Dieu existe, son nom est Petrunya
Par Tramber
Dans un bled paumé de Macédoine, Petrunya, une jeune fille, participe sur un coup de tête à un concours qui consiste à rattraper une croix jetée dans l’eau par un prêtre. Elle va gagner, seul problème, cette épreuve est généralement chasse-gardée des hommes. Ces derniers vont lui déclarer la guerre.
Chaque année, pour l’Epiphanie, de nombreux concours de lancer de croix sont organisés un peu partout en Europe de l’est. En 2014, à Stip, petite ville de la République de Macédoine, une femme a attrapé la croix, ce qui a foutu un sacré bordel chez les hommes vaincus et… les autorités religieuses.
C’est suite à cette histoire rocambolesque que la réalisatrice Teona Strugar Mitevska a écrit le scénario de son premier film, un film féministe évidemment, mais qui évoque aussi la dureté de la vie, les relations familiales et le rouleau compresseur que peut devenir ce qu’on appelle « l’effet meute ».
Ne pas avoir peur du féminisme
Sur l’aspect féministe, la cinéaste est assez claire : « Toutes les sociétés patriarcales sont conçues pour conforter la domination masculine, le statut et l’espace social des femmes y sont déterminés par les hommes, donc chaque fois qu’un film traite de près ou de loin du soi-disant « deuxième sexe », il est nécessairement féministe. Tout film dont le personnage principal est une femme, ou qui traite son sujet sans se conformer aux rôles traditionnels est un film féministe. J’ai du mal à imaginer être une femme et ne pas être féministe. Le féminisme n’est pas une maladie, il ne faut pas en avoir peur. L’égalité, la justice et l’équité sont au coeur même de son idéologie. »
Et il est évident que Petrunya, jouée par l’étonnante Zorica Nusheva, dont c’est ici le premier rôle, est largement confrontée à une société patriarcale totalement décomplexée et qui assume complètement son sentiment de domination.
La famille
Mais c’est aussi l’histoire de chacune qui définit la capacité d’une femme à affronter ce problème, et Petrunya souffre également et principalement d’une relation chaotique avec sa mère, une mère complexée du manque de réussite de sa fille, de son physique qu’elle n’estime pas joli, et qu’elle critique vivement de ne pas rendre cette croix, en gros qu’elle ne se soumette pas à la loi des hommes.
Teona Strugar Mitevska aborde son sujet avec une admirable subtilité et intelligence en ne condamnant évidemment pas la gent masculine dans son ensemble.
Un début de changement ?
Dans son cadre de vie familial, vous l’avez compris, la méchante de l’histoire est la mère de Petrunya, et le gentil est… son père. Et dans sa longue garde à vue non légale, elle va également trouver un soutien avec un jeune policier, comme si la réalisatrice voulait ici amorcer un début de changement à travers une nouvelle génération, un embryon d’optimisme.
Il y a de l’amour, de l’humour, une religion forcément paradoxale, de l’optimisme, mais aussi de la violence, de l’injustice et… des smartphones même pour les plus pauvres. La cinéaste ne sombre dans aucun stéréotype, et signe là un premier film moderne qui aborde les thèmes universels de la vie avec brio.
Sortie : 1er mai 2019 – Durée : 1h40 – Réal. : Teona Strugar – Avec : Zorica Nusheva, Labina Mitevska, Simeon Mori Matevski… – Genre : drame – Nationalité : macédonienne, belge, française
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