Jours sauvages
Jours sauvages (sortie le 19 avril), de David Lanzmann, est un film fragile. Mais fragile ne signifie pas dénué d’intérêt. Produit de façon totalement indépendante, ce film noir semble s’inventer au fur et à mesure qu’on le regarde. Interprété par Alain-Fabien Delon et Lola Aubrière, Jours sauvages nous embarque au cœur de la nuit, sur fond de musique electro-funk.
Par Grégory Marouzé
Au moment où certains films d’une grande médiocrité bénéficient de budgets pharaoniques, d’autres, aux histoires adultes non formatées, semblent ne jamais devoir naître. C’est sans doute le destin qui attendait le projet de David Lanzmann (co-écrit par le comédien Mikael Fitoussi). Jugez plutôt : Jours sauvages, série noire romantique à contrario des modes, nous invite à une errance nocturne (belle photographie de Pascal Lagriffoul), où se croisent jeune dealer de coke, étudiante prostituée à ses heures, traders largués, à des années-lumières de ceux, conquérants, du Wall Street d’Oliver Stone.
Un producteur qui s’engage
Ainsi, Jours sauvages était sans doute condamné à rester à l’état de projet abandonné au fond d’un tiroir. C’était sans compter la volonté du producteur Julien Madon (L’Affaire SK1, La Fille du patron, Sauver ou périr, Goliath) de transformer le matériau qu’est le scénario, en œuvre cinématographique. Chose rare pour être soulignée, Madon a financé Jours sauvages sur ses deniers personnels.
Polar musical
Porté par la musique de Côme Aguiar (ex-bassiste de Silmarils et directeur musical d’Oxmo Puccino), sous-influence des Daft Punk, avec des musiques additionnelles du groupe Phat Project et de Fred Sachs, Jours sauvages semble évoluer au rythme d’une pulsation cardiaque. Une impression renforcée par le montage de Constance Vargioni.
Il est vrai que David Lanzmann s’y connaît en musique (Prince, après avoir collaboré avec le réalisateur sur son premier long-métrage, Doo Wop2004 , lui a confié la captation de ses deux concerts au Grand Palais en 2009). Cela se ressent tout le long du métrage.
Par ailleurs, s’il souffre de fragilités, vraisemblablement dûes à la modestie du budget, le film parvient à faire exister des personnages borderlines, souvent réduits à des caricatures dans les films et séries policières. L’interprétation d’Alain-Fabien Delon, de Lola Aubrière, Mikael Fitoussi, Redouanne Harjane, de la trop rare Caroline Ducey, y est pour beaucoup.
Hommage aux marginaux de la nuit, Jours sauvages est un film libre, se fichant bien des figures imposées ou autres conventions à adopter pour plaire aux décideurs et diffuseurs. Cela en fait le prix, et lui confère sa belle singularité.
Sortie : Le 19 avril 2023 Durée : 1h200 Réal. : David Lanzmann Avec : Alain-Fabien Delon, Lola Aubrière, Mikael Fitoussi… Genre : Drame Nationalité : Française Visuels : A Single Man
Un producteur qui s’engage Ainsi, Jours sauvages était sans doute condamné à rester à l’état de projet abandonné au fond d’un tiroir. C’était sans compter la volonté du producteur Julien Madon (L’Affaire SK1, La Fille du patron, Sauver ou périr, Goliath) de transformer le matériau qu’est le scénario, en œuvre cinématographique. Chose rare pour être […]