles du monde entier, et si on peut déplorer un « lissage » des blockbusters ou une certaine uniformisation des histoires racontées, le cinéma de maintenant offre quand même quelques talents et personnalités brillantes, Aaron Sorkin en fait partie et il faut lui rendre justice.
Scénariste virtuose des Hommes d’Honneur avec Tom Cruise en 1992, du Stratège de Bennett Miller ou encore de l’immense Social Network de David Fincher, Sorkin ne limite pas son talent à l’écriture, parfois il empoigne une caméra, ce fut le cas en 2017 pour Le Grand Jeu avec Jessica Chastain et Idris Elba, et en 2020, c’est sur Netflix qu’il débarque, avec son deuxième long métrage, qui s’attaque à un pan célèbre de l’histoire de la justice sociale aux Etats-Unis, le procès des sept de Chicago.
Un casting luxueux
Avec un casting luxueux composé entre autres de Yahya Abdul-Mateen, Joseph Gordon Levitt, Michael Keaton, Eddie Redmayne, ou encore Sacha Baron Cohen, qui prouve ici une fois de plus qu’en dehors de ses talents subversifs, il peut être un grand acteur, Sorkin arrive à nous entraîner dans une sorte de tourbillon cinématographique et contestataire.
Pour son long-métrage, le scénariste et réalisateur ne s’est pas seulement entouré d’une distribution impressionnante, il a également fait appel au directeur photo grec Phedom Papamichael, déjà responsable de la superbe ambiance du Mans 66, qui arrive ici à créer une lumière totalement immersive pour le spectateur.
Une immersion renforcée par une impressionnante véracité dans la réalisation, Sorkin ayant insisté auprès de la production pour tourner sur les lieux-même du procès : « Je ne vois pas comment nous aurions pu faire le film maintenant si nous n’avions pas tourné à Chicago » a-t-il confié à la presse américaine.
Un procès historique
Car l’authenticité et la véracité sont les mots-clés de ce film, qui cinq décennies après les faits, raconte l’histoire de sept accusés par le gouvernement fédéral, de complot après que des manifestations ont éclaté à la Convention nationale démocrate de 1968. Accusés d’incitation à des émeutes, Tom Hayden, Abbie Hoffman et Jerry Rubin figuraient parmi ceux qui ont été jugés aux côtés de Bobby Seale, membre des Black Panther.
C’est d’autre part un film très personnel qu’Aaron Sorkin a réalisé, le cinéaste, très engagé sur les droits sociaux déclarant au magazine Variety qu’il y a 14 ans : « Steven Spielberg m’a dit : ‘Je veux que vous écriviez un film sur le Chicago 7 et que vous le sortiez avant les élections ”. Il parlait des élections de 2008. J’ai l’impression que l’attente de 14 années en valait la peine. » et de conclure par : « Je pense certainement qu’il n’y a jamais eu de moment plus pertinent pour sortir le film. »
Aaron Sorkin s’est donc emparé des 21 000 pages de compte-rendu du procès avec tout le talent qu’on lui connait, et a réalisé un film magistral, puissant, révolté et qui résonne malheureusement un peu trop avec notre actualité.
Les sept de Chicago est le meilleur film du moment, et prouve que le cinéma, c’est pas mal maintenant aussi.
Sortie : depuis le 16 octobre 2020 sur Netflix – Durée : 2h 09 – Réal. : Aaron Sorkin – Avec : Yahya Abdul-Mateen, Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon Levitt… – Genre : drame – Nationalité : Américaine – Britannique – Indienne
Un casting luxueux Avec un casting luxueux composé entre autres de Yahya Abdul-Mateen, Joseph Gordon Levitt, Michael Keaton, Eddie Redmayne, ou encore Sacha Baron Cohen, qui prouve ici une fois de plus qu’en dehors de ses talents subversifs, il peut être un grand acteur, Sorkin arrive à nous entraîner dans une sorte de tourbillon cinématographique […]