Alors que l’Italie est ravagée par la peste, au 17e siècle, la jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Son arrivée va bousculer la vie du couvent. Religion, sexualité, provocation… on ne change pas Paul Verhoeven.

Par Thomas Leduc

Paul Verhoeven n’a jamais fait l’unanimité, ni pour, ni contre lui. A l’instar de Tarantino ou encore Kubrick, qu’il est de bon ton d’aduler aujourd’hui mais qui était loin de rallier la critique à lui en son temps, certains considèrent le réalisateur néerlandais comme un des plus grands de ces trente dernières années, d’autres crient à l’imposture, et il semble peu probable que Benedetta change la donne tant le long-métrage porte la marque de fabrique « Made in Verhoeven ».

« Je veux montrer que Jésus pissait et chiait comme tout le monde »

Paul Verhoeven, auteur en 2008 du livre Jésus de Nazareth, a longtemps eu l’intention de porter ce dernier sur grand écran, déclarant à l’époque : « Je veux montrer que Jésus pissait et chiait comme tout le monde », mais comme beaucoup de ses projets comme notamment Mistress of the Sea avec Geena Davis et Jodie Foster en femmes pirates et amoureuses, Crusade avec Schwarzy aux croisades, ou encore Thomas Crown 2 : Tokapi Affair plus envisagé comme un remake du film de Jules Dassin que comme une suite à celui de John McTiernan, Jésus The Man fut lui aussi abandonné.

La religion n’est donc pas une obsession naissante chez le réalisateur, et avec Benedetta, il rajoute la thématique à celle récurente de sa filmo : la sexualité.

Tourné il y a déjà trois ans dans la région de Montepulciano en Italie, Benedetta est l’adaptation du livre de Judith C. Brown Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne: Toscane, XVIIe siècle, publié en 1987, et qui suit la jeune Bendetta Carlini qui rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Alors que la nonne est capable de faire des miracles, son arrivée va bousculer la vie du couvent.

Dès le départ, on sait que le film ne va pas laisser indifférent le spectateur et que la vision de la vie au couvent, dirigé par l’abbesse Felicita, jouée par Charlotte Rampling, ne sera pas forcément respectueuse ni idéalisée.

« Votre plus grand ennemi, c’est votre corps »

Alors que la morale très personnelle de Felecita se traduit par cette phrase : « Votre plus grand ennemi, c’est votre corps », à laquelle elle rajoute : « L’intelligence peut être dangereuse », l’arrivée de sœur Benedetta, campée par une spectaculaire Virginie Efira va venir très sérieusement perturber les préceptes de l’abbesse. Cette situation va s’envenimer avec une autre arrivée, celle de Sœur Bartolomea, magnifique Daphne Patakia.

Disons-le clairement, Bendetta est un film réussi. A l’instar de Crash de David Cronenberg ou du Dernier Tango à Paris, la sexualité est bien la pièce maîtresse du long-métrage, et il y a bien longtemps que l’on sait que le néerlandais à un rapport totalement décomplexé avec cette dernière.

Bien évidemment, Verhoeven saupoudre tout ça d’immoralité, de politique ecclésiastique, de lutte des classes, de maladie avec cette foutue peste qui ravageât l’Italie du 17e siècle, mais c’est bien l’abondance de sexualité et de nudité qui enthousiasmera ou dérangera les spectateurs.

C’est donc une touche sulfureuse de plus à une filmographie controversée, que le réalisateur de Basic Instinct et La Chair dans le sang, vient d’ajouter, et comme d’habitude, certains crieront au génie et d’autres à l’imposture.

Mais si on dépassionne ce débat, on constatera que Benedetta n’est ni un chef-d’œuvre, ni un ratage complet, mais juste un film réussi.

Et le Seigneur nous le pardonnera.

Sortie : 9 juillet 2021 – Durée : 2h06 – Réal. : Paul Verhoeven – Avec : Virginie Efira, Charlotte Rampling, Hervé Pierre…  – Genre : Drame  – Nationalité : Française 

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La religion n’est donc pas une obsession naissante chez le réalisateur, et avec Benedetta, il rajoute la thématique à celle récurente de sa filmo : la sexualité. Tourné il y a déjà trois ans dans la région de Montepulciano en Italie, Benedetta est l’adaptation du livre de Judith C. Brown Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne: […]