La Promesse de l’Aube
Par Colonel Dawa
Est-ce par paresse d’un scénario déjà tout prêt mais le cinéma aime mettre en images les histoires déjà racontées par écrit, l’industrie du cinéma aime adapter la littérature à l’écran, mais le cinéma n’a pas toujours raison de le faire. Parfois ça fonctionne et parfois… ça coince.
La Promesse de l’Aube de Romain Gary est un livre passionnant, poignant et culte alors la « promesse » d’une mise en images semble belle.
L’histoire raconte l’enfance, l’adolescence puis l’entrée dans le monde adulte du jeune Romain Gary. De Vilnius en Lithuanie à la côte niçoise, la mère de Romain, qui l’élève seule, le voit et l’idéalise en ambassadeur et écrivain. Elle donnera toute sa vie pour que son fils atteigne ces/ses objectifs, lui mettant ainsi une pression hors du commun à cet enfant qui deviendra effectivement l’écrivain à succès que l’on connaît. Mais à quel prix psychologique et affectif ?!
Déjà adapté en 1970 par Jules Dassin avec Mélina Mercouri et Assi Dayan dans les rôles principaux, c’est donc une version flambant neuve et luxueuse – 24 millions d’euros -, que nous propose Eric Barbier, déjà réalisateur des honnêtes Le Dernier Diamant en 2014 et Le Serpent en 2006.
Autant l’annoncer d’emblée, la « promesse » était trop belle – ok c’est facile -, mais à la fin des 2h10, lorsque le générique nous annonce que Romain Gary s’est suicidé а 66 ans, on a l’impression que c’est le film qui a duré… 66 ans.
D’abord Charlotte Gainsbourg : le couac total de ce film.
A croire que depuis la révélation totalement surestimée de Marion Cotillard dans La Môme d’Olivier Dahan, les actrices françaises se sentent obligées de « surjouer » pour paraître crédibles. Tout est trop chez la Gainsbourg dans ce film, l’accent exagéré, la gestuelle exagérée, l’hystérie exagérée, rien n’est fin, subtil, rien n’est tout simplement « joué », tout est au feutre gras avec un épais surlignage de Stabilo jaune fluo. Elle a du croire que pour 24 millions d’euros, fallait rajouter de la chantilly, là où il y avait déjà de la crème anglaise sur le fondant au chocolat, un trop plein légèrement écœurant.
Ce feutre gras surligné qu’on retrouve également dans la mise en scène à trop de reprises. On se moque régulièrement des ricains, et à juste titre, qui dès qu’une scène se passe en France, nous collent la Tour Eiffel pour que le message soit clair. Ok, donc là, quand on arrive en Afrique, Barbier nous balance des éléphants, quand Romain Gary va au cachot, Barbier nous fait un gros plan sur la pancarte « cachot » et ainsi de suite, pour que les abrutis de spectateurs que nous sommes, comprennent bien ce qu’il se passe !
Mais heureusement Pierre Niney est là et il sauve le film. Pierre Niney est encore jeune, très jeune et j’avoue que je suis assez pressé qu’il vieillisse, qu’il prenne de l’épaisseur et qu’enfin, puisse laisser éclore l’acteur « diamant brut » qu’il est vraiment. Seule la maturité lui permettra ça. Son jeu est l’inverse de celui de Charlotte Gainsbourg, l’émotion est là, la justesse est là et toute la dramaturgie du parcours insensé de Romain Gary est là. Il survole le film et les gesticulations de Gainsbourg sont, en opposition, encore plus inssuportables. C’est d’ailleurs sa voix, qui en off, nous raconte cette histoire, et il fait preuve d’un certain talent de conteur. Reste que sa jeunesse « d’acteur » fait que parfois, on a l’impression que le costume est un peu trop grand pour lui.
Eric Barbier, quant à lui, quand il ne grossit pas le trait, nous propose de belles idées de mise en scène et de cadrages. Les scènes de guerre sont assez bien filmées et semblent crédibles, ce qui est assez rare dans un film français, même si on est à des années lumières d’un Dunkerque. Mais ça ne suffit pas à faire de ces 2h10, la fresque romanesque que cette œuvre aurait pu être.
Alors à la fin, quand les lumières se rallument, on se sent comme après un téléfilm de luxe, un téléfilm à 24 millions, mais un téléfilm quand même.
Et 66 ans, c’est long, trop long !
Date de sortie : 20 décembre 2017 – Durée : 2h10 – Réal : Eric Barbier – Avec : Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon… – Genre : drame – Nationalité : française
D’abord Charlotte Gainsbourg : le couac total de ce film. A croire que depuis la révélation totalement surestimée de Marion Cotillard dans La Môme d’Olivier Dahan, les actrices françaises se sentent obligées de « surjouer » pour paraître crédibles. Tout est trop chez la Gainsbourg dans ce film, l’accent exagéré, la gestuelle exagérée, l’hystérie exagérée, rien n’est […]