Les derniers jours dans le désert
Les derniers jours dans le désert (en salle le 17 août) apparaît sur nos écrans sept ans après sa réalisation. Pourtant, le film de Rodrigo Garcia (fils de l’écrivain et Prix Nobel Gabriel Garcia Marquez) ne manque pas d’atouts : des excellents comédiens Ewan McGregor et Tye Sherydan, des décors naturels impressionnants et une photographie d’une grande beauté plastique.
Par Grégory Marouzé
Il y a des mystères qui nous échappent. Si Les derniers jours dans le désert n’a pas la force des œuvres métaphysiques, philosophiques, panthéistes, spirituelles, de Werner Herzog, John Boorman, Terrence Malick et autres Stanley Kubrick, on se demande comment ce film a bien pu rester sept ans au placard, sans sortir en salles.
C’est d’autant plus regrettable quand on voit, chaque semaine, nos écrans inondés de films stupides et aliénants.
Comme un écho à Obi-Wan Kenobi
Si Les derniers jours dans le désert a enfin les honneurs d’une sortie cinéma, c’est sans doute grâce à la série Obi-Wan Kenobi, diffusée sur Disney+, dans laquelle Ewan McGregor retrouve le rôle-titre. Il est vrai que les premiers plans du film de Rodrigo Garcia évoquent furieusement l’univers de Star Wars, créé par George Lucas.
On y découvre McGregor dans le désert, en quasi alter-ego d’Obi-Wan Kenobi. On ne fera pas insulte à l’intelligence de Rodrigo Garcia, en imaginant que la similitude puisse être fortuite. Le réalisateur de Ce que que je sais d’elle…d’un simple regard (2000), la série En Analyse (2008), et Albert Nobbs (2011) s’en amuse manifestement, adressant un clin d’œil complice au spectateur.
Mais le réalisateur va plus loin, en faisant incarner à McGregor deux rôles forts, tout autant antinomiques que complémentaires : Jésus et le diable. L’acteur écossais, loin d’être écrasé par le défi à relever, s’en sort haut la main, faisant preuve d’une belle intensité dramatique. Sur sa route, il croise une famille en crise, puis un jeune homme, interprété par Tye Sheridan, vu dans The Tree of Life (2011), Mud : sur les rives du Mississippi (2012) et Joe (2013).
Contemplatif
Si l’on aurait souhaité davantage d’enjeux dans le récit (le scénario tenait sur 62 pages), une réflexion sur le bien et le mal davantage nourri que dans un livre de Paulo Coelho, Les derniers jours dans le désert offre suffisamment de qualités pour intéresser: la belle photographie métallique d’Emmanuel Lubezki (chef-opérateur de The Tree of Life et Gravity) s’accorde avec les roches du désert; la mise en scène classique, posée, et le rythme volontairement contemplatif, surprennent à l’heure où le cinéma américain s’abîme trop souvent dans la frénésie.
Le long-métrage de Garcia semble faire écho au Gerry (2002) de Gus Van Sant, ou certains classiques, toutes proportions gardées, de Michelangelo Antonioni. Voilà un film qui devrait plaire aux amateurs de cinématographies sortant des sentiers balisés.
Sortie : Le 17 août 2022 – Durée : 1h39 – Réal. : Rodrigo Garcia – Avec : Ewan McGregor, Tye Sheridan, Ciaran Hinds,… Genre : Drame – Nationalité : Américaine
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