Quand vient la nuit, Jin, jeune immigré sans papiers et chauffeur de VTC, prend le volant de sa voiture pour cumuler les heures et rembourser sa dette auprès de la mafia chinoise. Un soir, Naomi monte à bord… Frédéric Farrucci, dont c’est le premier long-métrage, signe là une virée nocturne envoûtante et violente, mais non dénuée de poésie.

Par Tramber

Vive le cinéma, et vive le cinéma français ! Oui, car si ce dernier n’est pas toujours avare de comédies ratées ou d’œuvres « prises de têtes » vaines, souvent, il se révèle comme un véritable vivier d’auteurs et de réalisateurs originaux, et La Nuit Venue le confirme.

Après quatre courts-métrages dont Entre les lignes sélectionné aux César 2020, et le très puissant Suis-je le gardien de mon frère en 2012, Frédéric Farrucci sort donc son premier long-métrage avec un budget ultra réduit, et accompagné au scénario par Nicolas Journet et Benjamin Charbit.

Le résultat est une réussite incontestable.

Ce film urbain, sombre, parfois violent, tourné dans l’urgence et empreint d’une poésie certaine, ne renie pas son influence « Scorsesienne », comme le confirme son réalisateur avouant clairement avoir été inspiré par Taxi Driver, et évoquant la vie urbaine nocturne de cette façon : « Il y a dans ces lumières une forme de crudité urbaine très poétique ».

Une œuvre hypnotique

L’histoire suit donc Jin, un jeune immigré sans papiers, chauffeur de VTC, et endetté auprès de la mafia chinoise depuis son arrivée en France cinq ans auparavant. Autant dire qu’il ne s’éclate pas tous les jours.

Ancien DJ et passionné de musique électronique, il est sur le point de solder sa dette en multipliant les heures de conduite. Un soir, au cœur la nuit, Naomi monte à bord de sa berline, elle va alors lui proposer d’être son chauffeur pour les soirs qui suivent, une histoire va naître.

La Nuit Venue est une œuvre hypnotique, qui prend son temps tout en étant ponctuée par des coups d’accélérateur, Farrucci pouvant également revendiquer l’influence de Drive de Nicolas Winding Refn, le tout porté par la musique de l’artiste Rone, ce dernier avouant avoir eu un « coup de cœur pour le scénario », et dont l’impeccable partition fait office d’actrice à part entière du film.

Casting sauvage

La Nuit Venue, c’est aussi ses acteurs, à commencer par Guang Huo dont c’est le tout premier film, et issu d’un casting quasi sauvage sur entre autres, la plateforme WeChat. Le cinéaste se souvient de sa rencontre : « Quand il s’est présenté, il s’est passé quelque chose de fort. Il avait déjà le physique du personnage, son côté ténébreux. Et d’emblée, la caméra semblait l’aimer. ». Et passée l’agréable surprise d’un Guang Huo plus que prometteur, arrive Camélia Jordana, qui compte déjà une bonne dizaine de longs-métrages au compteur, dont le très réussi Le Brio d’Yvan Attal. Mystérieuse et remplie de secrets, elle irradie le film d’une prestation toute en retenue que la chanteuse et comédienne gère à la perfection pour cette fable poétique dans laquelle ombre et lumière se mêlent jusqu’à se confondre.

L’amour va-t-il triompher ?

Et si La Nuit Venue n’est pas totalement une missive politique, le film zoome clairement sur la situation des immigrés en France, tout en évitant la caricature habituelle du communautarisme religieux. Cette plongée dans la mafia chinoise et asiatique par extrapolation, abusant sans aucun complexe de l’uberisation galopante de la société hexagonale, ne laisse évidemment pas le spectateur indifférent, sans jamais prendre position, mais avec une ambition certaine de témoignage.

Alors à la fin, l’amour va-t-il triompher de toute cette souffrance ?

Une seule réponse à cette question, courez en salles.

Sortie : 15 juillet 2020 – Durée : 1h35 – Réal. : Frédéric Farrucci – Avec : Guang Huo, Camélia Jordana, Xun Liang… – Genre : drame – Nationalité : Française

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