Par Tramber

Jongsu est coursier, et lors d’une de ses pénibles courses, il croise une ancienne voisine de son enfance, Haemi, il en tombe amoureux. De retour d’un voyage au Kenya, Haemi revient avec Ben, ce dernier est plutôt aisé et difficile à cerner. Alors qu’un triangle amoureux s’instaure, Haemi se volatilise. Attention chef d’œuvre !

Burning est un film étrange, tout aussi poétique, énigmatique et ouvert que l’était Secret Sunshine, l’autre chef d’œuvre du réalisateur coréen Lee Chang-Dong.

Il y a des films qui se terminent avec des fins « ouvertes » tels qu’Inception de Christopher Nolan et bien d’autres, et il y a ceux dont l’histoire entière reste ouverte à l’interprétation du spectateur.

Mais bien évidemment, ce que chacun peut ressentir dans cette œuvre, et sans jeu de mots, c’est l’incandescence de la réalisation.

Le terme « Burning » peut très bien décrire ce que ressentent les personnages du film car il évoque la pyromanie et l’élimination des serres abandonnées comme exutoire d’une jeunesse coréenne qui semble plutôt moins bien lotie que la génération d’avant.

Amis d’enfance … ou pas

Dans Burning, le narrateur est un livreur hors du commun nommé Jongsu incarné par le lunaire Ah-in Yoo, qui rêve de devenir écrivain, bien que le plus qu’il parvienne à composer au cours du film est une pétition pour son père, jugé pour avoir agressé un policier. Lors de ses tournées, Jongsu est repéré par une jeune danseuse sexy nommé Haemi jouée par l’incroyable Jong-seo Jun, qui lui affirme qu’ils ont grandi ensemble, bien qu’il ne la reconnaisse pas.

Elle pourrait mentir, mais ce serait une solution de facilité, car s’il y a bien une chose récurrente dans l’œuvre de Chang-Dong, c’est que la vérité et le sens sont des impossibilités virtuelles, et ce film n’échappe pas à cette règle tant il est méticuleusement calibré dans son ambiguïté, encourageant certaines hypothèses que ni les personnages ni le public ne peuvent jamais vérifier. Ce qui oblige le spectateur à rester vigilant et utiliser son temps de cerveau disponible !

Beauté extérieure

Lorsque Haemi amène Jongsu chez dans son minuscule studio, elle prétend avoir subi une chirurgie plastique. Ouverte dès le départ, elle invite Jongsu à revenir chez elle, où elle décrit un incident au collège quand il s’est mis en quatre pour lui dire à quel point il la trouvait laide. Comme pour démontrer que le contraire est désormais vrai, elle le séduit en lui demandant de surveiller son chat pendant une mission de deux semaines en Afrique.

Ce fameux chat, qui n’existait pas dans Les granges brûlées de Haruji Murakami, le roman dont le film est l’adaptation – et peut même ne pas exister ici non plus d’ailleurs – mais c’est l’animal qui revient le plus souvent dans la fiction de Murakami. Les deux semaines où Haemi est absent, Jongsu ne voit pas une fois son animal de compagnie bien-aimé, bien que sa nourriture disparaisse et que les déchets se matérialisent entre les visites. Plus tard, le chat deviendra un détail important, et deviendra également le plus pur exemple de la raison pour laquelle, ceux d’entre vous qui attendent de la rationalité, seront frustrés.

Triangle amoureux

Après avoir couché avec Haemi, un rapport rendu particulier dans la mise en scène, par un rayon de soleil qu’il voit se refléter sur le mur de son placard, il devient immédiatement amoureux. Alors lorsqu’elle l’appelle pour lui demander s’il va la chercher à l’aéroport, il est en joie. Mais quand il la voit débarquer avec Ben, magistralement interprété par Steven Yeun, importé ici de Okja et de la série Walking Dead, il perd pied, et sert uniquement de bagagiste jusqu’au restaurant dans lequel Ben leur propose de dîner.

C’est alors que démarre un drôle de triangle amoureux avant que Haemi ne disparaisse. Une disparition qui laisse place à, à la fois une fascination de Jongsu pour Ben, une fascination suspecte et presque allergique, mais une fascination tout de même, et une véritable obsession de retrouver Haemi, mais a-t-elle vraiment existé ?

Burning est une œuvre étrange et fascinante, remplie de métaphores à la fois poétiques et morbides mais également drôle, sociale et littéraire.

Le film de la rentrée ? C’est fort possible.

Date de sortie : 29 août 2018 – Durée : 2h28 – Réal. : Lee Chang-DongAvec : Yoo Ah-In, Steven yeun, Jeong jong-Seo… Genre : drame – Nationalité : sud-coréenne

Et SEE tu partageais cet article ?

Le terme « Burning » peut très bien décrire ce que ressentent les personnages du film car il évoque la pyromanie et l’élimination des serres abandonnées comme exutoire d’une jeunesse coréenne qui semble plutôt moins bien lotie que la génération d’avant. Amis d’enfance … ou pas Dans Burning, le narrateur est un livreur hors du commun […]