Her Smell
Par Pierre Blast
Déchirée h24, une rockeuse dégringole lentement pour finir solitaire. Un conte bavard sur fond de rédemption grunge.
Sacralisée en égérie féministe depuis le succès de Handmaid’s Tale, Elisabeth Moss, dans le registre « je-peux-tout-jouer », semble avoir forci de l’ego comme jamais. Her Smell en est la parfaite illustration.
Tourner dans le style caméra sur l’épaule (Saint Lelouch, priez pour eux !), imposant des gros plans sur ses comédiennes grunge-cradingues par, imaginons, souci de vérisme (Où est passé, dans le registre, la classe d’un Cassavetes ?), Alex Ross Perry (Listen up Philip, Queen of Earth… de la pure cantine Sundance Tv) nous refait le coup d’un The Rose (1979).
Mais n’est pas Mark Rydell qui veut et en résulte les palabres d’un groupe de filles en chute libre dont la force des premières minutes, passé l’effet de surprise, s’étiole à vitesse grand V.
Tu la sens ma rédemption ?
Il faudrait donc, époque oblige, se pâmer devant l’exercice lourdement « girly ». Moss, enlaidie à souhait, beuglante comme un Joe Coker sous excès de Guiness, veut nous faire partager sa performance d’actrice qui n’en est pas une (de performance). Her Smell sent le maniérisme à plein nez qui devrait se faire marrer ad patres de magistrales bêtes de scène comme Janis Joplin ou Amy Winehouse.
Perry a dû compulser à mort son Histoire du rock pour les nuls afin de pondre un scénario bon à tenir sur une étiquette de bouteille de bourbon. En gros : 1/ Becky la rockeuse devient ingérable. 2/ Becky se ridiculise comme jamais face à son public. 3/ Becky arrête les abus et comprend qu’elle s’est sacrément éparpillée. Pour le reste, une suite de dialogues le plus souvent hurlés sur, au choix, la difficulté de pérenniser son art, la gloire qui s’estompe, les dettes du producteur (alias Eric Stoltz, content de te revoir, rouquin) qui s’amoncellent… Sans oublier l’impuissance notoire d’un ex-mari, bellâtre en blue-jeans, cible de toutes les invectives : Vade retro mâle infrât ! Si on vibre parfois – le retour final sur scène de l’ange déchu à la demande du girls band qui l’admire -, c’est vraiment trop peu pour un film qui s’étire complaisamment sur 2h14.
Le bal des casse-pieds
Sinon, il y a aussi Cara Delevingne qui joue, immuable, de ses sournois épais sourcils, Amber Heard sans ses avocats, et Virginia Madsen qui passe (et le souvenir du Hot Spot de Dennis Hopper soudain nous étreint).
Si Yves Robert, de son vivant, n’avait pas intitulé une de ses rares comédies ratées Le Bal des casse-pieds, celui-ci aurait pu servir au baptême de ce pensum aux relents de spliff et de roteuse. Sans rire.
Sortie : 17 juillet 2019 – Durée : 2h14 – Réal. : Alex Ross Perry – Avec : Elisabeth Moss, Cara Delevingne, Dan Stevens… – Genre : drame – Nationalité : américaine
Tu la sens ma rédemption ? Il faudrait donc, époque oblige, se pâmer devant l’exercice lourdement « girly ». Moss, enlaidie à souhait, beuglante comme un Joe Coker sous excès de Guiness, veut nous faire partager sa performance d’actrice qui n’en est pas une (de performance). Her Smell sent le maniérisme à plein nez qui devrait se faire […]